mardi 18 novembre 2008

Je vois ma vie défiler

Suite...


En CE2, j’ai passé l’ensemble de ma scolarité avec une casquette vissée sur la tête, à l’envers, de laquelle je faisais ressortir ma mèche gélifiée et sculptée avec une méthode rôdée, dont je saurais reproduire le geste et la précision aujourd’hui, bien mieux qu’écrire le mot « cueillir ». C’est au cours de l’année de CE2 que j’ai eu ma première confrontation, perdue, avec ce mot. Il y en eut de nombreuses autres, innombrables même, jusqu’à Word et à sa correction automatique. J’ai toujours mis le « e » avant le « u ».
J’ai des photos de cette période « mèche-casquette ». L’époque de Pénélope, la copine de mon frère. Pénélope aussi avait une mèche gélifiée, c’était la mode ces années-là, 90-91.
Pénélope était la plus belle fille que j’avais jamais vue, brune, au sourire blanc parfait, gentille, et en plus, une fois au Touquet, j’avais vu ses totottes. Autant dire que j’étais conquit, moi qui me délectais du strip-tease du Bêbête-Show le dimanche soir, où l’on voyait à chaque fois des « totottes ». Prononcé aujourd’hui, ce mot est horrible. Mais à l’époque il évoquait l’une de mes visions préférées, ma vision préférée même, sans aucun doute.

C’est certainement aux alentours de ces semaines là que j’ai commencé à moins mettre mes lunettes, que je portais depuis l’âge de 18 mois, et qui étaient sensées me quitter rapidement d’après Monsieur Anselin, l’ophtalmologiste. Je les porte encore aujourd’hui, uniquement quand j’en ai un besoin précis, lire, écrire, voir précisément. Sinon je ne vois plus à 200 mètres, enfin si mais un beau Bleu de Klein si je regarde le ciel ou un Carré noir sur fond noir dans une idée Malevitchienne si je roule sur l’Autoroute de Valenciennes, magnifique A23, sur laquelle nous nous amusions avec Thomas à couper les phares de sa 205 en allant peindre.

Pendant tout ce temps d’enfance, quel était mon état psychologique ? Aucune idée.

Par contre je me souviens que j’avais la plus belle collection de billes. Les billes, comme les points sur les i. J’avais hérité de celles de mon frère, un sac Tann’s en jean bien lourd, même si les billes de plomb et de pierre de son époque étaient un peu tristounettes comparées au calots multicolores qui débordaient de ma trousse, victoire après victoire. Je me souviens notamment d’une famille bleu turquoise, superbe, et qui était un peu mon trésor, que je mettais rarement en jeu. Je ne me rappelle pas l’avoir perdue.

Sinon pas de foot, pas de bagarres, à part le petit frère de Thibault, que j’avais soulevé et dont j’avais appuyé la nuque sur la poignée du préfabriqué. Ca fait mal hein ça. Fallait pas me soûler. Je ne sais plus ce que t’avais fait mais tu m’avais bien mis les nerfs.

En CM1, on est parti au ski, à Valloire. Et Gatien s’est coincé la bite dans sa fermeture éclair. Alors ça ça nous a fait marrer pendant des heures, et si tu lis ça Gatien je suis sûr que tu vas bien rire. Enfin un souvenir qui ne me concerne pas directement, et où j’étais seulement spectateur.

En CM2, là j’ai commencé à grandir, à prendre conscience des choses qui m’entouraient. Le CM2 c’est surtout la classe durant laquelle j’ai découvert ce qui allait devenir ma passion pour les dix années à venir.

On avait des paniers de basket juste à côté de nos classes, nous les CM2. Et comme la cour de récré est un espace encore plus défini et plus bataillé que le Caucase, c’était chacun dans ses plates-bandes.
J’avais donc établi mes quartiers autour du panier de gauche, en sortant de la classe. Je ne sais pas pourquoi j’ai tenté un shoot la première fois, peut-être parce que le football, même si j’y jouais, ne m’excitait pas beaucoup. Trop brut, trop brouillon, et puis jouer avec les pieds, ça abîme les chaussures, même les Paraboots.

Mon prof de sport s’appelait Momo. J’espère qu’il s’appelle toujours d’ailleurs, ça fait un paquet d’années que je ne l’ai pas croisé. Contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom, Momo était noir. Et dans une école catholique privée, à cette époque, il n’y avait que des blancs. Même si à l’époque je n’avais pas la corruption mentale de me dire il était « noir ». Par différenciation à « blanc » ou « arabe ». Pour moi c’était Momo, point, et Momo il était cool. Comme il voyait que je commençais à ne plus lâcher le ballon, il me prêta une K7 vidéo. C’était la finale de la NBA. La NBA, « ènebillets », je ne savais pas ce que c’était, mais quand j’ai regardé, ma vie a changé.

Michael Jordan.

Même mon professeur, Mr Houset, avait eu le temps de voir le changement le dernier trimestre, celui des beaux jours, et en avait parlé à ma mère, voyant que je me désintéressais du travail. Pourtant je me souviens très bien avoir eu un 20/20 en géométrie en CM2. Ca ne m’est pas arrivé deux fois dans ma vie d’avoir une note parfaite en Maths, alors ce 20/20 il est gravé, il y avait des exercices à l’équerre, des calculs d’angles et d’autres exos assez faciles, je crois qu’on a tous eu une bonne note en fait.

Et les filles dans tout ça ? Géraldine, Julie, puis rien. Après ces deux là en fait, je n’ai que des épisodes violents qui flashent.

Sous le préau de St Joseph, en CE2 ou CM1, moi et Anaïs.

Anaïs était un peu moche, carrément même. Si tu lis ça Anaïs, le prends pas mal, si ça tombe t’es canon aujourd’hui. Mais à l’époque tes lunettes et ton regard de taupe, ton teint blanchâtre, ton style vestimentaire, c’était dur.
En écrivant ça j’imagine que t’es peut-être devenue aussi belle et bonne que Gisèle Bundchen. Avec tout ce qu’on voit dans les magazines people, leurs dossiers « Les Stars Avant/Après », on sait jamais. Bon même si t’es pas une star apparement, je vais taper ton nom dans Facebook tiens.
Je ne te trouve pas.

Bref. Anaïs. Je ne sais pas trop ce que tu m’as fait ce jour là, si tant est que tu m’ais fait quelque chose, mais je t’ai poussé, fort, très fort. Et au lieu de tomber par terre, simplement, il a fallu que tu t’éclates l’arrière de la tête dans le mur. Si je me rappelle t’as eu 7 points de suture. Rien que de la décrire cette poussette, ça me fait mal. Le bruit creux de ta tête qui cogne…Hum, j’aurais pas aimé être à ta place, pourtant j’en ai eu des gamelles, j’en ferais un chapitre, appelé « cicactrices et blessures de guerre »
En plus il y avait une espèce d’arête qui sortait du mur, un peu en angle droit. J’étais énervé qui sait. Je crois que Ludivine s’en souviendrait, elle était à tes côtés.
Je ne me rappelle pas avoir été puni ensuite. On s’est jamais reparlé je crois. On se parlait déjà pas tu me diras.

Anaïs donc. Puis Sophie. Sophie Pagard. Avec un « d » ou un « t » ? Je vérifie sur Facebook ? Un « t » ! Facebook…Et les gens se plaignent du fichier Edvige !

Attention souvenir raconté. Par Sophie Pagart justement, six-sept ans plus tard. Dix ans après même. Douze. Bref.
« Tu tapais les filles ». Au détour d’une conversation. « Tu nous filais des coups de pied alors qu’on était assises par terre » Assise par terre n’est pas un pléonasme. Elles auraient pu être par terre, pour je ne sais quelle raison, mais pas assise, et assise, mais pas par terre. Ca ma fait penser à ce jeu que j’ai vu l’autre soir en attendant ma séance de ciné. Des enfants jouaient à « Chat ». Mais pas perché ou glacé, nan « Chat affalé ». Le but étant de s’étaler sur la moquette dès que le chat approchait ses griffes. Bizarre. Jeu déconseillé à Belfort par le Ministère de la Santé.

Donc je ne me souvenais pas, mais ça avait l’air de l’avoir marqué la Sophie.

Si elles étaient assises sur le terrain de basket aussi…

En racontant ça je me rappelle d’un autre truc tiens. Qui me fait revenir à Géraldine. La fête de fin d’année approchant, il fallait répéter le spectacle. Et cette année là, les filles étaient en collants. On l’a découvert les répétitions en espionnant derrière le préfabriqué. On s’est vite fait griller, je ne sais plus avec qui j’étais, mais j’ai bien eu le temps de voir Géraldine, qui était toujours aussi belle depuis le CP.

Voilà pour mon CV d’école primaire. J’allais maintenant entrer au collège.. !

Le collège. Tu redeviens le plus petit d’un coup. Ca c’est nul. Et puis t’as pleins d’amis qui sont partis dans un autre collège. Nul aussi. Moi j’étais juste passé derrière le fameux mur, le mur du fond de la cour de récré de CP. Là où j’avais fait mon doigt d’honneur avec l’annulaire. Une bonne partie de mes copains étaient partis au Collège de Marcq, le vrai. Moi j’étais à l’Annexe. L’Annexe du Collège de Marcq.
L’Annexe du Collège de Marcq était donc une annexe.

Annexe :
-En droit féodal, domaine attaché à une seigneurie sans en dépendre.

Elle est bien cette définition là, rétrospectivement. Les gens du Collège de Marcq ont toujours eu ce côté seigneur, et nous cette indépendance. Les gens qui redoublaient au Collège de Marcq atterrissaient à l’Annexe.
Le Collège de Marcq est l’une des 5-6 écoles où se débattent les enfants des familles bourgeoises et nouveaux riches du Nord. L’Annexe c’était un peu plus cosmopolite. C’était l’école de la classe moyenne, et aussi d’une classe pauvre, il faut dire ce qui est. Qui devait se saigner aux quatre veines pour payer la scolarité, et pour offrir une chance à leurs enfants.

Je me souviens d’un Mickaël en 6ème. Sympa, pauvre. Il ne savait pas lire, ou très mal, alors il n’a pas pu passer en 5ème et je crois même qu’il n’a pas fini l’année. Je l’aimais bien moi Mickaël.

J’étais en 6ème 12, un chiffre dont je me souviens, ça sonnait bien, mieux que 6ème 11. La 6ème 12, ils avaient du le faire exprès, c’était la classe des cools, de ceux qui allaient devenir les stars du collège.
Et là, immédiatement, premier coup de foudre : Véronique. Véronique était un peu ma Pénélope, brune, le teint mat, un sourire blanc immaculé et un bandeau dans les cheveux. « Ouah ». Je suis vite tombé sous son emprise. Elle sera mon amoureuse officielle tout au long de l’année de 6ème, même s’il ne se passera rien d’autre que des mots de main en main, en main en main, en main, on était loin l’un de l’autre en classe.
Ah les mots ! Quelle belle époque ! Des SMS avant l’heure, écrit sur papier Clairefontaine au stylo plume à encre Waterman, bleue, verte, rouge, bleue turquoise, on avait le choix. Aujourd’hui je serais incapable de passer un mot sans lire ce qu’il y a dessus. Façon Stasi.

Les palpitations qui accompagnaient la découverte de ses mots…
Je me retournais après lecture, un coup d’œil malicieux, mais jamais je n’oserais aller la voir seul, et encore moins dans le but de l’embrasser.

Pourtant j’étais rôdé aux baisers, déjà. Caroline, et son nom de famille aussi doux que ses joues, mon amoureuse officielle de petite enfance, mais surtout Angélique en maternelle, m’avaient initié à ce plaisir. Je me vois embrasser Angélique, sans bouger, ni le corps ni les lèvres, pendant de longues secondes, et repousser courageusement les assauts des perturbateurs dans la cour de l’école Jean Zay, en faisant quelques fausses prises de kung-fu que j’avais du apprendre en regardant Bioman.

Mais Véronique, rien. Pas une tentative. Regrets éternels.
Il y avait aussi l’autre Véronique, moins belle, mais si gentille, à qui l’on fera vivre les pires moments de sa vie d’ado, Julie, et d’autres dont les noms m’échappent.
Mes bulletins et mon parcours cette année là, mes notes, mes professeurs, sont inaccessibles.
Seule la balle au mur est bien fixée, elle, et du coup m’apparaît le visage de mon meilleur pote de cette année là et des suivantes : Nicolas. La balle au mur, c’est, pour ceux qui n’auraient pas compris ou jamais joué à ce jeu génial, le tennis quoi. Ca aurait pu être la balle de 9mm tirée par le boss de la cour, logée dans le mur, qui avait effleuré mon pote et qui aurait du coup était une histoire trop gangsta mais non, j’étais à Marcq-en-Baroeuln en France, pas dans le South Bronx, et c’était juste le jeu de la récré.
Imagine : « tu vois la balle au mur là ? », « Ouais c’est celle de Smoky », « Ouais c’est celle de Smoky, alors demain ramène des pains au chocolat pour Smoky », « Ok François », « et m’appelle pas François moi c’est Destruct », « Ok Destruct ».

J’en ai fait des trucs avec Nico, des conneries, du basket, et je crois qu’il a redoublé sa cinquième. Je ne sais plus s’il est resté à l’Annexe, mais je sais qu’il n’a pas continué longtemps les études. Je continuais à le voir au club de basket, étant donné qu’on était dans la même équipe. Il avait un shoot fort peu conventionnel Nico, mais c’était un bon joueur.

Parce qu’à la rentrée de 6ème, je m’étais inscrit au club de l’ASJM, où officiait Momo. Et Dominique. Dominique c’était un dur. Le genre de mec que t’aimes pas trop quand t’es petit. Le mec qui fait peur, qui a une moustache, et qui t’engueule tout le temps.
Alors quand il m’a vu arriver avec mes Converse, il n’a pas été content. « Faudra t’acheter des vrais baskets ». Ok.
Aujourd’hui j’lui sortirais ma science, j’lui parlerais de Bob Cousy et de l’histoire de la Converse All Stars, de la NBA des années 50 et j’finirais pas un swich à trois points, mais bon on était en 1991, je ne savais pas encore tout ça. Puis cette moustache…elle faisait flipper mine de rien.

J’ai donc du aller en compagnie maternelle acheter des baskets plus adaptées, des GamStar sûrement, avec des scratchs, je kiffais les scratchs, pourtant je savais faire mes lacets, j’étais allé chez l’orthophoniste et on apprenait ça entre autres là-bas, je me vois encore dans l’escalier en repartant : « mettez tous vos lacets et vos chaussures » J’en ai eu un paquet à l’époque des Gam’Star, je les achetais à côté de la salle d’entraînement, dans un magasin qui existe toujours, incroyable d’ailleurs.

Ca me fait penser que l’orthophoniste j’y retournerai plus tard, rue Nationale à Lille, pour soigner des polypes, des inflammations ou je ne sais quoi des cordes vocales, pourtant j’étais pas bavard, à l’époque. Bizarre.
Tout savoir, vous allez tout savoir.

La 6ème passe, et la 5ème aussi. A une vitesse folle. Zéro indices sur ce qu’il s’est passé cette année là. Mais je crois que Monsieur De Cubber a voulu me la faire redoubler. Désolé si j’écorche votre nom Monsieur.
Monsieur De Cubber, Decubber, je ne sais plus, était le directeur. J’entretiendrais avec lui une relation intense. Lol, comme on dit en 2008. Sûr et certain qu’il se souvient de moi, il n’a pas du avoir 36 élèves aussi « attachants » dans sa carrière.

Car après la 5ème ce dont je me souviens, c’est que j’ai commencé à « foutre le bordel ». Il faut dire que l’effectif que j’avais à mes côtés en 4ème était garni de soldats de choix. Romain, qui était à mes côtés depuis le CP, et dont je n’avais pas encore évoqué le nom, et une bande de joyeux drilles dont les identités me fuient. Peut-être qu’il y avait Vincent, Anatole, et d’autres. Martin aussi.

Même si je n’avais déjà plus que le basket en tête depuis quelques temps, je trouvais toujours l’occasion de me faire remarquer.
Tant de souvenirs remontent d’un coup.
La tête de Thibault, une espèce de génie qui avait 20 de moyenne générale, et même des 21, chose qui me marquera longtemps, et dont les parents avaient l’âge de ma mère plus celui de ma grand-mère je crois. Donc tête, petite tête, frêle tête, qui claque sur bureau. Ou alors bureau qui claque sur tête de Thibault ? On avait des bureaux à casier intégré, avec la planche qui se levait. Une bonne arme ça. Et un bon moyen de tricher discretos en la soulevant pour lire dans le livre ouvert à la bonne page pendant l’interro.
Cette fois Thibault me parlait un peu trop, me taquinait, et commençait à atteindre les limites, il me touchait la cuisse aussi je crois c’est surtout ça qui m’a rendu nerveux. Mais je n’étais déjà « pas un pd ». Alors je me suis énervé et bim. Il n’a plus trop parlé, et j’ai certainement pris un billet rose, ou vert. Sinon Thibault je l’aimais bien, j’étais même allé chez lui, derrière le friteux à St Maur. Wesh le friteux, bien ?

Les billets rose étaient destinés à sanctionner une mauvaise note, et étaient si ma mémoire visuelle est bonne, remplis de quelques exercices à rendre. De la limonade. Claire, la fille du magasin de cycles où mon frère faisait réparer sa mob, en avait un paquet, le record je crois. Elle est partie aussi en cours de route. Pas partie. Partie. Ca aurait fait gangsta aussi sinon, damn. Partie d’une boulette de papier mâchée collée en pleine tempe.

Ah ouais les sarbacanes en effaceur, ça c’était du grand art.
Un effaceur coupé des deux côtés, une tête de Bic cassée juste avant le corps, un pinceau au manche assez fin et pointu, et après chacun sa recette pour les boulettes, bien humide pour moi, pour donner de la vitesse. Ca ca claquait fort. Sur le tableau ou dans une nuque, i’a eu des batailles mémorables.

Les billets verts eux, c’était pour les gangsta justement.
Les gangsters comme moi. Les fauteurs de trouble. Sanctionné d’une retenue le mercredi. 2h, 4h, cumulables. J’allais vite prendre un abonnement à ce rendez-vous. J’étais en régime de semi-liberté quand j’y pense en fait, avec toutes ces colles.

La 4ème se déroule, pleine de faits marquants mais disparus, et laisse place à une année exceptionnelle, type St Emilion 1985 : la 3ème.

La 3ème, là t’es le chef suprême, tu règnes, et tu as tracé tes plans depuis 3 ans. Tu diriges la cour, tel un maître d’orchestre, et tu imposes les flux migratoires et les zones d’achalandises de manière charismatique. Silencieuse. Regards et gestes secs.

Je siégeais depuis le panier de droite, celui qui avait un poteau, pas celui qui était accroché au mur près du préau. Non, le côté prestigieux, devant les classes, dans le coin le plus paisible de la cour.
Je n’étais pas une terreur, loin de là.
Le terrain de basket.
Dès la sixième j’avais gagné ma place sur le terrain, car les grands, Thomas, et cette grande saucisse dont je ne me rappelle plus le nom, un grand blond, aux cheveux ondulés, vraiment grand pour son âge, genre 1m90-2m peut-être, mais pas très à l’aise avec son corps, savaient que le p’tit « he got game ». Ils l’avaient vite compris, et j’avais une sorte de laisser-passer, un passeport sportif.
Et lorsque mon accession au trône arriva, j’étais fin prêt. Les rois étaient morts, vive le roi.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est vraiment bizarre de revivre tout ça... Anais c'est le rebord de la fenêtre qui menait en salle de techno qui l'a decalquée... et je crois en effet qu'elle s'est bien arrangé.Ptin on dirait "Les aventures du ptit Aurelien"...alias le mégacephale, :) A croire que t'étais un prof stagiaire... Moi c'est l'agglutinement les matins d'hiver, sous le porche, qui m'a le plus marqué.C'etait lugubre. "T'as regardé Mystères hier?"...Et Jimmy R.? Faut un paragraphe sur Jimmy!