08:46 extinction de l'éclairage public.
Réveillé en pleine nuit dans une piscine, j'ai du apposer une serviette en guise d'éponge sur une bonne moitié de mon lit et trouver des nouveaux draps et une nouvelle couette pour finir ma nuit. Plus un changement de "pyjama"(t-shirt, caleçon)
08 h et des miettes, 5 Pépito, 1 Bn, 1 verre de jus de raisin, mes médicaments, et je tente de dormir. C'est parti.
mercredi 31 décembre 2008
mardi 30 décembre 2008
Break-a-dawn
Le proverbe "La nuit tous les chats sont gris" est faux.
Le chat que j'ai vu il y a dix minutes était blanc/noir/roux. Même broyé par les roues d'une voiture qui roulent à 80km/h ça donne pas du gris.
Qu'est-ce qu'il fout dehors à c't'heure-ci ce chat.
Il est 06:21, plus tôt dans la nuit je me suis réveillé dans une flaque. Littéralement. Pas de pisse non, d'eau, de sueur. Incroyable. Je n'arrive pas à enchaîner plus de 30 minutes de sommeil.
http://www.youtube.com/watch?v=oS4r5TSTJ30
http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=8446183572529477194
Le chat que j'ai vu il y a dix minutes était blanc/noir/roux. Même broyé par les roues d'une voiture qui roulent à 80km/h ça donne pas du gris.
Qu'est-ce qu'il fout dehors à c't'heure-ci ce chat.
Il est 06:21, plus tôt dans la nuit je me suis réveillé dans une flaque. Littéralement. Pas de pisse non, d'eau, de sueur. Incroyable. Je n'arrive pas à enchaîner plus de 30 minutes de sommeil.
http://www.youtube.com/watch?v=oS4r5TSTJ30
http://www.blogger.com/post-create.g?blogID=8446183572529477194
lundi 29 décembre 2008
This is why 'im hot
Je sue façon andropose, je me gratte au sang, je ne peux pas avaler ma salive, je m'étouffe, une seule narine fonctionne.
Plus belle la vie quoi.
Plus belle la vie quoi.
samedi 27 décembre 2008
Quand ça veut pas...
Un homme de 65 ans a tenté en vain, le soir de Noël, de mettre fin à ses jours en employant plusieurs méthodes qui se sont toutes avérées infructueuses, le laissant légèrement blessé finalement, selon les pompiers du Maine-et-Loire.
Cet homme, résidant à Martigné-Briand (Maine-et-Loire), était séparé de son épouse depuis quelques semaines et n’aurait pas supporté de se retrouver seul pour le réveillon du 24 décembre.
Selon les pompiers, il a d’abord essayé de se pendre, mais la corde s’est rompue. Ensuite, il s’est emparé d’un couteau pour se trancher la gorge mais n’y est pas parvenu non plus.
Devant l’échec de ces deux tentatives, il a alors ouvert quatre bouteilles de gaz dans la maison, avant de répandre du carburant au rez-de-chaussée, puis d’y mettre le feu.
Une trentaine de pompiers ont du intervenir pour maîtriser l’incendie qui a détruit une partie de l’habitation et menaçait de se propager aux maisons voisines.
Légèrement blessé, l’homme se trouvait toujours vendredi soir en observation au CHU d’Angers.
Cet homme, résidant à Martigné-Briand (Maine-et-Loire), était séparé de son épouse depuis quelques semaines et n’aurait pas supporté de se retrouver seul pour le réveillon du 24 décembre.
Selon les pompiers, il a d’abord essayé de se pendre, mais la corde s’est rompue. Ensuite, il s’est emparé d’un couteau pour se trancher la gorge mais n’y est pas parvenu non plus.
Devant l’échec de ces deux tentatives, il a alors ouvert quatre bouteilles de gaz dans la maison, avant de répandre du carburant au rez-de-chaussée, puis d’y mettre le feu.
Une trentaine de pompiers ont du intervenir pour maîtriser l’incendie qui a détruit une partie de l’habitation et menaçait de se propager aux maisons voisines.
Légèrement blessé, l’homme se trouvait toujours vendredi soir en observation au CHU d’Angers.
"Effets Indésirables Eventuels"
-Envie de vomir(nausées), maux de tête, sécheresse de la bouche et somnolence: fréquent
-Fatigue, trouble du sommeil, anxiété, sensation d'agitation ou rêves anormaux: CONSTANT
-Sensations vertigineuses, tremblements ou engourdissements, comprenant des engourdissement ou des picotements sur la peau: très fréquent
-Diarrhée, constipation, vomissements, brûlures d'estomac, flatulence, douleurs à l'estomac: jamais
-Bourdonnements d'oreille: ah c'est ce traitement de merde qui me fait ça(je découvre en même temps que j'écris) très fréquent
-Vision trouble: SAAAALE, je ne vois plus rien bande de fous de prescripteurs
-Perception des battements du coeur dans la poitrine(palpitations): fréquent, très fréquent
-Problèmes d'érection, troubles de l'orgasme, baisse du désir sexuel: le 2ème, CONSTANT
-Eruptions cutanées(avec démangeaisons): démangeaisons saaaale mais pas d'éruptions, encore heureux
-Douleurs musuclaires, contractions musculaires ou spasmes musculaires: forcément je suis musclé
-Tendance au bâillement: ah c'est pas les gens celui-là?
-Manque d'appétit, perte de poids: constant
Plus en bonus, pouvant affecter de 1 à 10 utilisateurs sur 1000 patients traités, j'en fais partie, youpi:
-Mauvaise qualité du sommeil: ...
-Problèmes sexuels, INCLUANT DES MODIFICATIONS DE L'EJACULATION(vous auriez pu mettre "disparition de l'éjaculation"), de l'orgasme
-[...]sensation de froid au niveau des doigts et/ou des orteils, moi c'est ou, j'ai les pieds gelés tout le temps
-Besoin d'uriner plus que d'habitude, BESOIN D'URINER LA NUIT, ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii j'ai besoin d'uriner la nuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit
Et j'en passe quelques uns.
Pour tous ceux et toutes elles qui voudraient connaître l'un ou plusieurs de ces effets, contactez un psychiatre, et croisez les doigts pour qu'il vous prescrive "CYMBALTA 60MG" l'anti-dépresseur que je suis si content de prendre depuis deux mois.
-Fatigue, trouble du sommeil, anxiété, sensation d'agitation ou rêves anormaux: CONSTANT
-Sensations vertigineuses, tremblements ou engourdissements, comprenant des engourdissement ou des picotements sur la peau: très fréquent
-Diarrhée, constipation, vomissements, brûlures d'estomac, flatulence, douleurs à l'estomac: jamais
-Bourdonnements d'oreille: ah c'est ce traitement de merde qui me fait ça(je découvre en même temps que j'écris) très fréquent
-Vision trouble: SAAAALE, je ne vois plus rien bande de fous de prescripteurs
-Perception des battements du coeur dans la poitrine(palpitations): fréquent, très fréquent
-Problèmes d'érection, troubles de l'orgasme, baisse du désir sexuel: le 2ème, CONSTANT
-Eruptions cutanées(avec démangeaisons): démangeaisons saaaale mais pas d'éruptions, encore heureux
-Douleurs musuclaires, contractions musculaires ou spasmes musculaires: forcément je suis musclé
-Tendance au bâillement: ah c'est pas les gens celui-là?
-Manque d'appétit, perte de poids: constant
Plus en bonus, pouvant affecter de 1 à 10 utilisateurs sur 1000 patients traités, j'en fais partie, youpi:
-Mauvaise qualité du sommeil: ...
-Problèmes sexuels, INCLUANT DES MODIFICATIONS DE L'EJACULATION(vous auriez pu mettre "disparition de l'éjaculation"), de l'orgasme
-[...]sensation de froid au niveau des doigts et/ou des orteils, moi c'est ou, j'ai les pieds gelés tout le temps
-Besoin d'uriner plus que d'habitude, BESOIN D'URINER LA NUIT, ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii j'ai besoin d'uriner la nuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit
Et j'en passe quelques uns.
Pour tous ceux et toutes elles qui voudraient connaître l'un ou plusieurs de ces effets, contactez un psychiatre, et croisez les doigts pour qu'il vous prescrive "CYMBALTA 60MG" l'anti-dépresseur que je suis si content de prendre depuis deux mois.
jeudi 25 décembre 2008
Les Petit Ecoliers de Noël
Grosse panique hier soir: plus de gâteaux.
Rien de chocolaté. Rien de sucré.
Pas un rond. Pas un magasin ouvert où péta.
Dans ces cas-là un dernier recours: la pochette à piécettes.
Le seul objet qui reste du passage de J.D. dans mon appartement, avec les plaques chauffantes.
Une petite pochette Lady Soul noire, dans laquelle je mets depuis je ne sais plus quand mes centimes. Je déteste les centimes, les pièces en cuivre.
Alors de temps en temps je prends les pièces de 5 et je vais acheter une baguette ou un paquet de gâteaux au Casino rue Esquermoise, parce qu'ils avaient mis un bout de feuille "amenez vos centimes nous les prenons!" ou un truc dans le genre.
Je ne prends jamais les 2 et les 1 j'ai trop la honte de les donner, et de faire galérer la vendeuse à compter pendant 3 minutes.
Et puis un jour je me suis rendu compte que Plan B à Massena prenait les centimes.
Bingo, touchette, pactole.
Je le remplis comme une machine à sous. Il en recrache certaines, je ne sais pas pourquoi.
Le problème c'est que j'avais déjà syphonné ma pochette il y a quelques jours, un soir de disette, encore. C'est dur en ce moment. Mes poches sont vides comme les rues hier soir.
Hier soir, 24 décembre, Noël.
Pas un chat dans les rues, juste quelques équipes de lascars en voiture qui tournaient.
Très peu de voitures en stationnement, pas d'effusions de joie aux fenêtres, même pas de flics, un comble non?
Dans un élan d'optimisme, je suis allé au distributeur de billets de ma banque. Des fois qu'un virement aurait été effectué par je ne sais quel miracle.
Et là, amnésie. Par deux fois je tape un code faux. Impossible de me rappeller mon code, tellement je n'utilise plus ma carte.
J'avais évalué le poids de ma pochette. Léger. A peine de quoi acheter une gauffre. Une gauffre, le souci c'est qu'il ne faut pas la manger ni directement, ni sur la route. La garder jusqu'à chez moi c'était un challenge que je ne me sentais pas capable de relever hier soir, j'étais triste à mourir, il me fallait ma dose. "Ma dose et vite"
Résigné je commence à insérer les pièces, et là je vois affiché "1euro quelque chose" au bout de 3 glings.
Sahat Papa Noël!!!
Exhalté par ce crédit tombé du ciel, je me mets à imaginer des jours meilleurs. Un soir meilleur. Une nuit meilleure.
Gling, gling, gling...
Entre temps je check le choix de gâteaux du moment, parce qu'à Plan B ça change souvent, et pas dans le meilleur sens. Là je vois, pour la première fois, des Petit Ecolier.
Le must, quelques Petit Ecolier suffisent avant de dormir. Pas comme des BN. Le paquet de Petit Ecolier est sûrement celui que j'arrive à conserver le plus longtemps.
Content je rentre, dans cette ambiance fantômatique, jamais vue.
De loin je vois un rebeu en vélo, trentenaire. Qui s'arrête en me voyant alors qu'aucune voiture ne roulait sur le Boulevard de la Liberté. Sur le coup j'me dis "tiens il a du se prendre une amende une fois il s'arrête au feu rouge.
Puis en m'approchant je le vois bifurquer vers moi. "Comment tu vas me casser les couilles toi" me dis-je dans ma tête. Là je le vois zigzager et perdre à moitié le contrôle de sa monture. Je lui serre la main, lui demande si ça va, parce que je voyais à sa tête qu'il était mal.
Il me demande la route de la Gare, je lui indique, puis il me demande le Vieux-Lille, je lui indique et me dis qu'il va me souler rapide si il continue. Là il manque de tomber, je le tiens un peu, et lui conseille de s'asseoir. Et là, hop, déballage de life.
"Ca fait deux heures que je roule(moi qui suis cycliste je sais qu'en deux heures tu vas à Dunkerque, et j'pense pas qu'il venait de Dunkerque), j'suis diabétique nin nin nin"
Je lui propose alors des Petit Ecolier, geste rarrissime de ma part.
"Tu veux des gâteaux j'ai des gâteaux?"
"Ah t'as du sucre?"
"Ouais tiens"
"Ah merci parce que j'suis diabétique, et j'ai bu"
Je lui ai donné 2 Petit Ecolier, je ne sais pas si ça m'est déjà arrivé. Mais comme c'était le paquet de Papa Noël, j'ai fait mon geste de Noël.
Je me suis remis en route, et puis comme j'sentais les larmes monter depuis quelques dizaines de minutes, j'ai mis mon MP3 en route. Et là, chutes du Niagara. Sanglotage de fou, bruits de filles qui s'est fait téj' et qui pleure bruyamment pour qu'on l'entende.
De retour chez moi le besoin de gâteaux ne se faisait du coup plus sentir.
Je me suis calmé, "Thanks to you", morceau de Funk que je n'ai pas écouté depuis longtemps tiens.
J'ai fini mon paquet ce matin, midi pardon, en guise de petit déjeuner. Il faudra peut-être que je mange normalement un jour, à nouveau.
Rien de chocolaté. Rien de sucré.
Pas un rond. Pas un magasin ouvert où péta.
Dans ces cas-là un dernier recours: la pochette à piécettes.
Le seul objet qui reste du passage de J.D. dans mon appartement, avec les plaques chauffantes.
Une petite pochette Lady Soul noire, dans laquelle je mets depuis je ne sais plus quand mes centimes. Je déteste les centimes, les pièces en cuivre.
Alors de temps en temps je prends les pièces de 5 et je vais acheter une baguette ou un paquet de gâteaux au Casino rue Esquermoise, parce qu'ils avaient mis un bout de feuille "amenez vos centimes nous les prenons!" ou un truc dans le genre.
Je ne prends jamais les 2 et les 1 j'ai trop la honte de les donner, et de faire galérer la vendeuse à compter pendant 3 minutes.
Et puis un jour je me suis rendu compte que Plan B à Massena prenait les centimes.
Bingo, touchette, pactole.
Je le remplis comme une machine à sous. Il en recrache certaines, je ne sais pas pourquoi.
Le problème c'est que j'avais déjà syphonné ma pochette il y a quelques jours, un soir de disette, encore. C'est dur en ce moment. Mes poches sont vides comme les rues hier soir.
Hier soir, 24 décembre, Noël.
Pas un chat dans les rues, juste quelques équipes de lascars en voiture qui tournaient.
Très peu de voitures en stationnement, pas d'effusions de joie aux fenêtres, même pas de flics, un comble non?
Dans un élan d'optimisme, je suis allé au distributeur de billets de ma banque. Des fois qu'un virement aurait été effectué par je ne sais quel miracle.
Et là, amnésie. Par deux fois je tape un code faux. Impossible de me rappeller mon code, tellement je n'utilise plus ma carte.
J'avais évalué le poids de ma pochette. Léger. A peine de quoi acheter une gauffre. Une gauffre, le souci c'est qu'il ne faut pas la manger ni directement, ni sur la route. La garder jusqu'à chez moi c'était un challenge que je ne me sentais pas capable de relever hier soir, j'étais triste à mourir, il me fallait ma dose. "Ma dose et vite"
Résigné je commence à insérer les pièces, et là je vois affiché "1euro quelque chose" au bout de 3 glings.
Sahat Papa Noël!!!
Exhalté par ce crédit tombé du ciel, je me mets à imaginer des jours meilleurs. Un soir meilleur. Une nuit meilleure.
Gling, gling, gling...
Entre temps je check le choix de gâteaux du moment, parce qu'à Plan B ça change souvent, et pas dans le meilleur sens. Là je vois, pour la première fois, des Petit Ecolier.
Le must, quelques Petit Ecolier suffisent avant de dormir. Pas comme des BN. Le paquet de Petit Ecolier est sûrement celui que j'arrive à conserver le plus longtemps.
Content je rentre, dans cette ambiance fantômatique, jamais vue.
De loin je vois un rebeu en vélo, trentenaire. Qui s'arrête en me voyant alors qu'aucune voiture ne roulait sur le Boulevard de la Liberté. Sur le coup j'me dis "tiens il a du se prendre une amende une fois il s'arrête au feu rouge.
Puis en m'approchant je le vois bifurquer vers moi. "Comment tu vas me casser les couilles toi" me dis-je dans ma tête. Là je le vois zigzager et perdre à moitié le contrôle de sa monture. Je lui serre la main, lui demande si ça va, parce que je voyais à sa tête qu'il était mal.
Il me demande la route de la Gare, je lui indique, puis il me demande le Vieux-Lille, je lui indique et me dis qu'il va me souler rapide si il continue. Là il manque de tomber, je le tiens un peu, et lui conseille de s'asseoir. Et là, hop, déballage de life.
"Ca fait deux heures que je roule(moi qui suis cycliste je sais qu'en deux heures tu vas à Dunkerque, et j'pense pas qu'il venait de Dunkerque), j'suis diabétique nin nin nin"
Je lui propose alors des Petit Ecolier, geste rarrissime de ma part.
"Tu veux des gâteaux j'ai des gâteaux?"
"Ah t'as du sucre?"
"Ouais tiens"
"Ah merci parce que j'suis diabétique, et j'ai bu"
Je lui ai donné 2 Petit Ecolier, je ne sais pas si ça m'est déjà arrivé. Mais comme c'était le paquet de Papa Noël, j'ai fait mon geste de Noël.
Je me suis remis en route, et puis comme j'sentais les larmes monter depuis quelques dizaines de minutes, j'ai mis mon MP3 en route. Et là, chutes du Niagara. Sanglotage de fou, bruits de filles qui s'est fait téj' et qui pleure bruyamment pour qu'on l'entende.
De retour chez moi le besoin de gâteaux ne se faisait du coup plus sentir.
Je me suis calmé, "Thanks to you", morceau de Funk que je n'ai pas écouté depuis longtemps tiens.
J'ai fini mon paquet ce matin, midi pardon, en guise de petit déjeuner. Il faudra peut-être que je mange normalement un jour, à nouveau.
Jacques Brel - Le Moribond
Adieu l'Émile je t'aimais bien
Adieu l'Émile je t'aimais bien, tu sais
On a chanté les mêmes vins
On a chanté les mêmes filles
On a chanté les mêmes chagrins
Adieu l'Émile je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu qu't'es bon comme du pain blanc
Je sais qu'tu prendras soin d'ma femme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou
Adieu Curé je t'aimais bien
Adieu Curé je t'aimais bien, tu sais
On n'était pas du même bord
On n'était pas du même chemin
Mais on cherchait le même port
Adieu Curé je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que t'étais son confident
Je sais qu'tu prendras soin d'ma femme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou
Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien
Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien, tu sais
J'en crève de crever aujourd'hui
Alors que toi tu es bien vivant
Et même plus solide que l'ennui
Adieu l'Antoine je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que tu étais son amant
Je sais qu'tu prendras soin d'ma femme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou
Adieu ma femme je t'aimais bien
Adieu ma femme je t'aimais bien, tu sais
Mais je prends l'train pour le bon Dieu
Je prends le train qui est avant l'tien
Mais on prend tous le train qu'on peut
Adieu ma femme, je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs les yeux fermés, ma femme
Car vu qu'j'les ai fermés souvent
Je sais qu'tu prendras soin d'mon âme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou
Adieu l'Émile je t'aimais bien, tu sais
On a chanté les mêmes vins
On a chanté les mêmes filles
On a chanté les mêmes chagrins
Adieu l'Émile je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu qu't'es bon comme du pain blanc
Je sais qu'tu prendras soin d'ma femme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou
Adieu Curé je t'aimais bien
Adieu Curé je t'aimais bien, tu sais
On n'était pas du même bord
On n'était pas du même chemin
Mais on cherchait le même port
Adieu Curé je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que t'étais son confident
Je sais qu'tu prendras soin d'ma femme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou
Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien
Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien, tu sais
J'en crève de crever aujourd'hui
Alors que toi tu es bien vivant
Et même plus solide que l'ennui
Adieu l'Antoine je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que tu étais son amant
Je sais qu'tu prendras soin d'ma femme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou
Adieu ma femme je t'aimais bien
Adieu ma femme je t'aimais bien, tu sais
Mais je prends l'train pour le bon Dieu
Je prends le train qui est avant l'tien
Mais on prend tous le train qu'on peut
Adieu ma femme, je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j'pars aux fleurs les yeux fermés, ma femme
Car vu qu'j'les ai fermés souvent
Je sais qu'tu prendras soin d'mon âme
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
J'veux qu'on s'amuse comme des fous
J'veux qu'on rie
J'veux qu'on danse
Quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou
mercredi 24 décembre 2008
"I burn baby burn like Disco Inferno"
Je ne saurais dater le jour, plutôt la nuit, au cours de laquelle je me suis rendu compte que le lampadaire de mon coin de rue, dont la lumière filtre dans le jour que je laisse à mon volet, agissait sur moi comme une veilleuse sur un enfant.
Depuis quelques mois il aiderait même à ma photosynthèse.
Je ne dors plus depuis maintenant 4 ans.
Depuis, depuis, ma vie est datée et archivée façon Stasi. Avec l'aide d'un ou deux ami(e)s biographes, malgré eux.
The Storm d'OGC succède comme un velours à Gymnopédie N°1 d'Eric Satie, symbole d'un quotidien yo-yo.
Mes matinées sont vos nuits. J'ai, parmi d'autres noms de plumes, choisi il y a presque dix ans, celui de L'Horloger. "Celui qui remet les pendules à l'heure" était sa première vocation. Evocation même. Depuis il appelle avec un humour noir mon déreglement biologico-social.
J'ai une vie plus rugueuse que l'A25. Pour ceux qui l'ont emprunté au moins une fois en tant que conducteur, ils savent que si l'ont se cale dans les rails creusés depuis x années par le flot de poids-lourds, sur la voie de droite, on peut rapidement effectuer une sortie de route.
Je suis multi-voyageur. Pieds, vélo, voiture, train, m'ont amené dans nombres d'endroits où aucune raison ne me poussait à me rendre. L'aventure, à mon échelle, à ma manière.
Je n'ai jamais suivi la file, plutôt du genre à doubler et à tourner à droite quand on me disait d'aller à gauche.
Petit j'ai même effectué un voyage dans l'espace, sur la Lune. Une partie de moi est restée là-bas, telle un camp de gitan sédentarisés.
C'était en 1987. Je n'y ai d'ailleurs vu aucune trace d'un quelconque passage antérieur humain.
J'ai cette capacité de voler dont tant rêve depuis la nuit des temps. Je navigue au-dessus des nuages, à quelques dizaines de milliers de pieds du sol sur lequel je ratteris avec difficulté, souvent en tombant et en me faisant très mal.
L'air là haut n'est à nul autre pareil. Il enivre plus que l'odeur du cou d'une fille, celle nichée juste sous l'oreille. La légereté ressentie est grisante, si l'on se débrouille bien et que l'on synchronise son battement d'ailes, on peut suivre le tapis de la nuit, et ne jamais la voir, sauf quelques mètres derrière soi, gentillement menacante. Belle comme un sourire. Belle comme un souvenir.
Les gens morts ne sont pas morts. Tant que l'on est soi-même vivant. Mon père me rectifie régulièrement ma démarche et mon frère ajuste mon regard au passage d'une beauté brune.
La Beauté Brune, l'ultime. Dangereuse, manichéenne. Rationnelle et trop spontanée. La connaître c'est l'apprécier. L'approcher c'est souffler sur le feu. La tenir c'est la perdre. Elle est sous son visage à chaque fois apaisé par le sommeil ma peinture préferée. Ses traits hypnotisent, ses ombres questionnent, ses courbes affolent.
La conduite à adopter change d'un claquement de ses doigts. Son clignement d'oeil et son sourire, les vibrations de ses joues, marquent comme mon meilleur mélange d'encres, celui de 2002. Son odeur hante mon esprit, ravivée par quelques notes de piano ou l'air frais d'une matinée d'hiver.
Petit, mon père faisait exprès d'accélerer à l'entrée des mini-tunnels du Grand Boulevard, au grand énervement de ma mère.
J'adorais, car mon coeur se soulevait comme jamais il ne s'est soulevé à nouveau. Ou trop rarement. Cette impression de réellement sentir son coeur vibrer en tant qu'élement physique, réel. Accélérant le débit de mon sang pour faire vivre chaque partie de mon corps, allégeant mon cerveau de tout le mal qui croit pouvoir y planter sa tente ad vitam eternam.
J'expire toutes mes expériences à travers un fat cap, et inspire dans mes habits l'odeur de la douceur maternelle.
Je jette de la couleur partout car j'ai trop vu de photos en noir et blanc immobiles.
J'écris mon autre nom avec science, pour que lui aussi s'imprime dans les cerveaux et traverse le temps, comme ces lettres dorées sur le marbre formant mon vrai nom.
De temps à autres la fatigue me tape sur l'épaule et me berne. Mais mes yeux ont vu tellement de belles images qu'ils hésitent à se fermer, apeurés d'en rater d'autres.
La vie est belle, surtout quand elle est dure, intransigeante, égoiste, arbitraire.
Les mots qui la racontent, eux, continuent de jouir discrètement de leur pouvoir intemporel et éternel.
Depuis quelques mois il aiderait même à ma photosynthèse.
Je ne dors plus depuis maintenant 4 ans.
Depuis, depuis, ma vie est datée et archivée façon Stasi. Avec l'aide d'un ou deux ami(e)s biographes, malgré eux.
The Storm d'OGC succède comme un velours à Gymnopédie N°1 d'Eric Satie, symbole d'un quotidien yo-yo.
Mes matinées sont vos nuits. J'ai, parmi d'autres noms de plumes, choisi il y a presque dix ans, celui de L'Horloger. "Celui qui remet les pendules à l'heure" était sa première vocation. Evocation même. Depuis il appelle avec un humour noir mon déreglement biologico-social.
J'ai une vie plus rugueuse que l'A25. Pour ceux qui l'ont emprunté au moins une fois en tant que conducteur, ils savent que si l'ont se cale dans les rails creusés depuis x années par le flot de poids-lourds, sur la voie de droite, on peut rapidement effectuer une sortie de route.
Je suis multi-voyageur. Pieds, vélo, voiture, train, m'ont amené dans nombres d'endroits où aucune raison ne me poussait à me rendre. L'aventure, à mon échelle, à ma manière.
Je n'ai jamais suivi la file, plutôt du genre à doubler et à tourner à droite quand on me disait d'aller à gauche.
Petit j'ai même effectué un voyage dans l'espace, sur la Lune. Une partie de moi est restée là-bas, telle un camp de gitan sédentarisés.
C'était en 1987. Je n'y ai d'ailleurs vu aucune trace d'un quelconque passage antérieur humain.
J'ai cette capacité de voler dont tant rêve depuis la nuit des temps. Je navigue au-dessus des nuages, à quelques dizaines de milliers de pieds du sol sur lequel je ratteris avec difficulté, souvent en tombant et en me faisant très mal.
L'air là haut n'est à nul autre pareil. Il enivre plus que l'odeur du cou d'une fille, celle nichée juste sous l'oreille. La légereté ressentie est grisante, si l'on se débrouille bien et que l'on synchronise son battement d'ailes, on peut suivre le tapis de la nuit, et ne jamais la voir, sauf quelques mètres derrière soi, gentillement menacante. Belle comme un sourire. Belle comme un souvenir.
Les gens morts ne sont pas morts. Tant que l'on est soi-même vivant. Mon père me rectifie régulièrement ma démarche et mon frère ajuste mon regard au passage d'une beauté brune.
La Beauté Brune, l'ultime. Dangereuse, manichéenne. Rationnelle et trop spontanée. La connaître c'est l'apprécier. L'approcher c'est souffler sur le feu. La tenir c'est la perdre. Elle est sous son visage à chaque fois apaisé par le sommeil ma peinture préferée. Ses traits hypnotisent, ses ombres questionnent, ses courbes affolent.
La conduite à adopter change d'un claquement de ses doigts. Son clignement d'oeil et son sourire, les vibrations de ses joues, marquent comme mon meilleur mélange d'encres, celui de 2002. Son odeur hante mon esprit, ravivée par quelques notes de piano ou l'air frais d'une matinée d'hiver.
Petit, mon père faisait exprès d'accélerer à l'entrée des mini-tunnels du Grand Boulevard, au grand énervement de ma mère.
J'adorais, car mon coeur se soulevait comme jamais il ne s'est soulevé à nouveau. Ou trop rarement. Cette impression de réellement sentir son coeur vibrer en tant qu'élement physique, réel. Accélérant le débit de mon sang pour faire vivre chaque partie de mon corps, allégeant mon cerveau de tout le mal qui croit pouvoir y planter sa tente ad vitam eternam.
J'expire toutes mes expériences à travers un fat cap, et inspire dans mes habits l'odeur de la douceur maternelle.
Je jette de la couleur partout car j'ai trop vu de photos en noir et blanc immobiles.
J'écris mon autre nom avec science, pour que lui aussi s'imprime dans les cerveaux et traverse le temps, comme ces lettres dorées sur le marbre formant mon vrai nom.
De temps à autres la fatigue me tape sur l'épaule et me berne. Mais mes yeux ont vu tellement de belles images qu'ils hésitent à se fermer, apeurés d'en rater d'autres.
La vie est belle, surtout quand elle est dure, intransigeante, égoiste, arbitraire.
Les mots qui la racontent, eux, continuent de jouir discrètement de leur pouvoir intemporel et éternel.
Shimmy Shimmy Toi
Vas y gros, shimmy shimmy toi, si tu sais pas comment on fait t'es pas d'ma bande, on peut pas être potes désolé.
J'ai pas envie d'aller me coucher, je sais que je vais mettre deux heures à m'endormir, et qu'une fois endormi, j'vais m'réveiller étouffé dans les bouffées de châleur secondaires à mon traitement. Puis croire qu'j'vais m'rendormir, et attendre.
Return to the 36 Chambers: The Dirty Version, la BO de ma vie en ce moment, le j'en ai rien à foutre à l'état pur, la folie en barres, la brutalité de la vie.
"Takin all types of medecine" au moment même où j'écris.
J'arrive même plus à écrire, j'écoute ce taré d'ODB, mon poto de Brooklyyyyyyyyyn.
J'ai pas envie d'aller me coucher, je sais que je vais mettre deux heures à m'endormir, et qu'une fois endormi, j'vais m'réveiller étouffé dans les bouffées de châleur secondaires à mon traitement. Puis croire qu'j'vais m'rendormir, et attendre.
Return to the 36 Chambers: The Dirty Version, la BO de ma vie en ce moment, le j'en ai rien à foutre à l'état pur, la folie en barres, la brutalité de la vie.
"Takin all types of medecine" au moment même où j'écris.
J'arrive même plus à écrire, j'écoute ce taré d'ODB, mon poto de Brooklyyyyyyyyyn.
lundi 22 décembre 2008
I need drugs
Passéiste, nostalgique, "c'était mieux avant", et autres.
Etrange paradoxe(demi-pléonasme) alors que les évenements les plus durs sont "derrière" moi.
Facteurs explicatifs: l'accumulation de ces évenements et le vide des années 2000.
Dans un an une décennie prendra fin. Je ne sais quel bilan en faire, positif ou neutre. Pas négatif. Juste un "mouais", "bof", "pas mal".
Pâle figure à côté de ces prédécesseurs. Blafard. Morne. Terne. Michael Jackson. Beyoncé. Obama.
J'aime pas tout ce qui est light.
J'veux du sucre, du goût.
Comme dirait Aspik sur le mur qui longeait l'entrée des autoroutes(ceux qui savent savent, les autres i'a une photo dans Cap Nord), en-dessous de son contour direct: FOR MY ADRENALINE.
Etrange paradoxe(demi-pléonasme) alors que les évenements les plus durs sont "derrière" moi.
Facteurs explicatifs: l'accumulation de ces évenements et le vide des années 2000.
Dans un an une décennie prendra fin. Je ne sais quel bilan en faire, positif ou neutre. Pas négatif. Juste un "mouais", "bof", "pas mal".
Pâle figure à côté de ces prédécesseurs. Blafard. Morne. Terne. Michael Jackson. Beyoncé. Obama.
J'aime pas tout ce qui est light.
J'veux du sucre, du goût.
Comme dirait Aspik sur le mur qui longeait l'entrée des autoroutes(ceux qui savent savent, les autres i'a une photo dans Cap Nord), en-dessous de son contour direct: FOR MY ADRENALINE.
samedi 20 décembre 2008
mercredi 17 décembre 2008
Obsessive Funk
J'ai l'impression de ne plus faire partie de la vie.
L'impression de "juste" vivre car il le faut, car décider de s'en aller n'est pas correct. Même si l'amour et l'amitié me sont dispensés par de nombreuses personnes, c'est ceux qui ne sont plus là pour le faire qui m'occupent le plus l'esprit.
"Faire le deuil"
Pour un mort ou un vivant, l'expression m'a déjà été assénée et m'a à chaque fois géné.
− Au fig. et fam. Faire son deuil d'une chose. Renoncer à, admettre la perte de. Je fais mon deuil de ce qui me choque [en Michelet] (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1863-69, p. 112). Le domaine spirituel était le seul auquel nous puissions prétendre. Il faut en faire notre deuil (Cocteau, Maalesh, 1949, p. 139).
"Renoncer à", "admettre la perte de", quelle drôle d'idée. Quel optimisme même.
Comment renoncer à l'Amour?
Comment admettre la perte de quelqu'un qui chaque jour vous faisait rire, vous aidait, vous faisait grandir?
Comment?
Les molécules, les discussions n'arrangent rien.
Des essaims de papillons envahissent mon ventre plusieurs fois par jour.
Qui sont-ils? Que veulent-ils? Que trouvent-ils? Qu'est-ce qui provoque leur arrivée soudaine et leur départ, me laissant fatigué de tous ces battements, de tout ce bourdonnement?
Je n'ai jamais trahi ma conduite, mon code d'honneur. Je suis le même depuis toujours.
Les mêmes scènes se répètent, avec de nouveaux acteurs, dans de nouveaux lieux, ou dans le même décor, avec les mêmes premiers et seconds rôles.
La nouveauté est une sensation que je n'ai pas éprouvée depuis si longtemps. L'excitation ultime.
J'avais déjà écrit ce qui va suivre quelque part, où...
Les jeux vidéos étaient avant, il y a plus de 20 ans maintenant, une métaphore de ce dont je parle. Le décor apparaissait au dernier moment. L'image qui me vient à l'esprit, le jeu, est Formula 1 sur Atari 2600. Le graphisme était si rudimentaire, la vitesse des processeurs si faible par rapport à aujourd'hui, que la route, les virages, se construisaient à la toute dernière seconde. On ne savait pas de quel côté tourner, de quel côté tourner le curseur de la manette, sauf si l'on arrivait à loucher sur le tracé du circuit, sommairement dessinée sur un côté de l'écran.
Alors après, il fallait être le grand-frère, et connaître le circuit par coeur, pour apprendre au petit frère à anticiper.
Par coeur, je connais ma ville, ma vie, par coeur.
Je n'ai plus de grand-frère pour m'aider à anticiper les virages, vu que lui en a raté un, dans la vraie vie. Enfin tu l'as pas raté, t'étais passager, te connaissant tu aurais réussi à avoir un accident aussi, mais moins grave, certainement pas mortel.
T'avais 26 ans. J'suis plus vieux que toi en vrai, sauf que t'as continué à vivre dans ma tête, et que t'es toujours mon grand-frère. J'te parle souvent, toi j't'entends rarement mais j'te vois, ça me suffit.
Les gens croient que je les esquive dans la rue. Ils croient une chose de trop: que je les vois. Je marche sur un chemin qui est le mien, avec une musique, une bande-originale. Je parle seul, je vois des visages à la place des façades, des plages à la place des visages, et je n'écoute pas quand on me parle.
Je vis ma vie, je l'aime, je la hais, je l'arrêterai si j'en ai envie.
L'impression de "juste" vivre car il le faut, car décider de s'en aller n'est pas correct. Même si l'amour et l'amitié me sont dispensés par de nombreuses personnes, c'est ceux qui ne sont plus là pour le faire qui m'occupent le plus l'esprit.
"Faire le deuil"
Pour un mort ou un vivant, l'expression m'a déjà été assénée et m'a à chaque fois géné.
− Au fig. et fam. Faire son deuil d'une chose. Renoncer à, admettre la perte de. Je fais mon deuil de ce qui me choque [en Michelet] (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1863-69, p. 112). Le domaine spirituel était le seul auquel nous puissions prétendre. Il faut en faire notre deuil (Cocteau, Maalesh, 1949, p. 139).
"Renoncer à", "admettre la perte de", quelle drôle d'idée. Quel optimisme même.
Comment renoncer à l'Amour?
Comment admettre la perte de quelqu'un qui chaque jour vous faisait rire, vous aidait, vous faisait grandir?
Comment?
Les molécules, les discussions n'arrangent rien.
Des essaims de papillons envahissent mon ventre plusieurs fois par jour.
Qui sont-ils? Que veulent-ils? Que trouvent-ils? Qu'est-ce qui provoque leur arrivée soudaine et leur départ, me laissant fatigué de tous ces battements, de tout ce bourdonnement?
Je n'ai jamais trahi ma conduite, mon code d'honneur. Je suis le même depuis toujours.
Les mêmes scènes se répètent, avec de nouveaux acteurs, dans de nouveaux lieux, ou dans le même décor, avec les mêmes premiers et seconds rôles.
La nouveauté est une sensation que je n'ai pas éprouvée depuis si longtemps. L'excitation ultime.
J'avais déjà écrit ce qui va suivre quelque part, où...
Les jeux vidéos étaient avant, il y a plus de 20 ans maintenant, une métaphore de ce dont je parle. Le décor apparaissait au dernier moment. L'image qui me vient à l'esprit, le jeu, est Formula 1 sur Atari 2600. Le graphisme était si rudimentaire, la vitesse des processeurs si faible par rapport à aujourd'hui, que la route, les virages, se construisaient à la toute dernière seconde. On ne savait pas de quel côté tourner, de quel côté tourner le curseur de la manette, sauf si l'on arrivait à loucher sur le tracé du circuit, sommairement dessinée sur un côté de l'écran.
Alors après, il fallait être le grand-frère, et connaître le circuit par coeur, pour apprendre au petit frère à anticiper.
Par coeur, je connais ma ville, ma vie, par coeur.
Je n'ai plus de grand-frère pour m'aider à anticiper les virages, vu que lui en a raté un, dans la vraie vie. Enfin tu l'as pas raté, t'étais passager, te connaissant tu aurais réussi à avoir un accident aussi, mais moins grave, certainement pas mortel.
T'avais 26 ans. J'suis plus vieux que toi en vrai, sauf que t'as continué à vivre dans ma tête, et que t'es toujours mon grand-frère. J'te parle souvent, toi j't'entends rarement mais j'te vois, ça me suffit.
Les gens croient que je les esquive dans la rue. Ils croient une chose de trop: que je les vois. Je marche sur un chemin qui est le mien, avec une musique, une bande-originale. Je parle seul, je vois des visages à la place des façades, des plages à la place des visages, et je n'écoute pas quand on me parle.
Je vis ma vie, je l'aime, je la hais, je l'arrêterai si j'en ai envie.
dimanche 14 décembre 2008
Snakes
J'ai retrouvé mon Return to the 36 Chambers...
Quel soulagement!
J'avais accusé à tort un ami et sa boîte à gants cleptomane, je me suis ensuite dit "merde c'est pas l'genre de cd que je prête".
Je l'avais prêté quelques jours après l'avoir acheté. Prêté à Yacine. Qui me le rendit avec le boîtier pété, merci, et une odeur de parfum cheap qui empestait tout, le cd, le boîtier, le livret, une horreur. Depuis le temps il ressent la poussière.
Je l'écoute donc avec délectation depuis plus de 20 minutes.
Brut, freestyle, fou, à l'image de son auteur principal.
Je sais d'avance que je ne le couperais pas et que je ne zapperais pas. Avec un ODB qui chante du Sinatra en pleine embrouille avec une meuf, comment oser. "Somewhere over the rainboooooow..."
Nous sommes dimanche, j'aurais bien fait une fusillade dans le centre-ville tout-à-l'heure, les gens m'énervent, marchent à 1 à l'heure, les bottes blanches des rogettes, la grande-roue, les magasins...
Pfffffffffiooooooooooooooooooouuu...Snakes, ça c'est d'la musique.
Quel soulagement!
J'avais accusé à tort un ami et sa boîte à gants cleptomane, je me suis ensuite dit "merde c'est pas l'genre de cd que je prête".
Je l'avais prêté quelques jours après l'avoir acheté. Prêté à Yacine. Qui me le rendit avec le boîtier pété, merci, et une odeur de parfum cheap qui empestait tout, le cd, le boîtier, le livret, une horreur. Depuis le temps il ressent la poussière.
Je l'écoute donc avec délectation depuis plus de 20 minutes.
Brut, freestyle, fou, à l'image de son auteur principal.
Je sais d'avance que je ne le couperais pas et que je ne zapperais pas. Avec un ODB qui chante du Sinatra en pleine embrouille avec une meuf, comment oser. "Somewhere over the rainboooooow..."
Nous sommes dimanche, j'aurais bien fait une fusillade dans le centre-ville tout-à-l'heure, les gens m'énervent, marchent à 1 à l'heure, les bottes blanches des rogettes, la grande-roue, les magasins...
Pfffffffffiooooooooooooooooooouuu...Snakes, ça c'est d'la musique.
Du côq à l'âne en passant par le chimpanzé et la tortue
"Every now and then i get a lil' crazy"
Du mal à être sérieux, à tenir une conversation construite, du mal à être poli et à pas dire c'qu'on pense franchement à cette personne qu'on connait depuis 3 minutes et qu'on a pas aimé au premier regard. C'est comme ça, tout le monde est comme ça, à juger sur une attitude, sur une paire de pompes, sur une tonalité de voix, sur une formule de politesse parisienne.
L'ennui m'envahit vite.
Les gens me font rarement rire, du moins pas autant qu'mes potes. Pas besoin d'avoir 572 friends sur Facebook si c'est pour se mettre hors-ligne sur le chat, pareil sur MSN.
J'écoute la même chanson en boucle depuis une semaine, Danger Zone de Big L, parce que le beat est celui de mon coeur en ce moment, et que la voix soul samplée, c't'éspèce de "oooooooouuuuuh" c'est mon ventre qui se lamente, qui se creuse. Ca c'est le "now", et le "then" c'est le flow de Big L, la rage que j'ai, la haine, l'envie de faire tout ce dont j'ai envie, la confiance que j'ai en moi, en l'avenir.
Du mal à être sérieux, à tenir une conversation construite, du mal à être poli et à pas dire c'qu'on pense franchement à cette personne qu'on connait depuis 3 minutes et qu'on a pas aimé au premier regard. C'est comme ça, tout le monde est comme ça, à juger sur une attitude, sur une paire de pompes, sur une tonalité de voix, sur une formule de politesse parisienne.
L'ennui m'envahit vite.
Les gens me font rarement rire, du moins pas autant qu'mes potes. Pas besoin d'avoir 572 friends sur Facebook si c'est pour se mettre hors-ligne sur le chat, pareil sur MSN.
J'écoute la même chanson en boucle depuis une semaine, Danger Zone de Big L, parce que le beat est celui de mon coeur en ce moment, et que la voix soul samplée, c't'éspèce de "oooooooouuuuuh" c'est mon ventre qui se lamente, qui se creuse. Ca c'est le "now", et le "then" c'est le flow de Big L, la rage que j'ai, la haine, l'envie de faire tout ce dont j'ai envie, la confiance que j'ai en moi, en l'avenir.
jeudi 11 décembre 2008
22:31
L’histoire de l’horlogerie mécanique, née dans les grands monastères vers la fin du Moyen-Age, est faite d’une suite ininterrompue d’inventions, d’innovations et de perfectionnements, auxquels ont contribué d’innombrables horlogers, scientifiques et artistes, célèbres ou anonymes. Cette glorieuse ’’saga’’ ne saurait être appréhendée en-dehors du contexte historique, politique, économique, scientifique et culturel dans lequel elle s’est développée. Inséparable de son temps, l’horlogerie est aussi un témoignage de l’évolution du génie humain.
L’équation du temps est la différence entre le temps vrai et le temps moyen. Le temps vrai, affiché par les cadrans solaires, varie de jour en jour à cause de la forme elliptique de l’orbite terrestre. Il varie aussi en fonction de la longitude du lieu d’observation.
Le temps moyen, affiché par la montre, ignore ces variations et, quel que soit le jour de l’année, divise mathématiquement le temps en heures égales.
Quatre fois par an, le 15 avril, le 14 juin, le 1er septembre et le 24 décembre, temps moyen et temps vrai se confondent. Entre ces dates, l’écart passe de moins 16 minutes 23 secondes le 4 novembre, à plus de 14 minutes 22 secondes, le 11 février.
L’équation du temps est la différence entre le temps vrai et le temps moyen. Le temps vrai, affiché par les cadrans solaires, varie de jour en jour à cause de la forme elliptique de l’orbite terrestre. Il varie aussi en fonction de la longitude du lieu d’observation.
Le temps moyen, affiché par la montre, ignore ces variations et, quel que soit le jour de l’année, divise mathématiquement le temps en heures égales.
Quatre fois par an, le 15 avril, le 14 juin, le 1er septembre et le 24 décembre, temps moyen et temps vrai se confondent. Entre ces dates, l’écart passe de moins 16 minutes 23 secondes le 4 novembre, à plus de 14 minutes 22 secondes, le 11 février.
mercredi 10 décembre 2008
Sukiyaki - 1961
It's all because of you, I'm feeling sad and blue
You went away, now my life is just a rainy day
And I love you so, how much you'll never know
You've gone away and left me lonely
Unintentional memories, keep on haunting me
Oh your love so true, that once turned, all my gray skies blue
But you disappeared now my eyes are filled with tears
And I'm wishing you were here with me
I can't stop this love that I have for you
Now that you are gone
I just don't know what to do
If only you were here, You'd wash away my tears
The sun would shine and once again you'd be mine all mine
But in reality, you and I will never be
Cause you took your love away from me
You went away, now my life is just a rainy day
And I love you so, how much you'll never know
You've gone away and left me lonely
Unintentional memories, keep on haunting me
Oh your love so true, that once turned, all my gray skies blue
But you disappeared now my eyes are filled with tears
And I'm wishing you were here with me
I can't stop this love that I have for you
Now that you are gone
I just don't know what to do
If only you were here, You'd wash away my tears
The sun would shine and once again you'd be mine all mine
But in reality, you and I will never be
Cause you took your love away from me
Danger Zone - Big L
C't'instru...
Que t'écoutes 34 fois sans te lasser. Ce flow, énervé, énergique. Ces métaphores, ces comparaisons.
Deux semaines que je sors de mon lit aux alentours de 15h, alors que je dors à peine deux ou trois heures par nuit. Insomnies totales, fatigue importante mais pas de sable dans mes yeux, juste des larmes. Retenues, lâchées, de tristesse, d'épuisement.
J'y rentre vers minuit, j'crois m'endormir vers 2h, alors j'éteins la télé ou la radio, et c'est parti. Sur le dos, les bras en l'air, les bras sous la couette, une jambe dehors, la couette rentrée de chaque côté, sur la tranche, sur l'oreiller mou, en étoile, en foetus, tout, je tente tout pour m'endormir.
Vers 6h-6h30 je me lève et je vais manger un gâteau, croyant que ça va me faire du bien, me rassurer, et m'aider à trouver quelques heures de sommeil.
Que dalle.
Victoire: "Mais tu fais quoi?"
Moi: "Rien"
J'regarde un mec sombrer, toucher ce nouveau fond, encore plus profond que le précédent.
Le Grand Bleu.
"I'm feelin' sad darling i'm feelin' bluuuue" J'ai toujours cette chanson en tête, et je suis incapable de dire qui en est l'auteur. Je vais googliser ça voir.
Si ça dit quelque chose à quelqu'un, qu'il m'aide.
Que t'écoutes 34 fois sans te lasser. Ce flow, énervé, énergique. Ces métaphores, ces comparaisons.
Deux semaines que je sors de mon lit aux alentours de 15h, alors que je dors à peine deux ou trois heures par nuit. Insomnies totales, fatigue importante mais pas de sable dans mes yeux, juste des larmes. Retenues, lâchées, de tristesse, d'épuisement.
J'y rentre vers minuit, j'crois m'endormir vers 2h, alors j'éteins la télé ou la radio, et c'est parti. Sur le dos, les bras en l'air, les bras sous la couette, une jambe dehors, la couette rentrée de chaque côté, sur la tranche, sur l'oreiller mou, en étoile, en foetus, tout, je tente tout pour m'endormir.
Vers 6h-6h30 je me lève et je vais manger un gâteau, croyant que ça va me faire du bien, me rassurer, et m'aider à trouver quelques heures de sommeil.
Que dalle.
Victoire: "Mais tu fais quoi?"
Moi: "Rien"
J'regarde un mec sombrer, toucher ce nouveau fond, encore plus profond que le précédent.
Le Grand Bleu.
"I'm feelin' sad darling i'm feelin' bluuuue" J'ai toujours cette chanson en tête, et je suis incapable de dire qui en est l'auteur. Je vais googliser ça voir.
Si ça dit quelque chose à quelqu'un, qu'il m'aide.
lundi 8 décembre 2008
Topaz Yellow
Hier ma mère m'a confirmé que j'étais asocial depuis mes 6 ans, en m'apprenant que je ne voulais pas rester aux festivités de l'école de la St Nicolas, celles-là même où l'on mange de la brioche et où l'on boit du chocolat chaud, comme à la camaraderie le mercredi.
Pouah cette odeur de chocolat chaud, de lait chaud, est aujourd'hui encore dans mon nez, et me dégoûte toujours autant.
J'ai froid, très froid, malgré l'allumage d'un chauffage, et j'ai l'impression d'avoir mangé un dromadaire façon Obélix alors que j'ai, difficilement, croqué et mâché une demie-baguette avec trois tranches de pavé au poivre. Plus 5 champignons. Quel appétit!
J'oublie mes bombes depuis que je peux plus aller à la déchetterie, alors qu'elles occupent 60% de l'espace visuel chez moi. Abstraction. Désintoxication. Rediggerais-je un jour?!?
Deux filles, quelque part, trouvent que j'ai quelque chose dans mon sex-appeal semblable à celui de Mick Jagger...comment le prendre...
Pouah cette odeur de chocolat chaud, de lait chaud, est aujourd'hui encore dans mon nez, et me dégoûte toujours autant.
J'ai froid, très froid, malgré l'allumage d'un chauffage, et j'ai l'impression d'avoir mangé un dromadaire façon Obélix alors que j'ai, difficilement, croqué et mâché une demie-baguette avec trois tranches de pavé au poivre. Plus 5 champignons. Quel appétit!
J'oublie mes bombes depuis que je peux plus aller à la déchetterie, alors qu'elles occupent 60% de l'espace visuel chez moi. Abstraction. Désintoxication. Rediggerais-je un jour?!?
Deux filles, quelque part, trouvent que j'ai quelque chose dans mon sex-appeal semblable à celui de Mick Jagger...comment le prendre...
Tours/minute
Quand tu dors pas à 01:30 du matin t'entends tout, et tout te rends fou, le bruit du ventilo de ton ordi qui télécharge même pas, saloperie de torrent, la machine à laver sensée être ultra-silencieuse du voisin, la chasse d'eau d'un autre voisin, un autre encore qui rentre chez lui en secouant bien son paquet d'clés devant ta porte, le refus de priorité à droite légendaire du coin d'ma rue "schblaaaaaaaaaaah", klaxons, pneus qui crissent, et montée à 6000 tours minutes pour arriver le plus vite possible au bout d'la rue et freiner au frein moteur, mon ventre qui fait des intra-bulles tellement j'mange nimp, une bombe qui "cling" de froid...
Putain Hypnos aka Somnus vient moi en aide khouilla.
"Shoukrane!!!"
Putain Hypnos aka Somnus vient moi en aide khouilla.
"Shoukrane!!!"
samedi 6 décembre 2008
Party Arty - Ghetto Dwellas - RIP
Party Arty RIP...
Rappeur du groupe Ghetto Dwellas, dont Internet vient de m'apprendre que D-Flow en était l'autre membre, sa grosse voix façon Nine obligeait les têtes à hocher.
JR Ewing a posté une vidéo sur son FB, d'un titre extrait de leur EP de 2005 "SBX Soundtrack", que je link: http://www.youtube.com/watch?v=rj-I8t41nK8
Titre que je ne connaissais pas, qui tue.
Clip que je ne connaissais pas, qui tue, on en demande pas plus, des négros qui marchent dans leur hood, des belles images, des belles photos de buildings et de groceries...
Je me souviens du concert du grand, putain ouais j'avais oublié qu'il était grand comme ça le Arty ou alors c'est AG qui est vraiment petit, ouais c'est p'têt ça AG est vraiment petit, d'où son nom André the Giant.
Il y a 5-6 ans?
Paris, dans cette salle dont je ne me souviens jamais du nom, au coin où l'Atlas et compagnie affichaient leurs productions sur des 4*3, à côté d'un bar super-peuplé, merde...I'a même un restaurant "Justine" devant, ce flash me fait dire que le concert doit avoir eu lieu il y a 4 ans. Merci Justine, t'es utile des fois.
J'étais arrivé seul de Lille, comme à chaque fois que je vais en mercenaire hip-hop à un concert, trois ou quatre heures en avance.
Et c'jour là j'avais pas envie d'zoner dans Paris, alors j'me suis posé devant la salle, en plus j'avais pas de place, et il me semble que j'avais appellé et que le mec m'avait dit qu'il restait 50 places en vente le soir même, et moi j'voulais une place.
Pied contre le mur, bonjour à tous les mecs qui ont l'air d'avoir un rapport avec le hip-hop qui rentrent dans la salle, pour bien qu'ils retiennent ma tête, c'est comme ça que tu finis par être reconnu, ça peut servir façon "mais ouais j't'ai déjà vu t'étais au concert de untel, vas-y passe, yo laisse le passer c'est bon c'est un pote"...
Les heures passent, je ne décollent pas d'un pâté de maison, et là je vois arriver un van, duquel sortent deux ou trois renois, qui, même si les renois parisiens font des efforts énormes pour passer pour des ricains, arrivaient avec un vent d'Amérique. "Ah tiens AG" me dis-je. "Yo wassup man", hop AG qui me check-hug sans même que je m'en rende compte, eh ouais les mecs c'est ça la vibe madeleinoise, pourtant la ville n'est pas jumellée avec le Bronx.
Ca tuerait ça putain, plutôt qu'de voir des vieux noms de villes allemandes ou portugaises où j'irais jamais et où i's'passe rien sur le panneau d'entrée de la ville.
"La Madeleine, ville jumellée avec le South Bronx".
Bref, AG comprend direct que j'suis pas là pour rigoler.
Les minutes passent, les portes s'ouvrent, j'achète ma place.
J'arrive plus à savoir s'il n'y avait "que" Party Arty, AG et El da Sensei, ou si c'était le même soir qu'Alkaholiks et...
Google, génial outil.
Grâce à lui j'ai tous les détails sur ce concert, tout ceux dont je ne me souvenais pas.
Nouveau Casino, DJ's et MC's présents, cool.
J'ai lu l'article en diagonale, et là bim je vois la date de l'article de mon site préféré: 20.04.03
Damn nigga!!!
Putain c'était i'a 5 ans et demi!
Et donc rectification de ma biographie sentimentale, j'étais avec Justine à l'époque de ce concert(cf anecdote)
Le concert était mortel, et d'ailleurs, dés que j'écoute un morceau d'El da Sensei, je l'entends à ce concert. J'ai jamais, ô grand jamais, entendu un MC rapper aussi clairement en live. Incroyable. Une qualité de flow, de précision, d'articulation, dix fois supérieure au studio.
Allez une autre anecdote pour la fin.
Le premier maxi de Ghetto Dwellas "Get Dirty" que j'ai eu, c'est Dexter TRC, de Killah records, qui me l'a vendu. J'avais entendu ce titre sur la mixtape n°4 de JR Ewing, et en en parlant avec le Dex', il m'avait dit "j'te vends le mien si tu veux", au prix d'achat même pas un bénef', avec un air résigné. Il devait pas aimer le titre, j'sais pas. Ah ah Dex' dédicasse à toi, où qu'tu sois. Dynamik Posse, 666, et tout l'tralala, les pizzas, les magazines porno de renoises que toi et Daddy Shug affectionnaient(affectionnent pardon) tant, pouaaah tout cet amas de graisse et de cellulite, avec tous ces faux cheveux et tous ces trucs de kahlouchas, comment vous kiffez ça les mecs.
Ca me fait penser que Dex', on ne te l'a jamais attribué, mais on, l'Amicale des Squatteurs de Bomb-shop de Lille(ASBL), tenons, j'en prends l'initiative, personne ne me contredira j'en suis sûr, à t'attribuer l'Award du vendeur qui te fait le plus attendre. J'éspère que ça te fait plaisir, après tant d'années, mais il faut dire que tes "j'reviens dans une heure" que tu répondais à nos "j'ai besoin de deux bombes seulement Dex'", et sur lesquels tu ne revenais jamais salop, ou le nombre de fois où on te regardait manger ta pizza par la fenêtre sans que tu nous ouvres, ou le nombre de fois où on a attendu une heure que tu raccroches pour payer, putain Nabil à côté c'est un rookie...
vendredi 5 décembre 2008
Tout droit au bout
C'est moi ou j'connais que des gens dépressifs ou au bord de l'être? Comment ça s'appelle l'ethno j'sais pas quoi? Le mimétisme machin?
Entre les mails que je reçois en réaction à mes publications, et les éternelles discussions avec mes plus proches potes, ça tourne en rond.
On est tous nostalgiques, on regrette tous une période précise, différente ou proche, on ne se projette surtout pas.
Mariage? Enfants? Carrière? Ah ah ah!!!
Et pourtant...
On vit, on se réveille, à des heures vachement différentes ok, enfin on se lève pour ceux qui sont insomniaques, on voit des gens, on mange un peu, surtout des saloperies, on fait des trucs qui nous passionnent 5 minutes, 10 minutes, mais je ne croise jamais personne à fond dedans, comme je ou on pouvait l'être à une époque.
On est à moitié dans c'qu'on fait, on souris et on souffle, on souris, on souffle, on souris, on regarde ailleurs, nulle part, on bloque sur un passant, on souris, on souffle, on regarde le ciel, on souris, on grimace.
Inconstance émotionnelle totale.
Déséquilibre physique.
Vertiges, maux de têtes, manque d'appétit.
Ah bordel rendez-nous nos années 90 on était si heureux.
mercredi 3 décembre 2008
La Belle Epoque
Le métro c’est trop
Episode 1
(A propos)Des pérégrinations diurnes
On, et par on j’entends ce cercle restreint d’activistes qui recherchent la nouveauté, qui défrichent et qui insufflent une poésie dans ce monde aseptisé par l’uniformisation, par ses chemins balisés, se demande assez fréquemment voir systématiquement ce que « les gens » pourraient avoir comme réactions et, éventuellement, comme réflexions, à la découverte de ce que l’on appellera ici « repérages ». Repérages qui consistent en une batterie de tests et mesures, observations quasi-scientifiques puisque celles-ci n’ont jamais fait l’objet d’une étude approfondie et d’une théorisation.
Utilisés dans tous les domaines : militaire, banditisme, terrorisme, étude de la faune et de la flore, et grosso-modo toute activité plus funky que la manutention et les trois 8 à l’usine, les repérages seront ici « exemplés » du graffiti. Caractérisé par une nature paradoxale, empreinte d’une légèreté toute puérile et d’une violence harcelante propre au monde dit adulte, l’activisme mural, le tag pour ne pas tergiverser puisque c’est ainsi qu’il est nommé par 99% de ses pratiquants, est réduit généralement de prime abord à une activité adolescente, et à une simple inscription sur un mur, un train ou un autre support.
Mais équivalent à la drague, aux préliminaires sexuels, ou à la vue du sang pour un requin, l’odeur d’une proie pour un prédateur, c’est bien ce qui précède l’acte d’écrire qui apporte le plus de sensations, ces moments qui font se sécréter l’adrénaline, montant lentement et intensément comme la jouissance sexuelle.
Les repérages sont donc ce qui doit permettre d’éliminer le maximum de risques, et de fournir le maximum de renseignements utiles à une meilleure appréhension du lieu de l’action et des éléments qui le définissent. Entrée et sortie, chemins d’accès et d’évacuation, plans B, degré de sécurité, passages à risques, et aussi nécessité d’outils divers pour perpétrer effractions, création de raccourcis ou autres artisanats.
L’exemple qui suit est le dernier en date et le plus représentatif.
J’ai récemment consacré quelques heures à tenter de déflorer un dépôt de métro lillois, encore, je le croyais, non-répertorié par les principaux acteurs du « mouv’ ». Le récit d’un ancien partenaire, qui avait passé quelques nuits avec ses collègues à tenter de percer tous les secrets de ce qu’il faut bien appeler un dédale avait été mon premier contact avec « le plan ». Il me décrivit dans les grandes lignes les portes et trappes d’accès et de communication, les plans datant des origines, et tout un tas d’éléments qui ne leur avaient cependant pas permis d’arriver face à leur but, un beau métro ronflant tranquillement dans son dépôt.
Je lui avais dis instantanément qu’ils avaient choisi la mauvaise trappe. Et une fois embarqués dans le mauvais chemin, il n’était pas étonnant qu’ils rentrent bredouilles.
« Moi j’sais par où il faut passer »
Puis quelques mois passèrent. J’apercevais fréquemment un métro ronronner aux abords du tunnel, et qui n’attendait qu’une intrusion pour l’aider à rentrer dans l’histoire du métro lillois. Tout ceci restait cependant à l’état de phantasme, de projet avorté, et même les nombreuses « enjohnnisations » d’un ou deux amis ne me motivaient pas à franchir le pas.
Et du jour au lendemain, démangé par l’envie de peindre un métro, comme cela m’arrive quatre-cinq fois dans l’année sans que j’assouvisse jamais ce désir, plus refroidi par la futilité de la chose que par les risques encourus, je me mis en tête d’en violer un. Violer car je voulais le traquer, aller le chercher, le sentir, le forcer. Je ne voulais pas céder à la facilité. Tant qu’à perdre des bombes à tagger un métro qui ne circulera pas, et donc à ne me satisfaire que d’une photo et des sensations de l’instant, autant monter la barre jusqu’à ce que l’on appelle le « next level ». Sachant que ce dépôt n’avait jamais été fait, j’étais déjà excité rien qu’à l’idée d’en approcher la structure, de fouler ses grilles de marche, d’en parcourir les tunnels, de caresser ses murs, sa peau, d’en respirer le parfum, cette odeur moite, chaude, qui à n’importe quel autre nez passerait pour puante mais que j’aimais tellement depuis ma première expérience « sextunnelle », et qui caractérise le métro lillois à cause de ses tunnels hermétiques.
Une grosse quinzaine d’allers-retours avec un collègue, qui m’auront par ailleurs permis de rentabiliser un peu mon ticket de transport à l’année, à observer le tunnel le nez collé au pare-brise avant comme un gosse ; « c’est moi qui conduit le métro ! »; zieutant avec attention les embranchements, les portes, les renfoncements, et n’importe quelle caractéristique architecturale qui pouvait nous aider à mieux comprendre ce carrefour de lignes. Après quoi l’on partit en surface continuer notre batterie de tests et analyses. On retint alors deux éléments : un puits de lumière, qui semblait être situé sous une trappe que nous avions volontairement abandonné car trop exposée et une grande grille noire imposante qui, et je le sentis tout de suite, me provoquerait en duel à un moment ou à un autre.
Calcul des distances(schéma 3.14)assez approximatif, étude des parallélismes et perpendicularités, bref petit précis de mathématiques géométriques urbaines, avec au programme angles et orientations des lignes.
Imaginez deux individus qui descendent dans une station avec les bras formant un angle correspondant aux lignes tracées en surface reliant les accès et qui tentent de les calquer dans la station en tenant compte des virages et couloirs de celle-ci pour les appliquer aux lignes. Ardu. Et bizarre. A la limite même du casting de Ca se discute. En surface, à l’air libre, deux choix s’offraient donc à nous. Une plaque, pas vraiment une trappe de métro comme on les connaît, et une porte à ras du sol. Les repérages de ces deux alternatives furent assez brefs, mais jouissifs à souhait. Situés en plein milieu d’un boulevard où une voiture sur cinq est un fourgon de C.R.S. ou une voiture banalisée de la police, il faut bien dire que la discrétion devait y être de mise. J’ai du feindre de poser une petite pisse environ la moitié du temps. Discrétion recommandée donc, d’autant plus qu’une fois le chemin privilégié choisi, la plaque aux gonds dessoudés qui donnaient sur un puits de 40 cm de diagonale et de 8 mètres de profondeur, on se rendit compte que l’unique moyen de descendre dans cette gorge profonde serait forcément « flag ».
Quand j’y repense la porte à ras du sol aurait certes été ouverte en un tour de main, avec l’aide du cousin serrurier d’un ami, mais il fallait prendre la serrure en photo, la lui transmettre et surtout attendre qu’il nous livre la méthode d’ouverture, qui n’excluait de plus pas l’échec, trop frustrant pour être envisagé.
Et attendre était alors impossible. Trop excité. J’essayais bien de l’ouvrir avec une petite lame de roulotteur trouvée à proximité(photo 3615) mais, même si je l ‘ai vu plus d’une fois à la télé, le mimétisme que j’appliquai à la tâche ne donna aucun résultat, il me manquait certainement ce petit coup de poignet anodin qui sépare Mac Gyver et consorts de vous et moi.
Une chose parmi les plus frissonnantes est que l’on ne savait pas vraiment où on atterrirait une fois en bas du puits. Les appels d’air énormes, sortes de gros pets pestilentiels qui jaillissaient et ponctuaient le passage d’une rame nous laissaient bien penser que le tunnel « voyageurs » ne devait pas être très loin mais le flou régnait quant à l’architecture du lieu.
On courut, enfin on passa la cinquième, jusque chez un pote chercher une échelle adéquate. Pensant que deux éléments de ce qui était à la base une échelle en trois parties nous suffiraient. Une fois les éléments assemblés par mes fameux « lacets », qui étaient une des solutions que j’avais trouvé pour pouvoir récupérer une échelle une fois ma traction accomplie en haut d’un mur(voir schéma B-52)(avec ma toute aussi fameuse échelle si pratique mais disparue que j’avais kidnappé et qui me manque terriblement aujourd’hui, là où tu es saches que je pense à toi souvent) on plongeât, car c’est bien le terme à utiliser ici, l’échelle dans le trou. Très symbolique(...)(voir schéma M-16) cette action était aussi visuellement dérangeante et hors-propos pour tout un chacun. Une sorte de plongeon à la perche, exécuté dans un style très grec, très olympique.
Particulièrement flagrante pour des personnes comme vous oui. Mais pour des ouvriers d’EDF avec leurs gilets fluos c’était tout à fait normal ! Car le gilet fluo est un allié de poids du repéreur en milieu urbain. A savoir. Un petit signe de la main à chaque passage d’un collègue, conducteur de bus, trains ou représentant d’un autre corps de métier porteur de fluo et le marchand de sable passe.
« Elle est trop courte ».
« Merde ».
Pas découragés pour un sou, on repartit chercher le troisième élément de l’échelle. Sauf qu’à notre retour le problème nous sauta vite aux yeux. La diagonale de la plaque n’accepterait pas la largeur de ce troisième élément, à l’image une fille effarouchée par un pénis hors-norme. « T’inquiète ». Hop, mise de travers ça passe et ça tient même tout seul ! Sauf que ça dépasse de un mètre au milieu du boulevard.
« Hum... ». Les pieds-nickelés, pas très sérieux pour des ouvriers EDF.
« T’inquiète j’descends pister ».
Ma carrure passait au millimètre près dans le « triangle »(un inconvénient de mon époque muscu que je n’avais pas appréhendé)et je descendis rapidement les échelons(une métaphore lourde de sens).
Enfin au cœur du sujet, une indescriptible sensation monta de mes pieds une fois sur le sol. A droite, à gauche, pas de caméra. Parfait. Pas de métros non plus. « Fuck ». Je check le moindre détail, j’ouvre une porte, une autre, encore une autre, grimpe quelques marches et cogne violemment à la porte qui jouxtait le puits pour faire peur à mon pote. Un petit moment de détente pour oublier les risques encourus, pour respirer profondément, ça permet d’éliminer les acides du stress.
Ensuite. Pas de caméras c’est une chose. Je me dirige vers les rames de stationnement du dépôt, je me rends compte que l’on est fortement « grillables » des métros. Puis je check cette grande porte-grille face à laquelle je savais que j’allais me retrouver tôt ou tard. A nous deux, l’heure est venue. Gong. J’allume mon portable pour m’en servir de lampe-torche, et j’observe cette porte et son système d’ouverture. Un cadenas c’est tout. Un petit cadenas de rien du tout. Ma poids-lourde à moi, « la pince Monseigneur » s’occupera de lui. « Million dollar baby » c’est elle. 800 kilos de pression(à l’image d’un Ivan Drago), des milliers de combats, autant de KO, aucune défaite. Pas le temps de squatter non plus retour à la surface, après une apnée jouissive.
Le soir même, action. On se gare un peu loin, et dans une rue juste avant le plan, on se fait griller d’entrée par le concierge d’un immeuble, le genre de mec à la dégaine vraiment louche, qui sentait le justicier à plein nez, qui puait le copain à flic, et qui sortait les poubelles à une heure du matin. « C’est mort ». On repasse par une autre rue, le concierge est encore là, nous regarde et enclenche une crise de parano collective marrante après-coup. Là c’était parti pour les scénarios farfelus, Hollywood au pays des taggueurs. On décide de rebrousse chemin. On s’imagine grillés, le plan mort, on repasse pour récupérer Million dollar baby, je crois apercevoir une tête à une fenêtre qui s’avérera le lendemain être un abat-jour(j’vous jure que la nuit on aurait dit une tête de flic, crâne rasé, planqué dans le coin à me mater). Le stress est au maximum, on passe même chez moi changer de voiture, je mets une chemise pour retourner chercher MDB et esquiver en cas de contrôle... La paranoïa à son stade ultime.
L’échelle resta là quelques jours, plantée comme un javelot. Je lui offrit un accordéon de chantier pour justifier sa présence et lui donner plus d’assise, plus de légitimité. Les jours passaient, sans jamais nous offrir de métro.
Je descendais une fois, puis deux, histoire de dire, et histoire de gagner du temps. Million dollar baby mit un terme à la vie morne du cadenas de la grille noire, d’un coup sec et froid. Remplacé par un cadenas dont nous avions les clés. Un truc de moins à descendre et à faire. Puis une troisième ou quatrième fois on en profita pour avancer dans ce tunnel, pour voir si oui ou non ce tunnel bis était un tunnel de délestage ou un accès à un dépôt. Car on avait réussi à avoir des renseignements très précis, et très crédibles puisque émanant de haut-placés de la régie, sur la structure du dépôt. Mais rien. Pas un rail qui bifurque vers un entrepôt, pas une échelle qui mène encore plus bas dans le plaisir. Juste deux voies vides, mortes.
« On remonte ». Fin des repérages, place à l’attente.
Episode 2
Les facteurs sonnent toujours trois fois.
Comme expliqué dans l’épisode 1 les repérages terminés, restait à guetter, à attendre. Attendre sans vraiment faire autre chose, sans peindre, trop impatients et omnibulés par ce plan pour redescendre la pression sur un plan pépère.
C’était ça ou rien. J’ai jamais aimé taggué pour tagguer. J’ai taggué pour les sensations, pour l’adrénaline, pas pour accumuler des photos de trains et m’enfermer dans un système et sa routine. Je ne vais pas reproduire un schéma social dans une activité asociale. Il me faut de l’exceptionnel, du vierge, du neuf, du jamais-vu. A chaque fois, jamais deux fois le même plan, jamais deux fois le même délire.
Dans un sens j’ai fait le tour du graffiti, malgré ma pucellerie trainiste et métroiste. Jamais vu le moindre intérêt de vider des bombes sur un train. Du moins à Lille et dans le Nord. J’ai longtemps pensé que c’était juste à cause des vidéos et des parisiens que les mecs peignent des trains par ici. Pour 95% d’entre eux. Le train n’est pas partie intégrante de l’espace urbain comme il l’est à Paris. Paris c’est grand, c’est Paris même plus ses banlieues. Les RER sont une cible « légitime » parce qu’il sont empruntés quotidiennement par les mecs qui les défoncent.
Ici il faut bouger. C’est toi qui va à la pièce pas la pièce qui vient à toi, qui t’explose à la gueule. Du coup comme c’est toi qui la cherche c’est toi qui la domine. Et le charme n’existe plus. Pas de surprise, pas de claque. Et alors je ne parle pas du fait que les mecs changent de nom à chaque train. Le tag c’est pas ça merde ! T’as un nom, t’en es fier, tu l’assumes, tu le poses comme « tu poses tes couilles sur la table », eh ben là c’est pose tes couilles sur le train, pose tes couilles sur le métro. Après c’est pas assumer les risques. C’est « j’me suis fait arrêter pour c’nom là mais j’avais fait cent quatorze trains avec tel et tel autres nananère j’les ai bien eu ». Nan nan si tu t’es fais sauter tu t’es fais sauter tu peux pas t’en vanter. C’est comme se vanter d’être allé en prison. Se vanter d’être mauvais. J’préfère voir dix trains d’un mec qui change pas de nom que cent trains d’un mec qui change à chaque fois.
Bref on attendait. Sans vider notre juice et nos bombes. On amassait grave d’ailleurs. Du juice et des bombes. J’demandais à mon pote d’aller vérifier si l’échelle était toujours là où on l’avait caché. Ca faisait quand même presque une semaine. Mon pote me rappelle et me dit qu’il a regardé vite fait sans la trouver. J’y vais avec lui on ratisse grave le coin de la cachette. Envolée. Enfin envolée, volée plutôt, sûrement par des gitans vu le coin paumé où elle dormait, ou des toxicos, vu le nombre de seringues croisées, qui ont du être contents sachant qu’ils allaient la revendre. « Ma dose et vite ». Pour rajouter une couche à notre dégoût, comme par hasard, le dépôt déborde. Pour la première fois en plusieurs semaines. Au moins quatre métros plus peut-être d’autres derrière. Et juste au bord, devant la grille, devant notre grille. Genre le plan velours. Mais vas trouver une échelle de neuf mètres en une heure.
On se rabat sur la petite porte à côté du puits, tentant de l’ouvrir, sans succès. Un cousin de Million dollar baby, Pied d’biche pourrait nous donner un sacré coup de main. Encore faut-il le trouver. Coup d’fil, c’est bon dans une heure on passe le prendre. On revient, caché dans un sac de surgelés Pied d’biche est discret. Hop je le fais coulisser le long de la fente, je remonte vers la serrure, je glisse il me faut un autre truc pour bloquer. On repart chercher un tournevis dans la voiture. Mon pote, un autre ce jour là, bloque la porte avec, je saque, ça glisse, je sors, je rerentre, et là sans forcer, comme une fille qui se fait violer depuis dix minutes et qui n’a plus de force, la serrure lâche prise et tombe tout doucement, presque joliment, sans laisser une trace d’effraction. Et en nous permettant de laisser la porte contre sans que l’on puisse s’apercevoir de quoique ce soit. Alors là c’est l’implosion. Dans nos têtes on est déjà sur le métro en train de tracer. On repart en sautillant comme des gosses chercher les bombes et le dernier compère. Ah ouais j’y pense j’ai encore bien du pisser huit fois, pour du vrai, à force de venir et revenir sur ce plan.
On descend et là en bas des marches la porte que j’avais ouverte dans l’autre sens nous fait face sans poignées...Putain j’avais pas fait gaffe quand j’étais passé par-là l’autre fois. J’aurais pu être enfermé entre deux portes comme un connard. On retourne chercher le pied d’biche et là c’est parti pour la session effraction flagrante, bruyante au possible. Les portes glissent, pas de prises, on saque dedans au pied, ça pète dans tous les sens, et là boom. Le pied d’biche glisse et provoque un bruit tellement fort qu’on se dit que là on est grillé des deux bouts de la ligne. Ils vont croire à une bombe. On reste. A force de taper dedans et de tirer comme des dératés, comme des morts de faim, on arrive à l’ouvrir. Mon pote remonte planquer le pied d’biche. J’avance en éclaireur et refait face à une autre porte à sens unique. On est plus à un chef d’accusation prêt donc redonne-moi le pied d’biche je vais continuer sur ma lancée en plus j’commence à maîtriser le forçage de porte. Sur celle-là je galère encore plus. Mais on force dans tous les sens. Une fois qu’elle lâche j’aperçois juste derrière quelque chose alors qu’il est sensé ne rien avoir.
Une machine de guerre. A l’endroit même où l’on atterrissait avec l’échelle. Une de ces grosses machines pour travailler sur les rails, sans carrosserie et qui ressemble à une machine de film fantastique des années trente. Je recule, respire et direct je fais le rapprochement, tout s’enchaîne dans ma tête, s’il y une machine là c’est qu’elle est rentrée par la grille, c’est donc qu’ils ont pisté notre cadenas. Et donc peut-être notre intrusion. J’préfère me dire qu’ils ont cherché pendant des heures qui avait les clés de ce cadenas, se rejetant la faute entre collègues, appelant tous les services pour dénouer cette histoire : « allô Jean-Pierre c’est Michel, bordel elle est où la clé 412 ? ». C’est hautement plausible connaissant un peu le monde de l’entreprise et au passage ça rassure les potes. Les même potes qui me disent qu’il n’y a pas de métro. « Quoi ?!? ». Je les pousse et j’en vois un direct, en un quart de seconde, la bave aux lèvres, un métro nouveau modèle au fond, un peu éloigné, éteint et presque invisible.
Toujours est-il qu’il faut retourner chercher Million dollar baby à l’autre bout de la ville. On repart, on passe prendre un pote au passage pour filmer et pister. Et pour mettre des droites si ça chauffe. On descend pour la énième fois, prêts à en découdre avec tout ce qui se présente. Ouvriers, sécurité, police, on a fait nos lacets et on est armé, moi prêt à gueuler en chargeant et en faisant tournoyer la pince au-dessus de ma tête pour faire flipper tout le monde. On avance, pousse ce qu’il reste des portes, c’est-à-dire pas grand chose, on coupe le cadenas, et on court jusqu’à ce métro qu’on attendait depuis trois semaines. Vraiment un peu loin par rapport à l’entrée mais proche de l’autre sortie. Et grillé à mort par deux caméras. « Ni**e sa mère, i’a beau être 19 heures 30 on va l’chicote ». On saute dessus comme des hyènes, on commence à peindre, et là, à peine notre première lettre remplie, le métro s’allume, et une voix nous informe que « Vous êtes vus, la police va arriver(...) ». Forcément on stresse un peu, on hésite, parce qu’en dix minutes on peut plier les pièces mais en même temps on est dans un quartier où on peut vite être encerclé par la moitié des effectifs de police de la ville. On décide de se barrer par l’issue de rechange. On court à un rythme de footing. Tranquille. On regrette déjà de ne pas être resté pour finir. On se planque, on attend à deux que les deux autres aillent chercher la voiture. Vingt minutes passent. Mes potes me disent qu’ils sont passé devant l’entrée. Rien, pas de débarquement, pas une voiture, pas d’affolement, rien.
On repassera. Sans sonner.
Episode 1
(A propos)Des pérégrinations diurnes
On, et par on j’entends ce cercle restreint d’activistes qui recherchent la nouveauté, qui défrichent et qui insufflent une poésie dans ce monde aseptisé par l’uniformisation, par ses chemins balisés, se demande assez fréquemment voir systématiquement ce que « les gens » pourraient avoir comme réactions et, éventuellement, comme réflexions, à la découverte de ce que l’on appellera ici « repérages ». Repérages qui consistent en une batterie de tests et mesures, observations quasi-scientifiques puisque celles-ci n’ont jamais fait l’objet d’une étude approfondie et d’une théorisation.
Utilisés dans tous les domaines : militaire, banditisme, terrorisme, étude de la faune et de la flore, et grosso-modo toute activité plus funky que la manutention et les trois 8 à l’usine, les repérages seront ici « exemplés » du graffiti. Caractérisé par une nature paradoxale, empreinte d’une légèreté toute puérile et d’une violence harcelante propre au monde dit adulte, l’activisme mural, le tag pour ne pas tergiverser puisque c’est ainsi qu’il est nommé par 99% de ses pratiquants, est réduit généralement de prime abord à une activité adolescente, et à une simple inscription sur un mur, un train ou un autre support.
Mais équivalent à la drague, aux préliminaires sexuels, ou à la vue du sang pour un requin, l’odeur d’une proie pour un prédateur, c’est bien ce qui précède l’acte d’écrire qui apporte le plus de sensations, ces moments qui font se sécréter l’adrénaline, montant lentement et intensément comme la jouissance sexuelle.
Les repérages sont donc ce qui doit permettre d’éliminer le maximum de risques, et de fournir le maximum de renseignements utiles à une meilleure appréhension du lieu de l’action et des éléments qui le définissent. Entrée et sortie, chemins d’accès et d’évacuation, plans B, degré de sécurité, passages à risques, et aussi nécessité d’outils divers pour perpétrer effractions, création de raccourcis ou autres artisanats.
L’exemple qui suit est le dernier en date et le plus représentatif.
J’ai récemment consacré quelques heures à tenter de déflorer un dépôt de métro lillois, encore, je le croyais, non-répertorié par les principaux acteurs du « mouv’ ». Le récit d’un ancien partenaire, qui avait passé quelques nuits avec ses collègues à tenter de percer tous les secrets de ce qu’il faut bien appeler un dédale avait été mon premier contact avec « le plan ». Il me décrivit dans les grandes lignes les portes et trappes d’accès et de communication, les plans datant des origines, et tout un tas d’éléments qui ne leur avaient cependant pas permis d’arriver face à leur but, un beau métro ronflant tranquillement dans son dépôt.
Je lui avais dis instantanément qu’ils avaient choisi la mauvaise trappe. Et une fois embarqués dans le mauvais chemin, il n’était pas étonnant qu’ils rentrent bredouilles.
« Moi j’sais par où il faut passer »
Puis quelques mois passèrent. J’apercevais fréquemment un métro ronronner aux abords du tunnel, et qui n’attendait qu’une intrusion pour l’aider à rentrer dans l’histoire du métro lillois. Tout ceci restait cependant à l’état de phantasme, de projet avorté, et même les nombreuses « enjohnnisations » d’un ou deux amis ne me motivaient pas à franchir le pas.
Et du jour au lendemain, démangé par l’envie de peindre un métro, comme cela m’arrive quatre-cinq fois dans l’année sans que j’assouvisse jamais ce désir, plus refroidi par la futilité de la chose que par les risques encourus, je me mis en tête d’en violer un. Violer car je voulais le traquer, aller le chercher, le sentir, le forcer. Je ne voulais pas céder à la facilité. Tant qu’à perdre des bombes à tagger un métro qui ne circulera pas, et donc à ne me satisfaire que d’une photo et des sensations de l’instant, autant monter la barre jusqu’à ce que l’on appelle le « next level ». Sachant que ce dépôt n’avait jamais été fait, j’étais déjà excité rien qu’à l’idée d’en approcher la structure, de fouler ses grilles de marche, d’en parcourir les tunnels, de caresser ses murs, sa peau, d’en respirer le parfum, cette odeur moite, chaude, qui à n’importe quel autre nez passerait pour puante mais que j’aimais tellement depuis ma première expérience « sextunnelle », et qui caractérise le métro lillois à cause de ses tunnels hermétiques.
Une grosse quinzaine d’allers-retours avec un collègue, qui m’auront par ailleurs permis de rentabiliser un peu mon ticket de transport à l’année, à observer le tunnel le nez collé au pare-brise avant comme un gosse ; « c’est moi qui conduit le métro ! »; zieutant avec attention les embranchements, les portes, les renfoncements, et n’importe quelle caractéristique architecturale qui pouvait nous aider à mieux comprendre ce carrefour de lignes. Après quoi l’on partit en surface continuer notre batterie de tests et analyses. On retint alors deux éléments : un puits de lumière, qui semblait être situé sous une trappe que nous avions volontairement abandonné car trop exposée et une grande grille noire imposante qui, et je le sentis tout de suite, me provoquerait en duel à un moment ou à un autre.
Calcul des distances(schéma 3.14)assez approximatif, étude des parallélismes et perpendicularités, bref petit précis de mathématiques géométriques urbaines, avec au programme angles et orientations des lignes.
Imaginez deux individus qui descendent dans une station avec les bras formant un angle correspondant aux lignes tracées en surface reliant les accès et qui tentent de les calquer dans la station en tenant compte des virages et couloirs de celle-ci pour les appliquer aux lignes. Ardu. Et bizarre. A la limite même du casting de Ca se discute. En surface, à l’air libre, deux choix s’offraient donc à nous. Une plaque, pas vraiment une trappe de métro comme on les connaît, et une porte à ras du sol. Les repérages de ces deux alternatives furent assez brefs, mais jouissifs à souhait. Situés en plein milieu d’un boulevard où une voiture sur cinq est un fourgon de C.R.S. ou une voiture banalisée de la police, il faut bien dire que la discrétion devait y être de mise. J’ai du feindre de poser une petite pisse environ la moitié du temps. Discrétion recommandée donc, d’autant plus qu’une fois le chemin privilégié choisi, la plaque aux gonds dessoudés qui donnaient sur un puits de 40 cm de diagonale et de 8 mètres de profondeur, on se rendit compte que l’unique moyen de descendre dans cette gorge profonde serait forcément « flag ».
Quand j’y repense la porte à ras du sol aurait certes été ouverte en un tour de main, avec l’aide du cousin serrurier d’un ami, mais il fallait prendre la serrure en photo, la lui transmettre et surtout attendre qu’il nous livre la méthode d’ouverture, qui n’excluait de plus pas l’échec, trop frustrant pour être envisagé.
Et attendre était alors impossible. Trop excité. J’essayais bien de l’ouvrir avec une petite lame de roulotteur trouvée à proximité(photo 3615) mais, même si je l ‘ai vu plus d’une fois à la télé, le mimétisme que j’appliquai à la tâche ne donna aucun résultat, il me manquait certainement ce petit coup de poignet anodin qui sépare Mac Gyver et consorts de vous et moi.
Une chose parmi les plus frissonnantes est que l’on ne savait pas vraiment où on atterrirait une fois en bas du puits. Les appels d’air énormes, sortes de gros pets pestilentiels qui jaillissaient et ponctuaient le passage d’une rame nous laissaient bien penser que le tunnel « voyageurs » ne devait pas être très loin mais le flou régnait quant à l’architecture du lieu.
On courut, enfin on passa la cinquième, jusque chez un pote chercher une échelle adéquate. Pensant que deux éléments de ce qui était à la base une échelle en trois parties nous suffiraient. Une fois les éléments assemblés par mes fameux « lacets », qui étaient une des solutions que j’avais trouvé pour pouvoir récupérer une échelle une fois ma traction accomplie en haut d’un mur(voir schéma B-52)(avec ma toute aussi fameuse échelle si pratique mais disparue que j’avais kidnappé et qui me manque terriblement aujourd’hui, là où tu es saches que je pense à toi souvent) on plongeât, car c’est bien le terme à utiliser ici, l’échelle dans le trou. Très symbolique(...)(voir schéma M-16) cette action était aussi visuellement dérangeante et hors-propos pour tout un chacun. Une sorte de plongeon à la perche, exécuté dans un style très grec, très olympique.
Particulièrement flagrante pour des personnes comme vous oui. Mais pour des ouvriers d’EDF avec leurs gilets fluos c’était tout à fait normal ! Car le gilet fluo est un allié de poids du repéreur en milieu urbain. A savoir. Un petit signe de la main à chaque passage d’un collègue, conducteur de bus, trains ou représentant d’un autre corps de métier porteur de fluo et le marchand de sable passe.
« Elle est trop courte ».
« Merde ».
Pas découragés pour un sou, on repartit chercher le troisième élément de l’échelle. Sauf qu’à notre retour le problème nous sauta vite aux yeux. La diagonale de la plaque n’accepterait pas la largeur de ce troisième élément, à l’image une fille effarouchée par un pénis hors-norme. « T’inquiète ». Hop, mise de travers ça passe et ça tient même tout seul ! Sauf que ça dépasse de un mètre au milieu du boulevard.
« Hum... ». Les pieds-nickelés, pas très sérieux pour des ouvriers EDF.
« T’inquiète j’descends pister ».
Ma carrure passait au millimètre près dans le « triangle »(un inconvénient de mon époque muscu que je n’avais pas appréhendé)et je descendis rapidement les échelons(une métaphore lourde de sens).
Enfin au cœur du sujet, une indescriptible sensation monta de mes pieds une fois sur le sol. A droite, à gauche, pas de caméra. Parfait. Pas de métros non plus. « Fuck ». Je check le moindre détail, j’ouvre une porte, une autre, encore une autre, grimpe quelques marches et cogne violemment à la porte qui jouxtait le puits pour faire peur à mon pote. Un petit moment de détente pour oublier les risques encourus, pour respirer profondément, ça permet d’éliminer les acides du stress.
Ensuite. Pas de caméras c’est une chose. Je me dirige vers les rames de stationnement du dépôt, je me rends compte que l’on est fortement « grillables » des métros. Puis je check cette grande porte-grille face à laquelle je savais que j’allais me retrouver tôt ou tard. A nous deux, l’heure est venue. Gong. J’allume mon portable pour m’en servir de lampe-torche, et j’observe cette porte et son système d’ouverture. Un cadenas c’est tout. Un petit cadenas de rien du tout. Ma poids-lourde à moi, « la pince Monseigneur » s’occupera de lui. « Million dollar baby » c’est elle. 800 kilos de pression(à l’image d’un Ivan Drago), des milliers de combats, autant de KO, aucune défaite. Pas le temps de squatter non plus retour à la surface, après une apnée jouissive.
Le soir même, action. On se gare un peu loin, et dans une rue juste avant le plan, on se fait griller d’entrée par le concierge d’un immeuble, le genre de mec à la dégaine vraiment louche, qui sentait le justicier à plein nez, qui puait le copain à flic, et qui sortait les poubelles à une heure du matin. « C’est mort ». On repasse par une autre rue, le concierge est encore là, nous regarde et enclenche une crise de parano collective marrante après-coup. Là c’était parti pour les scénarios farfelus, Hollywood au pays des taggueurs. On décide de rebrousse chemin. On s’imagine grillés, le plan mort, on repasse pour récupérer Million dollar baby, je crois apercevoir une tête à une fenêtre qui s’avérera le lendemain être un abat-jour(j’vous jure que la nuit on aurait dit une tête de flic, crâne rasé, planqué dans le coin à me mater). Le stress est au maximum, on passe même chez moi changer de voiture, je mets une chemise pour retourner chercher MDB et esquiver en cas de contrôle... La paranoïa à son stade ultime.
L’échelle resta là quelques jours, plantée comme un javelot. Je lui offrit un accordéon de chantier pour justifier sa présence et lui donner plus d’assise, plus de légitimité. Les jours passaient, sans jamais nous offrir de métro.
Je descendais une fois, puis deux, histoire de dire, et histoire de gagner du temps. Million dollar baby mit un terme à la vie morne du cadenas de la grille noire, d’un coup sec et froid. Remplacé par un cadenas dont nous avions les clés. Un truc de moins à descendre et à faire. Puis une troisième ou quatrième fois on en profita pour avancer dans ce tunnel, pour voir si oui ou non ce tunnel bis était un tunnel de délestage ou un accès à un dépôt. Car on avait réussi à avoir des renseignements très précis, et très crédibles puisque émanant de haut-placés de la régie, sur la structure du dépôt. Mais rien. Pas un rail qui bifurque vers un entrepôt, pas une échelle qui mène encore plus bas dans le plaisir. Juste deux voies vides, mortes.
« On remonte ». Fin des repérages, place à l’attente.
Episode 2
Les facteurs sonnent toujours trois fois.
Comme expliqué dans l’épisode 1 les repérages terminés, restait à guetter, à attendre. Attendre sans vraiment faire autre chose, sans peindre, trop impatients et omnibulés par ce plan pour redescendre la pression sur un plan pépère.
C’était ça ou rien. J’ai jamais aimé taggué pour tagguer. J’ai taggué pour les sensations, pour l’adrénaline, pas pour accumuler des photos de trains et m’enfermer dans un système et sa routine. Je ne vais pas reproduire un schéma social dans une activité asociale. Il me faut de l’exceptionnel, du vierge, du neuf, du jamais-vu. A chaque fois, jamais deux fois le même plan, jamais deux fois le même délire.
Dans un sens j’ai fait le tour du graffiti, malgré ma pucellerie trainiste et métroiste. Jamais vu le moindre intérêt de vider des bombes sur un train. Du moins à Lille et dans le Nord. J’ai longtemps pensé que c’était juste à cause des vidéos et des parisiens que les mecs peignent des trains par ici. Pour 95% d’entre eux. Le train n’est pas partie intégrante de l’espace urbain comme il l’est à Paris. Paris c’est grand, c’est Paris même plus ses banlieues. Les RER sont une cible « légitime » parce qu’il sont empruntés quotidiennement par les mecs qui les défoncent.
Ici il faut bouger. C’est toi qui va à la pièce pas la pièce qui vient à toi, qui t’explose à la gueule. Du coup comme c’est toi qui la cherche c’est toi qui la domine. Et le charme n’existe plus. Pas de surprise, pas de claque. Et alors je ne parle pas du fait que les mecs changent de nom à chaque train. Le tag c’est pas ça merde ! T’as un nom, t’en es fier, tu l’assumes, tu le poses comme « tu poses tes couilles sur la table », eh ben là c’est pose tes couilles sur le train, pose tes couilles sur le métro. Après c’est pas assumer les risques. C’est « j’me suis fait arrêter pour c’nom là mais j’avais fait cent quatorze trains avec tel et tel autres nananère j’les ai bien eu ». Nan nan si tu t’es fais sauter tu t’es fais sauter tu peux pas t’en vanter. C’est comme se vanter d’être allé en prison. Se vanter d’être mauvais. J’préfère voir dix trains d’un mec qui change pas de nom que cent trains d’un mec qui change à chaque fois.
Bref on attendait. Sans vider notre juice et nos bombes. On amassait grave d’ailleurs. Du juice et des bombes. J’demandais à mon pote d’aller vérifier si l’échelle était toujours là où on l’avait caché. Ca faisait quand même presque une semaine. Mon pote me rappelle et me dit qu’il a regardé vite fait sans la trouver. J’y vais avec lui on ratisse grave le coin de la cachette. Envolée. Enfin envolée, volée plutôt, sûrement par des gitans vu le coin paumé où elle dormait, ou des toxicos, vu le nombre de seringues croisées, qui ont du être contents sachant qu’ils allaient la revendre. « Ma dose et vite ». Pour rajouter une couche à notre dégoût, comme par hasard, le dépôt déborde. Pour la première fois en plusieurs semaines. Au moins quatre métros plus peut-être d’autres derrière. Et juste au bord, devant la grille, devant notre grille. Genre le plan velours. Mais vas trouver une échelle de neuf mètres en une heure.
On se rabat sur la petite porte à côté du puits, tentant de l’ouvrir, sans succès. Un cousin de Million dollar baby, Pied d’biche pourrait nous donner un sacré coup de main. Encore faut-il le trouver. Coup d’fil, c’est bon dans une heure on passe le prendre. On revient, caché dans un sac de surgelés Pied d’biche est discret. Hop je le fais coulisser le long de la fente, je remonte vers la serrure, je glisse il me faut un autre truc pour bloquer. On repart chercher un tournevis dans la voiture. Mon pote, un autre ce jour là, bloque la porte avec, je saque, ça glisse, je sors, je rerentre, et là sans forcer, comme une fille qui se fait violer depuis dix minutes et qui n’a plus de force, la serrure lâche prise et tombe tout doucement, presque joliment, sans laisser une trace d’effraction. Et en nous permettant de laisser la porte contre sans que l’on puisse s’apercevoir de quoique ce soit. Alors là c’est l’implosion. Dans nos têtes on est déjà sur le métro en train de tracer. On repart en sautillant comme des gosses chercher les bombes et le dernier compère. Ah ouais j’y pense j’ai encore bien du pisser huit fois, pour du vrai, à force de venir et revenir sur ce plan.
On descend et là en bas des marches la porte que j’avais ouverte dans l’autre sens nous fait face sans poignées...Putain j’avais pas fait gaffe quand j’étais passé par-là l’autre fois. J’aurais pu être enfermé entre deux portes comme un connard. On retourne chercher le pied d’biche et là c’est parti pour la session effraction flagrante, bruyante au possible. Les portes glissent, pas de prises, on saque dedans au pied, ça pète dans tous les sens, et là boom. Le pied d’biche glisse et provoque un bruit tellement fort qu’on se dit que là on est grillé des deux bouts de la ligne. Ils vont croire à une bombe. On reste. A force de taper dedans et de tirer comme des dératés, comme des morts de faim, on arrive à l’ouvrir. Mon pote remonte planquer le pied d’biche. J’avance en éclaireur et refait face à une autre porte à sens unique. On est plus à un chef d’accusation prêt donc redonne-moi le pied d’biche je vais continuer sur ma lancée en plus j’commence à maîtriser le forçage de porte. Sur celle-là je galère encore plus. Mais on force dans tous les sens. Une fois qu’elle lâche j’aperçois juste derrière quelque chose alors qu’il est sensé ne rien avoir.
Une machine de guerre. A l’endroit même où l’on atterrissait avec l’échelle. Une de ces grosses machines pour travailler sur les rails, sans carrosserie et qui ressemble à une machine de film fantastique des années trente. Je recule, respire et direct je fais le rapprochement, tout s’enchaîne dans ma tête, s’il y une machine là c’est qu’elle est rentrée par la grille, c’est donc qu’ils ont pisté notre cadenas. Et donc peut-être notre intrusion. J’préfère me dire qu’ils ont cherché pendant des heures qui avait les clés de ce cadenas, se rejetant la faute entre collègues, appelant tous les services pour dénouer cette histoire : « allô Jean-Pierre c’est Michel, bordel elle est où la clé 412 ? ». C’est hautement plausible connaissant un peu le monde de l’entreprise et au passage ça rassure les potes. Les même potes qui me disent qu’il n’y a pas de métro. « Quoi ?!? ». Je les pousse et j’en vois un direct, en un quart de seconde, la bave aux lèvres, un métro nouveau modèle au fond, un peu éloigné, éteint et presque invisible.
Toujours est-il qu’il faut retourner chercher Million dollar baby à l’autre bout de la ville. On repart, on passe prendre un pote au passage pour filmer et pister. Et pour mettre des droites si ça chauffe. On descend pour la énième fois, prêts à en découdre avec tout ce qui se présente. Ouvriers, sécurité, police, on a fait nos lacets et on est armé, moi prêt à gueuler en chargeant et en faisant tournoyer la pince au-dessus de ma tête pour faire flipper tout le monde. On avance, pousse ce qu’il reste des portes, c’est-à-dire pas grand chose, on coupe le cadenas, et on court jusqu’à ce métro qu’on attendait depuis trois semaines. Vraiment un peu loin par rapport à l’entrée mais proche de l’autre sortie. Et grillé à mort par deux caméras. « Ni**e sa mère, i’a beau être 19 heures 30 on va l’chicote ». On saute dessus comme des hyènes, on commence à peindre, et là, à peine notre première lettre remplie, le métro s’allume, et une voix nous informe que « Vous êtes vus, la police va arriver(...) ». Forcément on stresse un peu, on hésite, parce qu’en dix minutes on peut plier les pièces mais en même temps on est dans un quartier où on peut vite être encerclé par la moitié des effectifs de police de la ville. On décide de se barrer par l’issue de rechange. On court à un rythme de footing. Tranquille. On regrette déjà de ne pas être resté pour finir. On se planque, on attend à deux que les deux autres aillent chercher la voiture. Vingt minutes passent. Mes potes me disent qu’ils sont passé devant l’entrée. Rien, pas de débarquement, pas une voiture, pas d’affolement, rien.
On repassera. Sans sonner.
Jackie Quartz
Juste une mise au point, sur les plus belles images de ma vie.
"Et puis, à quoi bon tout dire ? N'est-il pas doux au contraire de conserver dans le recoin du cœur des choses inconnues, des souvenirs que nul autre ne peut s'imaginer et que vous évoquez les jours sombres comme aujourd'hui, dont la réapparition vous illumine de joie et vous charmera comme dans un rêve ?"
Gustave Flaubert, 15 septembre 1840
Flaubert avait entrepris de parcourir le sud de la France, et de noter ses impressions sur sa journée le soir venu dans ses carnets. En 2006 le verbe est moins châtié et le glossaire un tantinet plus pauvre, cependant le fond du propos s’est logiquement imposé semblable lorsque j’ai interrogé des « voyageurs ». Car l’origine, l’essence même du tag tiens dans le déplacement, et c’est en cela qu’un taggueur, à mon sens, est un voyageur.
Le Nord est loin d’être parmi les destinations touristiques favorites des français, c’est certainement ce qui l’a éloigné d’une médiatisation de sa scène graffiti. Loin de la pluie, des mines, et de tous les clichés qui lui collent à la peau, le graffiti y perdure pourtant sous sa forme la plus pure : un nom, apposé sur un maximum de supports, dans l’illégalité. Loin elle aussi des clichés du graffiti et de ses récupérations toutes plus travesties les unes que les autres.
Lille et ses satellites immédiats, mais aussi Dunkerque, Arras, Valenciennes…ont depuis 1985 et jusqu’à aujourd’hui fourni une matière dense, secrètement gardée, archivée : tags, throw-ups et block-letters, sur murs et trains. Formant l’un des pans les plus denses de la culture contemporaine, l’héritage perpétuel de cette scène n’a jamais recueilli et ne recueillera jamais les suffrages. Car là n’est pas son but. Ce qui suit n’est d’ailleurs pas une énième tentative de justification ou d’explication. Le tag est à mes yeux le dernier refuge de la poésie et de la gratuité, point. Gratuité du geste, et poésie qui suinte naturellement des briques rouges, nos briques rouges, transpirant au travers d’un chrome qui reflète au soleil des centaines d’histoires.
Et l’histoire, ces histoires, s’échangent, s’apprennent. Bien avant de découvrir le « writer’s bench » de la station Grand Concourse de New York, immortalisé dans Style Wars, je me suis assis sur un banc, à écouter. C’était un soir du printemps 1998. Si près et en même temps si loin des blogs, fotologs, de toute l’impersonnalité, toute la virtualité du 21ème siècle. C’est un livre vivant qui s’ouvrait à moi ce soir-là. A l’école de la rue, mon « premier banc » restera comme l’un de mes tous meilleurs souvenirs. Il prit place lors de ma première rencontre avec Sleek. Pour la plupart des lecteurs, ce nom n’évoque rien. Pour quelques autres il résonne sans pareil. A l’époque il était en retrait du « milieu », et au cœur de toutes les rumeurs, de toutes les haines et jalousies inhérentes aux gens qui s’exposent, au sens propre comme au figuré. Moi, un rookie qui ne connaissait rien. Cette soirée fut un vrai moment, rare, une formation accélérée, une tranche d’histoire épaisse, une tartine d’anecdotes et de leçons que je digère encore, et dont l’esprit imprègne ce livre.
Mais alors « à quoi bon tout dire », tout montrer, tout enfermer dans un livre? A quoi bon tenter de restituer un environnement, une ambiance, des couleurs, des émotions, en alignant les photos, qui pourraient ne paraître que pour des instantanés et pour la partie immergée de l’iceberg ? Comment et pourquoi ne pas verser dans la nostalgie ? Comment équilibrer le passé et le présent, en devançant l’emprise du temps ? Le grand nombre d’ouvrages consacrés au graffiti sortis depuis cinq ans, la multiplication des magazines, des sites Internet, les erreurs et les oublis, les pièges et les enseignements nous ont donné quelques réponses et pavé en partie la voie. Mais les questions se renouvellent et s’accumulent. Les légendes de l’underground dont personne n’a jamais parlé ne sont-elles pas mieux là où elles vivent ? Dans le cœur et la tête des passionnés ? Faut-il les sortir de leur écrin ? Nombre de protagonistes de la scène du Nord ont préféré ne pas voir leur histoire résumée dans un livre pour des raisons diverses.
Mais aujourd’hui, comme Flaubert, les « choses inconnues », les « souvenirs que nul autre ne peut imaginer », « m’illuminent », me nourrissent. Les instants que j’ai dans la tête, qu’aucun appareil ne pourrait retranscrire sur papier ou écran, l’excitation encore ressentie dix ans après à l’évocation du mur du tram, ou de tout ce que j’ai directement approché de par mon activisme, sont les plus enviables et les plus forts qu’il m’ait été donné de vivre. Leur transmission me paraît utile, nécessaire, afin que les nouvelles générations, comme moi et d’autres l’avons fait il y a maintenant dix ans, prennent le relais. J’aurais évidemment préféré m’asseoir, « faire des bancs ».
Le tag, cet egotrip ultime, indescriptible ou presque, aux origines aussi nombreuses que les vocations, est aussi un voyage dans les méandres du cerveau et les profondeurs du corps humain. L’addiction à cette vie, faite d’illégalité, de vol et d’incompréhension perpétuelle, est totale. Je n’ai jamais considéré le graffiti comme un hobby ou comme une mode. Mais comme un excès, un extrême, un besoin vital. Qui réveille à 4heures du mat’, obsédé par le plan et complètement spasmé par l’adrénaline. C’est « reborde ta copine et charge tes bombes ». Je pourrais en parler pendant des heures, de chaque détail, chaque aventure, mais d’autres voient dans leur « travail » suffisamment de réponses à toutes les curiosités.
J’ai comme prétention d’apporter mon regard sur ce qu’a été le graffiti dans le Nord, l’écriture, le tag. Ce regard forcément subjectif je l’ai affûté depuis vingt ans, depuis les premiers tags qui balisaient mes trajets enfant. J’ai grandi les yeux rivés sur les murs, parcourant chaque jour des kilomètres à droite et à gauche. Je sais qui était là, quand, qui a pompé quelle lettre sur qui, et qui a fait son truc avec les tripes. J’y ai glané des amitiés et des rivalités. J’y ai surtout appréhendé des sentiments « vrais ». Nourris de fond en comble par la passion. La vanité qui semble s’échapper de ces lignes n’est au final que réalisme.
Un réalisme affiné au cours de mes travaux préparatoires, lors des multiples discussions que j’ai eu avec les principaux acteurs et spectateurs du « mouvement », afin de leur exposer le projet et nos motivations. Certains ont été dissertes, d’autres non, et d’autres encore utopistes, croyant déjà lire quatre pages à leur sujet. Il est vrai que, pour être le plus complet possible, le résumé de l’histoire d’une région implique la présence de personnes que « l’intelligentsia graffiti » considérerait comme incongrue, peu « vendeuse ». J’ai compris qu’elle était justifiée par l’énergie que certains ont mis, au détriment d’un style « académique », à écrire leurs pages. L’apport d’un mec qui ne fait que des couleurs « mortelles » le dimanche au fin fond de la campagne et d’un mec qui ne fait que des tags « simples » toute la semaine au cœur de la ville et de la vie, sont-ils pas équivalents ? Les deux motivent leurs détracteurs comme leurs partisans, et seront chacun probablement cités vingt ans après pour leur influence.
Les ego d’un bon nombre vont donc se froisser, tant mieux. La sélection qui s’est opéré a vu le grain séparé de l’ivraie. J’ai embarqué dans un bateau dont je ne voulais pas voir le pavillon battre softcore, assis sur le ponton à attendre. Si nous ne l’avions pas fait d’autres s’en seraient chargé, avec un objectif certainement plus mercantile, aux relents de copinage pestilentiels.
"Et puis, à quoi bon tout dire ? N'est-il pas doux au contraire de conserver dans le recoin du cœur des choses inconnues, des souvenirs que nul autre ne peut s'imaginer et que vous évoquez les jours sombres comme aujourd'hui, dont la réapparition vous illumine de joie et vous charmera comme dans un rêve ?"
Gustave Flaubert, 15 septembre 1840
Flaubert avait entrepris de parcourir le sud de la France, et de noter ses impressions sur sa journée le soir venu dans ses carnets. En 2006 le verbe est moins châtié et le glossaire un tantinet plus pauvre, cependant le fond du propos s’est logiquement imposé semblable lorsque j’ai interrogé des « voyageurs ». Car l’origine, l’essence même du tag tiens dans le déplacement, et c’est en cela qu’un taggueur, à mon sens, est un voyageur.
Le Nord est loin d’être parmi les destinations touristiques favorites des français, c’est certainement ce qui l’a éloigné d’une médiatisation de sa scène graffiti. Loin de la pluie, des mines, et de tous les clichés qui lui collent à la peau, le graffiti y perdure pourtant sous sa forme la plus pure : un nom, apposé sur un maximum de supports, dans l’illégalité. Loin elle aussi des clichés du graffiti et de ses récupérations toutes plus travesties les unes que les autres.
Lille et ses satellites immédiats, mais aussi Dunkerque, Arras, Valenciennes…ont depuis 1985 et jusqu’à aujourd’hui fourni une matière dense, secrètement gardée, archivée : tags, throw-ups et block-letters, sur murs et trains. Formant l’un des pans les plus denses de la culture contemporaine, l’héritage perpétuel de cette scène n’a jamais recueilli et ne recueillera jamais les suffrages. Car là n’est pas son but. Ce qui suit n’est d’ailleurs pas une énième tentative de justification ou d’explication. Le tag est à mes yeux le dernier refuge de la poésie et de la gratuité, point. Gratuité du geste, et poésie qui suinte naturellement des briques rouges, nos briques rouges, transpirant au travers d’un chrome qui reflète au soleil des centaines d’histoires.
Et l’histoire, ces histoires, s’échangent, s’apprennent. Bien avant de découvrir le « writer’s bench » de la station Grand Concourse de New York, immortalisé dans Style Wars, je me suis assis sur un banc, à écouter. C’était un soir du printemps 1998. Si près et en même temps si loin des blogs, fotologs, de toute l’impersonnalité, toute la virtualité du 21ème siècle. C’est un livre vivant qui s’ouvrait à moi ce soir-là. A l’école de la rue, mon « premier banc » restera comme l’un de mes tous meilleurs souvenirs. Il prit place lors de ma première rencontre avec Sleek. Pour la plupart des lecteurs, ce nom n’évoque rien. Pour quelques autres il résonne sans pareil. A l’époque il était en retrait du « milieu », et au cœur de toutes les rumeurs, de toutes les haines et jalousies inhérentes aux gens qui s’exposent, au sens propre comme au figuré. Moi, un rookie qui ne connaissait rien. Cette soirée fut un vrai moment, rare, une formation accélérée, une tranche d’histoire épaisse, une tartine d’anecdotes et de leçons que je digère encore, et dont l’esprit imprègne ce livre.
Mais alors « à quoi bon tout dire », tout montrer, tout enfermer dans un livre? A quoi bon tenter de restituer un environnement, une ambiance, des couleurs, des émotions, en alignant les photos, qui pourraient ne paraître que pour des instantanés et pour la partie immergée de l’iceberg ? Comment et pourquoi ne pas verser dans la nostalgie ? Comment équilibrer le passé et le présent, en devançant l’emprise du temps ? Le grand nombre d’ouvrages consacrés au graffiti sortis depuis cinq ans, la multiplication des magazines, des sites Internet, les erreurs et les oublis, les pièges et les enseignements nous ont donné quelques réponses et pavé en partie la voie. Mais les questions se renouvellent et s’accumulent. Les légendes de l’underground dont personne n’a jamais parlé ne sont-elles pas mieux là où elles vivent ? Dans le cœur et la tête des passionnés ? Faut-il les sortir de leur écrin ? Nombre de protagonistes de la scène du Nord ont préféré ne pas voir leur histoire résumée dans un livre pour des raisons diverses.
Mais aujourd’hui, comme Flaubert, les « choses inconnues », les « souvenirs que nul autre ne peut imaginer », « m’illuminent », me nourrissent. Les instants que j’ai dans la tête, qu’aucun appareil ne pourrait retranscrire sur papier ou écran, l’excitation encore ressentie dix ans après à l’évocation du mur du tram, ou de tout ce que j’ai directement approché de par mon activisme, sont les plus enviables et les plus forts qu’il m’ait été donné de vivre. Leur transmission me paraît utile, nécessaire, afin que les nouvelles générations, comme moi et d’autres l’avons fait il y a maintenant dix ans, prennent le relais. J’aurais évidemment préféré m’asseoir, « faire des bancs ».
Le tag, cet egotrip ultime, indescriptible ou presque, aux origines aussi nombreuses que les vocations, est aussi un voyage dans les méandres du cerveau et les profondeurs du corps humain. L’addiction à cette vie, faite d’illégalité, de vol et d’incompréhension perpétuelle, est totale. Je n’ai jamais considéré le graffiti comme un hobby ou comme une mode. Mais comme un excès, un extrême, un besoin vital. Qui réveille à 4heures du mat’, obsédé par le plan et complètement spasmé par l’adrénaline. C’est « reborde ta copine et charge tes bombes ». Je pourrais en parler pendant des heures, de chaque détail, chaque aventure, mais d’autres voient dans leur « travail » suffisamment de réponses à toutes les curiosités.
J’ai comme prétention d’apporter mon regard sur ce qu’a été le graffiti dans le Nord, l’écriture, le tag. Ce regard forcément subjectif je l’ai affûté depuis vingt ans, depuis les premiers tags qui balisaient mes trajets enfant. J’ai grandi les yeux rivés sur les murs, parcourant chaque jour des kilomètres à droite et à gauche. Je sais qui était là, quand, qui a pompé quelle lettre sur qui, et qui a fait son truc avec les tripes. J’y ai glané des amitiés et des rivalités. J’y ai surtout appréhendé des sentiments « vrais ». Nourris de fond en comble par la passion. La vanité qui semble s’échapper de ces lignes n’est au final que réalisme.
Un réalisme affiné au cours de mes travaux préparatoires, lors des multiples discussions que j’ai eu avec les principaux acteurs et spectateurs du « mouvement », afin de leur exposer le projet et nos motivations. Certains ont été dissertes, d’autres non, et d’autres encore utopistes, croyant déjà lire quatre pages à leur sujet. Il est vrai que, pour être le plus complet possible, le résumé de l’histoire d’une région implique la présence de personnes que « l’intelligentsia graffiti » considérerait comme incongrue, peu « vendeuse ». J’ai compris qu’elle était justifiée par l’énergie que certains ont mis, au détriment d’un style « académique », à écrire leurs pages. L’apport d’un mec qui ne fait que des couleurs « mortelles » le dimanche au fin fond de la campagne et d’un mec qui ne fait que des tags « simples » toute la semaine au cœur de la ville et de la vie, sont-ils pas équivalents ? Les deux motivent leurs détracteurs comme leurs partisans, et seront chacun probablement cités vingt ans après pour leur influence.
Les ego d’un bon nombre vont donc se froisser, tant mieux. La sélection qui s’est opéré a vu le grain séparé de l’ivraie. J’ai embarqué dans un bateau dont je ne voulais pas voir le pavillon battre softcore, assis sur le ponton à attendre. Si nous ne l’avions pas fait d’autres s’en seraient chargé, avec un objectif certainement plus mercantile, aux relents de copinage pestilentiels.
15 Septembre 2006
mardi 2 décembre 2008
Wicked inna Bed
20h clouées au lit, sans maladie, sans handicap, sans pari avec un ami, sans personne dedans pour occuper ces 20h à autre chose qu'à penser et à tenter de dormir, raté, même avec 5 Lorazépram.
Pourquoi ce blog est anonyme? Il l'est pour certains, pas pour d'autres. Mais l'inutilité de dévoiler mon identité me paraît évidente.
Si je parviens à finir d'écrire mon "autobiographie", j'éspère que chacun se reconnaîtra dedans, dans un détail ou dans cent. Je ne suis pas une star, ma vie n'a rien d'exceptionnelle, elle est juste un peu différente, un peu plus riche et un peu plus marrante qu'un paquet d'autres.
Et puis j'aime la raconter, et j'ai une manière de le faire, qui fait passer la pire saloperie comme une taquinerie sans conséquences.
Je pourrais employer un language plus lettré, des mots plus rares, des tournures plus compliquées, mais j'écris comme je parle. Je parle beaucoup, je parle de tout. A tout le monde. Aucun tabou. Aucune pudeur. Il me semble l'avoir écrit hier déjà ça...
Il ne faut pas se voiler la face, une fois que l'on a mis un pied dans la blogosphère, inutile de faire comme si le deuxième, puis le bassin, puis le buste, puis les bras, enfin la tête, n'allaient pas se retrouvés aspirés avec tout votre entourage, vos secrets, vos peurs, dans ce peep-show "littéraire".
Pourquoi ce blog est anonyme? Il l'est pour certains, pas pour d'autres. Mais l'inutilité de dévoiler mon identité me paraît évidente.
Si je parviens à finir d'écrire mon "autobiographie", j'éspère que chacun se reconnaîtra dedans, dans un détail ou dans cent. Je ne suis pas une star, ma vie n'a rien d'exceptionnelle, elle est juste un peu différente, un peu plus riche et un peu plus marrante qu'un paquet d'autres.
Et puis j'aime la raconter, et j'ai une manière de le faire, qui fait passer la pire saloperie comme une taquinerie sans conséquences.
Je pourrais employer un language plus lettré, des mots plus rares, des tournures plus compliquées, mais j'écris comme je parle. Je parle beaucoup, je parle de tout. A tout le monde. Aucun tabou. Aucune pudeur. Il me semble l'avoir écrit hier déjà ça...
Il ne faut pas se voiler la face, une fois que l'on a mis un pied dans la blogosphère, inutile de faire comme si le deuxième, puis le bassin, puis le buste, puis les bras, enfin la tête, n'allaient pas se retrouvés aspirés avec tout votre entourage, vos secrets, vos peurs, dans ce peep-show "littéraire".
dimanche 30 novembre 2008
"And i'm dreamin of a place where i could see your face"
Il y a des dimanches comme ça, où la nuit qui s'est doucement imposé, le calme de la rue, la solitude et la musique un peu triste que l'on a soi-même choisi d'écouter se réunissent dans un ballet très cinématographique.
Le piano est un instrument auquel je pensais cette nuit, quelque part dans une insomnie. Pourquoi...Je ne sais pas, j'aime ce mot, ces lettres, l'objet, qui occupe si magnifiquement une pièce, une maison, et ce son.
Je suis à chaque fois surpris par l'émotion que peut véhiculer la musique.
Si l'on pouvait moins parler avec la bouche ou ces mots sur des écrans, et plus avec les yeux. On se comprendrait mieux, j'en suis certain.
"On"...
Le piano est un instrument auquel je pensais cette nuit, quelque part dans une insomnie. Pourquoi...Je ne sais pas, j'aime ce mot, ces lettres, l'objet, qui occupe si magnifiquement une pièce, une maison, et ce son.
Je suis à chaque fois surpris par l'émotion que peut véhiculer la musique.
Si l'on pouvait moins parler avec la bouche ou ces mots sur des écrans, et plus avec les yeux. On se comprendrait mieux, j'en suis certain.
"On"...
jeudi 27 novembre 2008
Ta page nocturne
Rituel de laisser l'humeur pré-sommeil ici, en quelques mots. Je lis beaucoup le mot insomnie, dans des conversations, sur des blogs, inversons le système et vivons la nuit mes amis.
L'homme français a perdu 40% de ses spermatozoïdes en 50 ans(pourtant les cum-shots que je vois n'ont jamais été aussi impressionnants, trucage? ou quantité ne veut pas dire qualité?), l'être humain va donc peut-être enfin s'éteindre et laisser la nature tranquille. A moins que les scientifiques aillent plus vite que la musique.
J'ai acheté un paquet de Pépito Chocolat Noir et un de Tartelettes Fraise, avec uniquement des pièces de 5, 2 et 1 cents. Et une pièce de 1 euro. Le tout pour 3euros85 si je ne me trompe pas.
DJ Premier n'arrête jamais de produire, tel un chinois du beat.
Mes paupières me pèsent, dois-je y croire? Vais-je dormir?
L'homme français a perdu 40% de ses spermatozoïdes en 50 ans(pourtant les cum-shots que je vois n'ont jamais été aussi impressionnants, trucage? ou quantité ne veut pas dire qualité?), l'être humain va donc peut-être enfin s'éteindre et laisser la nature tranquille. A moins que les scientifiques aillent plus vite que la musique.
J'ai acheté un paquet de Pépito Chocolat Noir et un de Tartelettes Fraise, avec uniquement des pièces de 5, 2 et 1 cents. Et une pièce de 1 euro. Le tout pour 3euros85 si je ne me trompe pas.
DJ Premier n'arrête jamais de produire, tel un chinois du beat.
Mes paupières me pèsent, dois-je y croire? Vais-je dormir?
mercredi 26 novembre 2008
http://www.youtube.com/watch?v=YWtKUx5flJA&feature=related
Bim. Quelle sensation oubliée dès les premières basses de ce remix...
Simplicité, rugosité(ça existe ça comme mot? moi ça me va), Nas qui repose plus énervé pour coller à l'ambiance, ah la la j'adore. Le genre de morceau qui me fait aimer la vie, et qui me donne le sentiment que rien ne peut m'atteindre. Voilà, pas besoin d'en dire plus.
Bim. Quelle sensation oubliée dès les premières basses de ce remix...
Simplicité, rugosité(ça existe ça comme mot? moi ça me va), Nas qui repose plus énervé pour coller à l'ambiance, ah la la j'adore. Le genre de morceau qui me fait aimer la vie, et qui me donne le sentiment que rien ne peut m'atteindre. Voilà, pas besoin d'en dire plus.
mardi 25 novembre 2008
Let's see what's next on the menu
BN goût chocolat, Gaufrettes enrobées de chocolat fin Monoprix, Kinder Maxi, Prince de Lu.
Une alimentation équilibrée est la clé d'une bonne santé, physique et morale.
Dernier fruit consommé: une clémentine il y a deux semaines trois même peut-être.
Dernier légume consommé: quelques bouts de salades, une dizaine de grain de mais, deux tranches de concombres, un peu de chou et deux tranches de tomates(ça va m'faire mes apports pour le mois de décembre ça!) dans mon assiette Kefta-crudités hier midi.
Pas de jus de fruit, pas de laitages, peu de pain, pas de vin.
Dernier poisson consommé impossible à dater. Probablement début-aout.
Derniers oeufs, non-consommés, jetés sur une voiture qui klaxonnait trop en bas de chez moi.
Une alimentation équilibrée est la clé d'une bonne santé, physique et morale.
Dernier fruit consommé: une clémentine il y a deux semaines trois même peut-être.
Dernier légume consommé: quelques bouts de salades, une dizaine de grain de mais, deux tranches de concombres, un peu de chou et deux tranches de tomates(ça va m'faire mes apports pour le mois de décembre ça!) dans mon assiette Kefta-crudités hier midi.
Pas de jus de fruit, pas de laitages, peu de pain, pas de vin.
Dernier poisson consommé impossible à dater. Probablement début-aout.
Derniers oeufs, non-consommés, jetés sur une voiture qui klaxonnait trop en bas de chez moi.
dimanche 23 novembre 2008
All that i got is you
Rien.
Love at first sight/when comes night/sleep, dreams, nightmares/who cares/tears, fears, too much on my mind/it's like...i'm looking after something i won't find/
Love at first sight/when comes night/sleep, dreams, nightmares/who cares/tears, fears, too much on my mind/it's like...i'm looking after something i won't find/
samedi 22 novembre 2008
Smif n' Wessun
Dah Shinin' à fond les enceintes et tout va mieux, breaks de batterie qui roulent et frappent sec, voix, flows, samples façon Beatminerz, mélancoliques, bim bam boum.
Neige, grêle, pluie, vent, froid, noir, bain chaud.
Kinder Maxi, KitKat Chunky, BN, Côte d'Or au lait, Céréales fourrées tout chocolat Grand Jury, de quoi tenir un siège affectif de deux jours.
Nuée de papillons dans le ventre.
Nouveau Hoodie gris chîné. Qui réconforte plus qu'un câlin maternel.
Xylophone, trompette, basse.
Big Noyd, l'album de la semaine, "Watup' Cousin?".
La Peau Douce, le Chybre Magique, les coups de fil nocturnes, le dernier recours, le seul.
Cymbalta 60mg.
Californication.
14 Shots to the Dome, Crossroads yo Ish.
To the Death yo Premier "Aiiight i see you know".
Crème Nivéa, Terre d'Hermès, la Mèche, les yeux plissés "me fais pas ton regard".
Psycho Unit Shit. Cristalline Source Ste Sophie, Source Marc-Aurèle.
Neige, grêle, pluie, vent, froid, noir, bain chaud.
Kinder Maxi, KitKat Chunky, BN, Côte d'Or au lait, Céréales fourrées tout chocolat Grand Jury, de quoi tenir un siège affectif de deux jours.
Nuée de papillons dans le ventre.
Nouveau Hoodie gris chîné. Qui réconforte plus qu'un câlin maternel.
Xylophone, trompette, basse.
Big Noyd, l'album de la semaine, "Watup' Cousin?".
La Peau Douce, le Chybre Magique, les coups de fil nocturnes, le dernier recours, le seul.
Cymbalta 60mg.
Californication.
14 Shots to the Dome, Crossroads yo Ish.
To the Death yo Premier "Aiiight i see you know".
Crème Nivéa, Terre d'Hermès, la Mèche, les yeux plissés "me fais pas ton regard".
Psycho Unit Shit. Cristalline Source Ste Sophie, Source Marc-Aurèle.
vendredi 21 novembre 2008
Alchemist - Insomnia
Quand t'as froid quand t'as chaud.
Quand tu vas pour regarder l'heure en te disant "j'éspère qu'il est au moins 5h30/6h", en croyant que t'as dormi un peu alors qu'en fait il est 3h43 et que tu cherches le sommeil depuis plus de 2h en tournant dans ton lit pire que dans la ville.
Quand le téléphone sonne pile au moment où tu t'endormais, et que t'en trembles de peur pendant 5 minutes.
Quand tes yeux s'ouvrent tout seuls alors que tout ton corps est épuisé. Comme si le ressort qui les tenait était cassé.
Quand tu sais plus si tu rêves ou si tu penses.
Quand tu te dis "putain nick sa mère demain j'me lève pas avant midi", comme si ça allait changer quelque chose, alors que jusqu'à midi tu ne dormiras pas, mais tu crois que ça va te reposer.
Quand tu penses à l'album d'Alchemist et que tu te dis qu'il tue.
Quand ton appartement fait des bruits, ton immeuble un concert de bruits, de trucs qui bougent et rendent dingue.
Quand t'entends pas de voitures dehors et que tu te dis "putain là j'pourrais lâcher des fats enervés, alors que tu sais que la seule bagnole qui tourne, là, quelque part, c'est la BAC, et qu'ils attendent que ça de te croiser pour passer trois fois devant toi, te coller la pression, te pousser à tourner de manière pas naturelle d'un coup, puis finir par s'arrêter et t'arrêter.
Quand tu manges des Pépito à 04h37, en croyant que ça va te rassurer, avec un peu d'eau, comme si ça allait te mettre mieux.
Quand, tant qu'à allumer son ordi pour écrire sur son blog la flippe de la nuit, autant aller sur 90BPM et Facebook avant voir si rien ne s'est passé. Il s'est rien passé, comme d'hab.
Quand je me dis qu'à cette heure-ci i'en a qui boivent de la Koenigsbier en regardant la télé.
Quand je me dis qu'à cette heure-ci avant je dormais, il y a quelques années...Combien maintenant?..Pffff.
J'vais compter le nombre de gens qu'j'ai aimé j'm'endormirais peut-être.
Quand tu vas pour regarder l'heure en te disant "j'éspère qu'il est au moins 5h30/6h", en croyant que t'as dormi un peu alors qu'en fait il est 3h43 et que tu cherches le sommeil depuis plus de 2h en tournant dans ton lit pire que dans la ville.
Quand le téléphone sonne pile au moment où tu t'endormais, et que t'en trembles de peur pendant 5 minutes.
Quand tes yeux s'ouvrent tout seuls alors que tout ton corps est épuisé. Comme si le ressort qui les tenait était cassé.
Quand tu sais plus si tu rêves ou si tu penses.
Quand tu te dis "putain nick sa mère demain j'me lève pas avant midi", comme si ça allait changer quelque chose, alors que jusqu'à midi tu ne dormiras pas, mais tu crois que ça va te reposer.
Quand tu penses à l'album d'Alchemist et que tu te dis qu'il tue.
Quand ton appartement fait des bruits, ton immeuble un concert de bruits, de trucs qui bougent et rendent dingue.
Quand t'entends pas de voitures dehors et que tu te dis "putain là j'pourrais lâcher des fats enervés, alors que tu sais que la seule bagnole qui tourne, là, quelque part, c'est la BAC, et qu'ils attendent que ça de te croiser pour passer trois fois devant toi, te coller la pression, te pousser à tourner de manière pas naturelle d'un coup, puis finir par s'arrêter et t'arrêter.
Quand tu manges des Pépito à 04h37, en croyant que ça va te rassurer, avec un peu d'eau, comme si ça allait te mettre mieux.
Quand, tant qu'à allumer son ordi pour écrire sur son blog la flippe de la nuit, autant aller sur 90BPM et Facebook avant voir si rien ne s'est passé. Il s'est rien passé, comme d'hab.
Quand je me dis qu'à cette heure-ci i'en a qui boivent de la Koenigsbier en regardant la télé.
Quand je me dis qu'à cette heure-ci avant je dormais, il y a quelques années...Combien maintenant?..Pffff.
J'vais compter le nombre de gens qu'j'ai aimé j'm'endormirais peut-être.
jeudi 20 novembre 2008
Ayrton Senna
A quand une vraie interview de Booba qui le pousse dans ses retranchements? Toutes celles que je lis sont d'une consensualité horripilante, alors que le mec est au fond du trou et qu'il faut lui dire qu'il n'est pas tout seul, que moi, et d'autres, on est plein, on le comprend, on le sent que derrière ses punch-lines i'va mal le B2O.
Moi aussi j'ai fait de la muscu en croyant que ça allait me permettre de m'accepter mieux, en matant mes trapèzes gonflés.
Mais nan. Enfin tu fais ce que tu veux.
J'suis comme hypnotisé par ce son vaguement 80's de "I don't wanna love again" de Big Noyd...
Moi aussi j'ai fait de la muscu en croyant que ça allait me permettre de m'accepter mieux, en matant mes trapèzes gonflés.
Mais nan. Enfin tu fais ce que tu veux.
J'suis comme hypnotisé par ce son vaguement 80's de "I don't wanna love again" de Big Noyd...
Staphylococcus saprophyticus
I'a une propreté dans cette nouvelle mise en page, on s'croirait dans un hôpital français.
mercredi 19 novembre 2008
Suite et fin de l'extrait...
Il ne faisait pas bon traîner trop prêt de mon panier, surtout quand on était une fille.
Assise sur la ligne extérieure gauche, contre le mur des salles de classe elles perturbaient mon espace vital. Quelques ballons ont du les « atteindre ».
Une autre elle a eu moins de chance.
Un jour que nous étions sortis en avance pour la récréation, je fais mes shoots, je crois même que je m’entraîne au lancer-franc, ça étonnerait plus d’un de mes coachs, Bruno ou le père de Jean-Phi , Pierre, donc le souligner n’est pas innocent.
Je suis seul dans la cour, je ne sais pas où sont les autres. Et là, quelques « petites » arrivent, elles devaient être trois, des 5ème ou 6ème. Se moquent de mes shoots ratés, piaillent, tournent autour de moi. Aimablement je leur demande d’arrêter. Une fois, deux fois. Devant leur insistance, je menace, une feinte d’envoi de ballon, une main levée.
Face à leur regain de force et de décibels, et leur inconscience de mon passé de violenteur de la femme, et de l’homme, bim.
Ca tu l’as pas vu arriver celle-là. Je vois encore ta surprise, et ta peur aussi. Il faut dire que je n’y étais pas allé à moitié. Je t’avais décoché une belle baffe, atteignant ton petit visage braillard avec le scaphoïde, cet os du bas de la paume, dur et saillant.
Forcément le sang coula. Forcément je me fis convoquer. Je ne sais pas si ma mère le fut aussi, je ne sais même pas si cela revint à ses oreilles. Toujours est-il que je me fis donc coller 4h, au moins, et qu’une dame, mais alors qui était-elle aucune idée, me demanda cette chose : faire une dissertation sur la violence. Grande pédagogie inculquée dans cet ordre, que je résolus en demandant à ma sœur si elle avait déjà abordé ce sujet, et miracle, elle venait de l’aborder en philosophie, puisqu’elle était au lycée. Je rendis une copie identique à la sienne, sans même lire ce que je recopiais, et obtenais les félicitations de cette dame. « Tu vois tu as compris c’est bien je suis très contente », ou un truc dans le genre. Blah blah blah.
Véronique, la deuxième, était assise avec une amie. Elle regardait « ma bouche en cœur ». Elle était amoureuse de moi, malgré ce que l’on allait lui faire. Aaah salop.
Qui eut l’idée à la base ? Qui fomenta cette vengeance sadique ? Il me semble que Jory, dit Jost, avait un contentieux avec elle qui traînait, par rapport à Jessica je crois.
Jory était grand. Il avait presque fini sa croissance en 4ème. Il avait une mob, des rangers, et était scout. Et, dans les détails tout est flou, un dessin m’apparaît cependant. Un dessin de Romain. Romain avait ce talent depuis qu’on était petits. Il avait une facilité à croquer, à dessiner des personnages.
Et là, il avait dessiné un mixeur, le truc pour les fruits, avec la tête de Véronique dedans, et du sang, bien rouge, il avait un bon feutre, qui éclaboussaient partout, avec des morceaux de cervelles et autres détails. Plus les bulles, de la bd, pas les bulles de sang, ah ouais du détail attention c’était pas la moitié d’un dessin, « bulles » qui devaient faire dire des horreurs à Véronique.
S’en suivit ce que l’on appelle un harcèlement, tout simplement. Par amitié, lâcheté, oisiveté, méchanceté, qui sais, je suis rentré dedans, je ne m’innocente de rien. Aller gueuler en bas de chez elle les pires insultes, cacher son cartable sous la neige, d’autres dessins, plus un amas de crasses en tous genres dont Jory et Romain se souviennent sûrement.
J’ai presque envie de les appeler pour leur rafraîchir la mémoire, parce que là elle fait pas gangsta du tout cette anecdote. Hum…Hésitation.
Elle aussi doit s’en souvenir, et s’en foutre si ça fait gangsta ou pas. Ca paraît pas grand-chose au 21ème siècle et à un mec qui brûle sa meuf parce qu’il est véner qu’elle sorte avec un mec de la téc’ d’à côté je sais, mais à l’époque ça nous paraissait hardcore.
Faudrait juste que les deux compères me rappellent deux-trois phases bien rudes.
Mais, toutes les bonnes choses ont une fin(j’rigole Véro)et Monsieur Decubber nous convoqua un jour un par un dans son bureau. Un midi, un mercredi. Mercredi puisque j’étais sorti après l’entretien, que dis-je le procès à huis-clos, et donc cela signifie que je n’étais pas collé.
Ces paroles résonnent encore :
« Vous êtes un prédateur Monsieur Harmignies, un prédateur ». Dit comme ça, en 1993-94 peut-être, à 13 ans, ça ne me parlait pas trop, mais avec son exemple des lions qui pourchassent une gazelle, là ça m’évoquait plus de trucs. Enfin ça me mettait surtout des images en tête, façon documentaire National Geographic, mais de leçons ça non.
Etonnant que je ne sois pas collé ce mercredi.
J’ai eu ma première exclusion en 4ème. Monsieur Decubber ne voulait pas de moi en 3ème, et j’ai du faire le forcing pour rester. Mal lui en as pris de m’accepter !
Ma 3ème. J’y songe avec nostalgie, vraiment.
Mais avant je voudrais dire que Véronique, la première, avait voulu sortir avec moi en 4ème. A nouveau. Les premiers jours. Il faisait beau, j’allais ranger mon vélo, un Rockrider bleu que je me ferais chourer dans ce garage à vélo, et c’est Stéphanie qui était venue me le dire. Ca m’avait surpris, mais toujours pas décidé à l’embrasser. Pourtant j’étais amoureux d’elle. J’te jure Véro, j’voulais sortir avec toi, j’te snobais pas.
Je vois le voyage de classe, de quelle classe je ne sais pas, où, je ne sais pas, et durant lequel elle avait été si gentille, elle aurait tellement voulu qu’on s’embrasse et qu’on officialise notre amourette.
Je vois la boom d’Agathe aussi d’un coup. Dans son garage. Avec du « Mr Vain » et tous les tubes dance de l’époque. Et Véronique qui m’engueule de ne pas l’inviter à danser, de ne pas faire le premier pas.
J’étais accepté en 3ème donc. Je m’étais ressaisi lors du dernier trimestre de 4ème, j’avais été averti de mon probable redoublement, et j’étais passé, sur ordre, du fond de la classe au premier rang, à côté de Claire, la jumelle de Laure. Claire m’a aidé à me concentrer, et m’a filé un sacré coup de main pour obtenir des notes plus correctes. Et puis j’étais devant, donc j’avais moins l’occasion de monter et de mener à bien toutes sortes de coups tordus.
Elle ressemblait pas du tout à Laure Claire. Mais alors pas du tout. Comme l’autre Claire qui ne ressemblait pas à sa jumelle, sans prénom, désolé. On avait deux paires de jumelles dans l’école. Merci Claire.
Voilà un petit exemple de ce dans quoi mon cerveau va piocher à chaque seconde, histoire de ne pas me laisser tranquille cinq minutes à regarder les vagues du Touquet, tranquillement assis sur la digue, ou à me concentrer sur une biographie de Francis Bacon.
Je pense tout le temps à l’un des épisodes, des personnages, qui ont été décrit ou qui vont l’être. Le lieu où je vis, Lille, y est pour beaucoup. Je connais ma ville par cœur, et chaque endroit m’évoque une rencontre, un rire, un paquet de gâteaux. Quand c’est pas un bâtiment ou une rue comme point de repère, c’est un panneau noir de fleuriste sur lequel est écrit « Aujourd’hui Ste Justine » qui me bloque le chemin, ou Stand by me qui passe au Casino le jour de ma rupture avec Gabrielle, puis One Love dans un autre Casino trois heures après. Vous m’direz qu’est-ce que j’fous dans deux Casino à trois heures d’intervalles.. !
Assise sur la ligne extérieure gauche, contre le mur des salles de classe elles perturbaient mon espace vital. Quelques ballons ont du les « atteindre ».
Une autre elle a eu moins de chance.
Un jour que nous étions sortis en avance pour la récréation, je fais mes shoots, je crois même que je m’entraîne au lancer-franc, ça étonnerait plus d’un de mes coachs, Bruno ou le père de Jean-Phi , Pierre, donc le souligner n’est pas innocent.
Je suis seul dans la cour, je ne sais pas où sont les autres. Et là, quelques « petites » arrivent, elles devaient être trois, des 5ème ou 6ème. Se moquent de mes shoots ratés, piaillent, tournent autour de moi. Aimablement je leur demande d’arrêter. Une fois, deux fois. Devant leur insistance, je menace, une feinte d’envoi de ballon, une main levée.
Face à leur regain de force et de décibels, et leur inconscience de mon passé de violenteur de la femme, et de l’homme, bim.
Ca tu l’as pas vu arriver celle-là. Je vois encore ta surprise, et ta peur aussi. Il faut dire que je n’y étais pas allé à moitié. Je t’avais décoché une belle baffe, atteignant ton petit visage braillard avec le scaphoïde, cet os du bas de la paume, dur et saillant.
Forcément le sang coula. Forcément je me fis convoquer. Je ne sais pas si ma mère le fut aussi, je ne sais même pas si cela revint à ses oreilles. Toujours est-il que je me fis donc coller 4h, au moins, et qu’une dame, mais alors qui était-elle aucune idée, me demanda cette chose : faire une dissertation sur la violence. Grande pédagogie inculquée dans cet ordre, que je résolus en demandant à ma sœur si elle avait déjà abordé ce sujet, et miracle, elle venait de l’aborder en philosophie, puisqu’elle était au lycée. Je rendis une copie identique à la sienne, sans même lire ce que je recopiais, et obtenais les félicitations de cette dame. « Tu vois tu as compris c’est bien je suis très contente », ou un truc dans le genre. Blah blah blah.
Véronique, la deuxième, était assise avec une amie. Elle regardait « ma bouche en cœur ». Elle était amoureuse de moi, malgré ce que l’on allait lui faire. Aaah salop.
Qui eut l’idée à la base ? Qui fomenta cette vengeance sadique ? Il me semble que Jory, dit Jost, avait un contentieux avec elle qui traînait, par rapport à Jessica je crois.
Jory était grand. Il avait presque fini sa croissance en 4ème. Il avait une mob, des rangers, et était scout. Et, dans les détails tout est flou, un dessin m’apparaît cependant. Un dessin de Romain. Romain avait ce talent depuis qu’on était petits. Il avait une facilité à croquer, à dessiner des personnages.
Et là, il avait dessiné un mixeur, le truc pour les fruits, avec la tête de Véronique dedans, et du sang, bien rouge, il avait un bon feutre, qui éclaboussaient partout, avec des morceaux de cervelles et autres détails. Plus les bulles, de la bd, pas les bulles de sang, ah ouais du détail attention c’était pas la moitié d’un dessin, « bulles » qui devaient faire dire des horreurs à Véronique.
S’en suivit ce que l’on appelle un harcèlement, tout simplement. Par amitié, lâcheté, oisiveté, méchanceté, qui sais, je suis rentré dedans, je ne m’innocente de rien. Aller gueuler en bas de chez elle les pires insultes, cacher son cartable sous la neige, d’autres dessins, plus un amas de crasses en tous genres dont Jory et Romain se souviennent sûrement.
J’ai presque envie de les appeler pour leur rafraîchir la mémoire, parce que là elle fait pas gangsta du tout cette anecdote. Hum…Hésitation.
Elle aussi doit s’en souvenir, et s’en foutre si ça fait gangsta ou pas. Ca paraît pas grand-chose au 21ème siècle et à un mec qui brûle sa meuf parce qu’il est véner qu’elle sorte avec un mec de la téc’ d’à côté je sais, mais à l’époque ça nous paraissait hardcore.
Faudrait juste que les deux compères me rappellent deux-trois phases bien rudes.
Mais, toutes les bonnes choses ont une fin(j’rigole Véro)et Monsieur Decubber nous convoqua un jour un par un dans son bureau. Un midi, un mercredi. Mercredi puisque j’étais sorti après l’entretien, que dis-je le procès à huis-clos, et donc cela signifie que je n’étais pas collé.
Ces paroles résonnent encore :
« Vous êtes un prédateur Monsieur Harmignies, un prédateur ». Dit comme ça, en 1993-94 peut-être, à 13 ans, ça ne me parlait pas trop, mais avec son exemple des lions qui pourchassent une gazelle, là ça m’évoquait plus de trucs. Enfin ça me mettait surtout des images en tête, façon documentaire National Geographic, mais de leçons ça non.
Etonnant que je ne sois pas collé ce mercredi.
J’ai eu ma première exclusion en 4ème. Monsieur Decubber ne voulait pas de moi en 3ème, et j’ai du faire le forcing pour rester. Mal lui en as pris de m’accepter !
Ma 3ème. J’y songe avec nostalgie, vraiment.
Mais avant je voudrais dire que Véronique, la première, avait voulu sortir avec moi en 4ème. A nouveau. Les premiers jours. Il faisait beau, j’allais ranger mon vélo, un Rockrider bleu que je me ferais chourer dans ce garage à vélo, et c’est Stéphanie qui était venue me le dire. Ca m’avait surpris, mais toujours pas décidé à l’embrasser. Pourtant j’étais amoureux d’elle. J’te jure Véro, j’voulais sortir avec toi, j’te snobais pas.
Je vois le voyage de classe, de quelle classe je ne sais pas, où, je ne sais pas, et durant lequel elle avait été si gentille, elle aurait tellement voulu qu’on s’embrasse et qu’on officialise notre amourette.
Je vois la boom d’Agathe aussi d’un coup. Dans son garage. Avec du « Mr Vain » et tous les tubes dance de l’époque. Et Véronique qui m’engueule de ne pas l’inviter à danser, de ne pas faire le premier pas.
J’étais accepté en 3ème donc. Je m’étais ressaisi lors du dernier trimestre de 4ème, j’avais été averti de mon probable redoublement, et j’étais passé, sur ordre, du fond de la classe au premier rang, à côté de Claire, la jumelle de Laure. Claire m’a aidé à me concentrer, et m’a filé un sacré coup de main pour obtenir des notes plus correctes. Et puis j’étais devant, donc j’avais moins l’occasion de monter et de mener à bien toutes sortes de coups tordus.
Elle ressemblait pas du tout à Laure Claire. Mais alors pas du tout. Comme l’autre Claire qui ne ressemblait pas à sa jumelle, sans prénom, désolé. On avait deux paires de jumelles dans l’école. Merci Claire.
Voilà un petit exemple de ce dans quoi mon cerveau va piocher à chaque seconde, histoire de ne pas me laisser tranquille cinq minutes à regarder les vagues du Touquet, tranquillement assis sur la digue, ou à me concentrer sur une biographie de Francis Bacon.
Je pense tout le temps à l’un des épisodes, des personnages, qui ont été décrit ou qui vont l’être. Le lieu où je vis, Lille, y est pour beaucoup. Je connais ma ville par cœur, et chaque endroit m’évoque une rencontre, un rire, un paquet de gâteaux. Quand c’est pas un bâtiment ou une rue comme point de repère, c’est un panneau noir de fleuriste sur lequel est écrit « Aujourd’hui Ste Justine » qui me bloque le chemin, ou Stand by me qui passe au Casino le jour de ma rupture avec Gabrielle, puis One Love dans un autre Casino trois heures après. Vous m’direz qu’est-ce que j’fous dans deux Casino à trois heures d’intervalles.. !
mardi 18 novembre 2008
Je vois ma vie défiler
Suite...
En CE2, j’ai passé l’ensemble de ma scolarité avec une casquette vissée sur la tête, à l’envers, de laquelle je faisais ressortir ma mèche gélifiée et sculptée avec une méthode rôdée, dont je saurais reproduire le geste et la précision aujourd’hui, bien mieux qu’écrire le mot « cueillir ». C’est au cours de l’année de CE2 que j’ai eu ma première confrontation, perdue, avec ce mot. Il y en eut de nombreuses autres, innombrables même, jusqu’à Word et à sa correction automatique. J’ai toujours mis le « e » avant le « u ».
J’ai des photos de cette période « mèche-casquette ». L’époque de Pénélope, la copine de mon frère. Pénélope aussi avait une mèche gélifiée, c’était la mode ces années-là, 90-91.
Pénélope était la plus belle fille que j’avais jamais vue, brune, au sourire blanc parfait, gentille, et en plus, une fois au Touquet, j’avais vu ses totottes. Autant dire que j’étais conquit, moi qui me délectais du strip-tease du Bêbête-Show le dimanche soir, où l’on voyait à chaque fois des « totottes ». Prononcé aujourd’hui, ce mot est horrible. Mais à l’époque il évoquait l’une de mes visions préférées, ma vision préférée même, sans aucun doute.
C’est certainement aux alentours de ces semaines là que j’ai commencé à moins mettre mes lunettes, que je portais depuis l’âge de 18 mois, et qui étaient sensées me quitter rapidement d’après Monsieur Anselin, l’ophtalmologiste. Je les porte encore aujourd’hui, uniquement quand j’en ai un besoin précis, lire, écrire, voir précisément. Sinon je ne vois plus à 200 mètres, enfin si mais un beau Bleu de Klein si je regarde le ciel ou un Carré noir sur fond noir dans une idée Malevitchienne si je roule sur l’Autoroute de Valenciennes, magnifique A23, sur laquelle nous nous amusions avec Thomas à couper les phares de sa 205 en allant peindre.
Pendant tout ce temps d’enfance, quel était mon état psychologique ? Aucune idée.
Par contre je me souviens que j’avais la plus belle collection de billes. Les billes, comme les points sur les i. J’avais hérité de celles de mon frère, un sac Tann’s en jean bien lourd, même si les billes de plomb et de pierre de son époque étaient un peu tristounettes comparées au calots multicolores qui débordaient de ma trousse, victoire après victoire. Je me souviens notamment d’une famille bleu turquoise, superbe, et qui était un peu mon trésor, que je mettais rarement en jeu. Je ne me rappelle pas l’avoir perdue.
Sinon pas de foot, pas de bagarres, à part le petit frère de Thibault, que j’avais soulevé et dont j’avais appuyé la nuque sur la poignée du préfabriqué. Ca fait mal hein ça. Fallait pas me soûler. Je ne sais plus ce que t’avais fait mais tu m’avais bien mis les nerfs.
En CM1, on est parti au ski, à Valloire. Et Gatien s’est coincé la bite dans sa fermeture éclair. Alors ça ça nous a fait marrer pendant des heures, et si tu lis ça Gatien je suis sûr que tu vas bien rire. Enfin un souvenir qui ne me concerne pas directement, et où j’étais seulement spectateur.
En CM2, là j’ai commencé à grandir, à prendre conscience des choses qui m’entouraient. Le CM2 c’est surtout la classe durant laquelle j’ai découvert ce qui allait devenir ma passion pour les dix années à venir.
On avait des paniers de basket juste à côté de nos classes, nous les CM2. Et comme la cour de récré est un espace encore plus défini et plus bataillé que le Caucase, c’était chacun dans ses plates-bandes.
J’avais donc établi mes quartiers autour du panier de gauche, en sortant de la classe. Je ne sais pas pourquoi j’ai tenté un shoot la première fois, peut-être parce que le football, même si j’y jouais, ne m’excitait pas beaucoup. Trop brut, trop brouillon, et puis jouer avec les pieds, ça abîme les chaussures, même les Paraboots.
Mon prof de sport s’appelait Momo. J’espère qu’il s’appelle toujours d’ailleurs, ça fait un paquet d’années que je ne l’ai pas croisé. Contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom, Momo était noir. Et dans une école catholique privée, à cette époque, il n’y avait que des blancs. Même si à l’époque je n’avais pas la corruption mentale de me dire il était « noir ». Par différenciation à « blanc » ou « arabe ». Pour moi c’était Momo, point, et Momo il était cool. Comme il voyait que je commençais à ne plus lâcher le ballon, il me prêta une K7 vidéo. C’était la finale de la NBA. La NBA, « ènebillets », je ne savais pas ce que c’était, mais quand j’ai regardé, ma vie a changé.
Michael Jordan.
Même mon professeur, Mr Houset, avait eu le temps de voir le changement le dernier trimestre, celui des beaux jours, et en avait parlé à ma mère, voyant que je me désintéressais du travail. Pourtant je me souviens très bien avoir eu un 20/20 en géométrie en CM2. Ca ne m’est pas arrivé deux fois dans ma vie d’avoir une note parfaite en Maths, alors ce 20/20 il est gravé, il y avait des exercices à l’équerre, des calculs d’angles et d’autres exos assez faciles, je crois qu’on a tous eu une bonne note en fait.
Et les filles dans tout ça ? Géraldine, Julie, puis rien. Après ces deux là en fait, je n’ai que des épisodes violents qui flashent.
Sous le préau de St Joseph, en CE2 ou CM1, moi et Anaïs.
Anaïs était un peu moche, carrément même. Si tu lis ça Anaïs, le prends pas mal, si ça tombe t’es canon aujourd’hui. Mais à l’époque tes lunettes et ton regard de taupe, ton teint blanchâtre, ton style vestimentaire, c’était dur.
En écrivant ça j’imagine que t’es peut-être devenue aussi belle et bonne que Gisèle Bundchen. Avec tout ce qu’on voit dans les magazines people, leurs dossiers « Les Stars Avant/Après », on sait jamais. Bon même si t’es pas une star apparement, je vais taper ton nom dans Facebook tiens.
Je ne te trouve pas.
Bref. Anaïs. Je ne sais pas trop ce que tu m’as fait ce jour là, si tant est que tu m’ais fait quelque chose, mais je t’ai poussé, fort, très fort. Et au lieu de tomber par terre, simplement, il a fallu que tu t’éclates l’arrière de la tête dans le mur. Si je me rappelle t’as eu 7 points de suture. Rien que de la décrire cette poussette, ça me fait mal. Le bruit creux de ta tête qui cogne…Hum, j’aurais pas aimé être à ta place, pourtant j’en ai eu des gamelles, j’en ferais un chapitre, appelé « cicactrices et blessures de guerre »
En plus il y avait une espèce d’arête qui sortait du mur, un peu en angle droit. J’étais énervé qui sait. Je crois que Ludivine s’en souviendrait, elle était à tes côtés.
Je ne me rappelle pas avoir été puni ensuite. On s’est jamais reparlé je crois. On se parlait déjà pas tu me diras.
Anaïs donc. Puis Sophie. Sophie Pagard. Avec un « d » ou un « t » ? Je vérifie sur Facebook ? Un « t » ! Facebook…Et les gens se plaignent du fichier Edvige !
Attention souvenir raconté. Par Sophie Pagart justement, six-sept ans plus tard. Dix ans après même. Douze. Bref.
« Tu tapais les filles ». Au détour d’une conversation. « Tu nous filais des coups de pied alors qu’on était assises par terre » Assise par terre n’est pas un pléonasme. Elles auraient pu être par terre, pour je ne sais quelle raison, mais pas assise, et assise, mais pas par terre. Ca ma fait penser à ce jeu que j’ai vu l’autre soir en attendant ma séance de ciné. Des enfants jouaient à « Chat ». Mais pas perché ou glacé, nan « Chat affalé ». Le but étant de s’étaler sur la moquette dès que le chat approchait ses griffes. Bizarre. Jeu déconseillé à Belfort par le Ministère de la Santé.
Donc je ne me souvenais pas, mais ça avait l’air de l’avoir marqué la Sophie.
Si elles étaient assises sur le terrain de basket aussi…
En racontant ça je me rappelle d’un autre truc tiens. Qui me fait revenir à Géraldine. La fête de fin d’année approchant, il fallait répéter le spectacle. Et cette année là, les filles étaient en collants. On l’a découvert les répétitions en espionnant derrière le préfabriqué. On s’est vite fait griller, je ne sais plus avec qui j’étais, mais j’ai bien eu le temps de voir Géraldine, qui était toujours aussi belle depuis le CP.
Voilà pour mon CV d’école primaire. J’allais maintenant entrer au collège.. !
Le collège. Tu redeviens le plus petit d’un coup. Ca c’est nul. Et puis t’as pleins d’amis qui sont partis dans un autre collège. Nul aussi. Moi j’étais juste passé derrière le fameux mur, le mur du fond de la cour de récré de CP. Là où j’avais fait mon doigt d’honneur avec l’annulaire. Une bonne partie de mes copains étaient partis au Collège de Marcq, le vrai. Moi j’étais à l’Annexe. L’Annexe du Collège de Marcq.
L’Annexe du Collège de Marcq était donc une annexe.
Annexe :
-En droit féodal, domaine attaché à une seigneurie sans en dépendre.
Elle est bien cette définition là, rétrospectivement. Les gens du Collège de Marcq ont toujours eu ce côté seigneur, et nous cette indépendance. Les gens qui redoublaient au Collège de Marcq atterrissaient à l’Annexe.
Le Collège de Marcq est l’une des 5-6 écoles où se débattent les enfants des familles bourgeoises et nouveaux riches du Nord. L’Annexe c’était un peu plus cosmopolite. C’était l’école de la classe moyenne, et aussi d’une classe pauvre, il faut dire ce qui est. Qui devait se saigner aux quatre veines pour payer la scolarité, et pour offrir une chance à leurs enfants.
Je me souviens d’un Mickaël en 6ème. Sympa, pauvre. Il ne savait pas lire, ou très mal, alors il n’a pas pu passer en 5ème et je crois même qu’il n’a pas fini l’année. Je l’aimais bien moi Mickaël.
J’étais en 6ème 12, un chiffre dont je me souviens, ça sonnait bien, mieux que 6ème 11. La 6ème 12, ils avaient du le faire exprès, c’était la classe des cools, de ceux qui allaient devenir les stars du collège.
Et là, immédiatement, premier coup de foudre : Véronique. Véronique était un peu ma Pénélope, brune, le teint mat, un sourire blanc immaculé et un bandeau dans les cheveux. « Ouah ». Je suis vite tombé sous son emprise. Elle sera mon amoureuse officielle tout au long de l’année de 6ème, même s’il ne se passera rien d’autre que des mots de main en main, en main en main, en main, on était loin l’un de l’autre en classe.
Ah les mots ! Quelle belle époque ! Des SMS avant l’heure, écrit sur papier Clairefontaine au stylo plume à encre Waterman, bleue, verte, rouge, bleue turquoise, on avait le choix. Aujourd’hui je serais incapable de passer un mot sans lire ce qu’il y a dessus. Façon Stasi.
Les palpitations qui accompagnaient la découverte de ses mots…
Je me retournais après lecture, un coup d’œil malicieux, mais jamais je n’oserais aller la voir seul, et encore moins dans le but de l’embrasser.
Pourtant j’étais rôdé aux baisers, déjà. Caroline, et son nom de famille aussi doux que ses joues, mon amoureuse officielle de petite enfance, mais surtout Angélique en maternelle, m’avaient initié à ce plaisir. Je me vois embrasser Angélique, sans bouger, ni le corps ni les lèvres, pendant de longues secondes, et repousser courageusement les assauts des perturbateurs dans la cour de l’école Jean Zay, en faisant quelques fausses prises de kung-fu que j’avais du apprendre en regardant Bioman.
Mais Véronique, rien. Pas une tentative. Regrets éternels.
Il y avait aussi l’autre Véronique, moins belle, mais si gentille, à qui l’on fera vivre les pires moments de sa vie d’ado, Julie, et d’autres dont les noms m’échappent.
Mes bulletins et mon parcours cette année là, mes notes, mes professeurs, sont inaccessibles.
Seule la balle au mur est bien fixée, elle, et du coup m’apparaît le visage de mon meilleur pote de cette année là et des suivantes : Nicolas. La balle au mur, c’est, pour ceux qui n’auraient pas compris ou jamais joué à ce jeu génial, le tennis quoi. Ca aurait pu être la balle de 9mm tirée par le boss de la cour, logée dans le mur, qui avait effleuré mon pote et qui aurait du coup était une histoire trop gangsta mais non, j’étais à Marcq-en-Baroeuln en France, pas dans le South Bronx, et c’était juste le jeu de la récré.
Imagine : « tu vois la balle au mur là ? », « Ouais c’est celle de Smoky », « Ouais c’est celle de Smoky, alors demain ramène des pains au chocolat pour Smoky », « Ok François », « et m’appelle pas François moi c’est Destruct », « Ok Destruct ».
J’en ai fait des trucs avec Nico, des conneries, du basket, et je crois qu’il a redoublé sa cinquième. Je ne sais plus s’il est resté à l’Annexe, mais je sais qu’il n’a pas continué longtemps les études. Je continuais à le voir au club de basket, étant donné qu’on était dans la même équipe. Il avait un shoot fort peu conventionnel Nico, mais c’était un bon joueur.
Parce qu’à la rentrée de 6ème, je m’étais inscrit au club de l’ASJM, où officiait Momo. Et Dominique. Dominique c’était un dur. Le genre de mec que t’aimes pas trop quand t’es petit. Le mec qui fait peur, qui a une moustache, et qui t’engueule tout le temps.
Alors quand il m’a vu arriver avec mes Converse, il n’a pas été content. « Faudra t’acheter des vrais baskets ». Ok.
Aujourd’hui j’lui sortirais ma science, j’lui parlerais de Bob Cousy et de l’histoire de la Converse All Stars, de la NBA des années 50 et j’finirais pas un swich à trois points, mais bon on était en 1991, je ne savais pas encore tout ça. Puis cette moustache…elle faisait flipper mine de rien.
J’ai donc du aller en compagnie maternelle acheter des baskets plus adaptées, des GamStar sûrement, avec des scratchs, je kiffais les scratchs, pourtant je savais faire mes lacets, j’étais allé chez l’orthophoniste et on apprenait ça entre autres là-bas, je me vois encore dans l’escalier en repartant : « mettez tous vos lacets et vos chaussures » J’en ai eu un paquet à l’époque des Gam’Star, je les achetais à côté de la salle d’entraînement, dans un magasin qui existe toujours, incroyable d’ailleurs.
Ca me fait penser que l’orthophoniste j’y retournerai plus tard, rue Nationale à Lille, pour soigner des polypes, des inflammations ou je ne sais quoi des cordes vocales, pourtant j’étais pas bavard, à l’époque. Bizarre.
Tout savoir, vous allez tout savoir.
La 6ème passe, et la 5ème aussi. A une vitesse folle. Zéro indices sur ce qu’il s’est passé cette année là. Mais je crois que Monsieur De Cubber a voulu me la faire redoubler. Désolé si j’écorche votre nom Monsieur.
Monsieur De Cubber, Decubber, je ne sais plus, était le directeur. J’entretiendrais avec lui une relation intense. Lol, comme on dit en 2008. Sûr et certain qu’il se souvient de moi, il n’a pas du avoir 36 élèves aussi « attachants » dans sa carrière.
Car après la 5ème ce dont je me souviens, c’est que j’ai commencé à « foutre le bordel ». Il faut dire que l’effectif que j’avais à mes côtés en 4ème était garni de soldats de choix. Romain, qui était à mes côtés depuis le CP, et dont je n’avais pas encore évoqué le nom, et une bande de joyeux drilles dont les identités me fuient. Peut-être qu’il y avait Vincent, Anatole, et d’autres. Martin aussi.
Même si je n’avais déjà plus que le basket en tête depuis quelques temps, je trouvais toujours l’occasion de me faire remarquer.
Tant de souvenirs remontent d’un coup.
La tête de Thibault, une espèce de génie qui avait 20 de moyenne générale, et même des 21, chose qui me marquera longtemps, et dont les parents avaient l’âge de ma mère plus celui de ma grand-mère je crois. Donc tête, petite tête, frêle tête, qui claque sur bureau. Ou alors bureau qui claque sur tête de Thibault ? On avait des bureaux à casier intégré, avec la planche qui se levait. Une bonne arme ça. Et un bon moyen de tricher discretos en la soulevant pour lire dans le livre ouvert à la bonne page pendant l’interro.
Cette fois Thibault me parlait un peu trop, me taquinait, et commençait à atteindre les limites, il me touchait la cuisse aussi je crois c’est surtout ça qui m’a rendu nerveux. Mais je n’étais déjà « pas un pd ». Alors je me suis énervé et bim. Il n’a plus trop parlé, et j’ai certainement pris un billet rose, ou vert. Sinon Thibault je l’aimais bien, j’étais même allé chez lui, derrière le friteux à St Maur. Wesh le friteux, bien ?
Les billets rose étaient destinés à sanctionner une mauvaise note, et étaient si ma mémoire visuelle est bonne, remplis de quelques exercices à rendre. De la limonade. Claire, la fille du magasin de cycles où mon frère faisait réparer sa mob, en avait un paquet, le record je crois. Elle est partie aussi en cours de route. Pas partie. Partie. Ca aurait fait gangsta aussi sinon, damn. Partie d’une boulette de papier mâchée collée en pleine tempe.
Ah ouais les sarbacanes en effaceur, ça c’était du grand art.
Un effaceur coupé des deux côtés, une tête de Bic cassée juste avant le corps, un pinceau au manche assez fin et pointu, et après chacun sa recette pour les boulettes, bien humide pour moi, pour donner de la vitesse. Ca ca claquait fort. Sur le tableau ou dans une nuque, i’a eu des batailles mémorables.
Les billets verts eux, c’était pour les gangsta justement.
Les gangsters comme moi. Les fauteurs de trouble. Sanctionné d’une retenue le mercredi. 2h, 4h, cumulables. J’allais vite prendre un abonnement à ce rendez-vous. J’étais en régime de semi-liberté quand j’y pense en fait, avec toutes ces colles.
La 4ème se déroule, pleine de faits marquants mais disparus, et laisse place à une année exceptionnelle, type St Emilion 1985 : la 3ème.
La 3ème, là t’es le chef suprême, tu règnes, et tu as tracé tes plans depuis 3 ans. Tu diriges la cour, tel un maître d’orchestre, et tu imposes les flux migratoires et les zones d’achalandises de manière charismatique. Silencieuse. Regards et gestes secs.
Je siégeais depuis le panier de droite, celui qui avait un poteau, pas celui qui était accroché au mur près du préau. Non, le côté prestigieux, devant les classes, dans le coin le plus paisible de la cour.
Je n’étais pas une terreur, loin de là.
Le terrain de basket.
Dès la sixième j’avais gagné ma place sur le terrain, car les grands, Thomas, et cette grande saucisse dont je ne me rappelle plus le nom, un grand blond, aux cheveux ondulés, vraiment grand pour son âge, genre 1m90-2m peut-être, mais pas très à l’aise avec son corps, savaient que le p’tit « he got game ». Ils l’avaient vite compris, et j’avais une sorte de laisser-passer, un passeport sportif.
Et lorsque mon accession au trône arriva, j’étais fin prêt. Les rois étaient morts, vive le roi.
En CE2, j’ai passé l’ensemble de ma scolarité avec une casquette vissée sur la tête, à l’envers, de laquelle je faisais ressortir ma mèche gélifiée et sculptée avec une méthode rôdée, dont je saurais reproduire le geste et la précision aujourd’hui, bien mieux qu’écrire le mot « cueillir ». C’est au cours de l’année de CE2 que j’ai eu ma première confrontation, perdue, avec ce mot. Il y en eut de nombreuses autres, innombrables même, jusqu’à Word et à sa correction automatique. J’ai toujours mis le « e » avant le « u ».
J’ai des photos de cette période « mèche-casquette ». L’époque de Pénélope, la copine de mon frère. Pénélope aussi avait une mèche gélifiée, c’était la mode ces années-là, 90-91.
Pénélope était la plus belle fille que j’avais jamais vue, brune, au sourire blanc parfait, gentille, et en plus, une fois au Touquet, j’avais vu ses totottes. Autant dire que j’étais conquit, moi qui me délectais du strip-tease du Bêbête-Show le dimanche soir, où l’on voyait à chaque fois des « totottes ». Prononcé aujourd’hui, ce mot est horrible. Mais à l’époque il évoquait l’une de mes visions préférées, ma vision préférée même, sans aucun doute.
C’est certainement aux alentours de ces semaines là que j’ai commencé à moins mettre mes lunettes, que je portais depuis l’âge de 18 mois, et qui étaient sensées me quitter rapidement d’après Monsieur Anselin, l’ophtalmologiste. Je les porte encore aujourd’hui, uniquement quand j’en ai un besoin précis, lire, écrire, voir précisément. Sinon je ne vois plus à 200 mètres, enfin si mais un beau Bleu de Klein si je regarde le ciel ou un Carré noir sur fond noir dans une idée Malevitchienne si je roule sur l’Autoroute de Valenciennes, magnifique A23, sur laquelle nous nous amusions avec Thomas à couper les phares de sa 205 en allant peindre.
Pendant tout ce temps d’enfance, quel était mon état psychologique ? Aucune idée.
Par contre je me souviens que j’avais la plus belle collection de billes. Les billes, comme les points sur les i. J’avais hérité de celles de mon frère, un sac Tann’s en jean bien lourd, même si les billes de plomb et de pierre de son époque étaient un peu tristounettes comparées au calots multicolores qui débordaient de ma trousse, victoire après victoire. Je me souviens notamment d’une famille bleu turquoise, superbe, et qui était un peu mon trésor, que je mettais rarement en jeu. Je ne me rappelle pas l’avoir perdue.
Sinon pas de foot, pas de bagarres, à part le petit frère de Thibault, que j’avais soulevé et dont j’avais appuyé la nuque sur la poignée du préfabriqué. Ca fait mal hein ça. Fallait pas me soûler. Je ne sais plus ce que t’avais fait mais tu m’avais bien mis les nerfs.
En CM1, on est parti au ski, à Valloire. Et Gatien s’est coincé la bite dans sa fermeture éclair. Alors ça ça nous a fait marrer pendant des heures, et si tu lis ça Gatien je suis sûr que tu vas bien rire. Enfin un souvenir qui ne me concerne pas directement, et où j’étais seulement spectateur.
En CM2, là j’ai commencé à grandir, à prendre conscience des choses qui m’entouraient. Le CM2 c’est surtout la classe durant laquelle j’ai découvert ce qui allait devenir ma passion pour les dix années à venir.
On avait des paniers de basket juste à côté de nos classes, nous les CM2. Et comme la cour de récré est un espace encore plus défini et plus bataillé que le Caucase, c’était chacun dans ses plates-bandes.
J’avais donc établi mes quartiers autour du panier de gauche, en sortant de la classe. Je ne sais pas pourquoi j’ai tenté un shoot la première fois, peut-être parce que le football, même si j’y jouais, ne m’excitait pas beaucoup. Trop brut, trop brouillon, et puis jouer avec les pieds, ça abîme les chaussures, même les Paraboots.
Mon prof de sport s’appelait Momo. J’espère qu’il s’appelle toujours d’ailleurs, ça fait un paquet d’années que je ne l’ai pas croisé. Contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom, Momo était noir. Et dans une école catholique privée, à cette époque, il n’y avait que des blancs. Même si à l’époque je n’avais pas la corruption mentale de me dire il était « noir ». Par différenciation à « blanc » ou « arabe ». Pour moi c’était Momo, point, et Momo il était cool. Comme il voyait que je commençais à ne plus lâcher le ballon, il me prêta une K7 vidéo. C’était la finale de la NBA. La NBA, « ènebillets », je ne savais pas ce que c’était, mais quand j’ai regardé, ma vie a changé.
Michael Jordan.
Même mon professeur, Mr Houset, avait eu le temps de voir le changement le dernier trimestre, celui des beaux jours, et en avait parlé à ma mère, voyant que je me désintéressais du travail. Pourtant je me souviens très bien avoir eu un 20/20 en géométrie en CM2. Ca ne m’est pas arrivé deux fois dans ma vie d’avoir une note parfaite en Maths, alors ce 20/20 il est gravé, il y avait des exercices à l’équerre, des calculs d’angles et d’autres exos assez faciles, je crois qu’on a tous eu une bonne note en fait.
Et les filles dans tout ça ? Géraldine, Julie, puis rien. Après ces deux là en fait, je n’ai que des épisodes violents qui flashent.
Sous le préau de St Joseph, en CE2 ou CM1, moi et Anaïs.
Anaïs était un peu moche, carrément même. Si tu lis ça Anaïs, le prends pas mal, si ça tombe t’es canon aujourd’hui. Mais à l’époque tes lunettes et ton regard de taupe, ton teint blanchâtre, ton style vestimentaire, c’était dur.
En écrivant ça j’imagine que t’es peut-être devenue aussi belle et bonne que Gisèle Bundchen. Avec tout ce qu’on voit dans les magazines people, leurs dossiers « Les Stars Avant/Après », on sait jamais. Bon même si t’es pas une star apparement, je vais taper ton nom dans Facebook tiens.
Je ne te trouve pas.
Bref. Anaïs. Je ne sais pas trop ce que tu m’as fait ce jour là, si tant est que tu m’ais fait quelque chose, mais je t’ai poussé, fort, très fort. Et au lieu de tomber par terre, simplement, il a fallu que tu t’éclates l’arrière de la tête dans le mur. Si je me rappelle t’as eu 7 points de suture. Rien que de la décrire cette poussette, ça me fait mal. Le bruit creux de ta tête qui cogne…Hum, j’aurais pas aimé être à ta place, pourtant j’en ai eu des gamelles, j’en ferais un chapitre, appelé « cicactrices et blessures de guerre »
En plus il y avait une espèce d’arête qui sortait du mur, un peu en angle droit. J’étais énervé qui sait. Je crois que Ludivine s’en souviendrait, elle était à tes côtés.
Je ne me rappelle pas avoir été puni ensuite. On s’est jamais reparlé je crois. On se parlait déjà pas tu me diras.
Anaïs donc. Puis Sophie. Sophie Pagard. Avec un « d » ou un « t » ? Je vérifie sur Facebook ? Un « t » ! Facebook…Et les gens se plaignent du fichier Edvige !
Attention souvenir raconté. Par Sophie Pagart justement, six-sept ans plus tard. Dix ans après même. Douze. Bref.
« Tu tapais les filles ». Au détour d’une conversation. « Tu nous filais des coups de pied alors qu’on était assises par terre » Assise par terre n’est pas un pléonasme. Elles auraient pu être par terre, pour je ne sais quelle raison, mais pas assise, et assise, mais pas par terre. Ca ma fait penser à ce jeu que j’ai vu l’autre soir en attendant ma séance de ciné. Des enfants jouaient à « Chat ». Mais pas perché ou glacé, nan « Chat affalé ». Le but étant de s’étaler sur la moquette dès que le chat approchait ses griffes. Bizarre. Jeu déconseillé à Belfort par le Ministère de la Santé.
Donc je ne me souvenais pas, mais ça avait l’air de l’avoir marqué la Sophie.
Si elles étaient assises sur le terrain de basket aussi…
En racontant ça je me rappelle d’un autre truc tiens. Qui me fait revenir à Géraldine. La fête de fin d’année approchant, il fallait répéter le spectacle. Et cette année là, les filles étaient en collants. On l’a découvert les répétitions en espionnant derrière le préfabriqué. On s’est vite fait griller, je ne sais plus avec qui j’étais, mais j’ai bien eu le temps de voir Géraldine, qui était toujours aussi belle depuis le CP.
Voilà pour mon CV d’école primaire. J’allais maintenant entrer au collège.. !
Le collège. Tu redeviens le plus petit d’un coup. Ca c’est nul. Et puis t’as pleins d’amis qui sont partis dans un autre collège. Nul aussi. Moi j’étais juste passé derrière le fameux mur, le mur du fond de la cour de récré de CP. Là où j’avais fait mon doigt d’honneur avec l’annulaire. Une bonne partie de mes copains étaient partis au Collège de Marcq, le vrai. Moi j’étais à l’Annexe. L’Annexe du Collège de Marcq.
L’Annexe du Collège de Marcq était donc une annexe.
Annexe :
-En droit féodal, domaine attaché à une seigneurie sans en dépendre.
Elle est bien cette définition là, rétrospectivement. Les gens du Collège de Marcq ont toujours eu ce côté seigneur, et nous cette indépendance. Les gens qui redoublaient au Collège de Marcq atterrissaient à l’Annexe.
Le Collège de Marcq est l’une des 5-6 écoles où se débattent les enfants des familles bourgeoises et nouveaux riches du Nord. L’Annexe c’était un peu plus cosmopolite. C’était l’école de la classe moyenne, et aussi d’une classe pauvre, il faut dire ce qui est. Qui devait se saigner aux quatre veines pour payer la scolarité, et pour offrir une chance à leurs enfants.
Je me souviens d’un Mickaël en 6ème. Sympa, pauvre. Il ne savait pas lire, ou très mal, alors il n’a pas pu passer en 5ème et je crois même qu’il n’a pas fini l’année. Je l’aimais bien moi Mickaël.
J’étais en 6ème 12, un chiffre dont je me souviens, ça sonnait bien, mieux que 6ème 11. La 6ème 12, ils avaient du le faire exprès, c’était la classe des cools, de ceux qui allaient devenir les stars du collège.
Et là, immédiatement, premier coup de foudre : Véronique. Véronique était un peu ma Pénélope, brune, le teint mat, un sourire blanc immaculé et un bandeau dans les cheveux. « Ouah ». Je suis vite tombé sous son emprise. Elle sera mon amoureuse officielle tout au long de l’année de 6ème, même s’il ne se passera rien d’autre que des mots de main en main, en main en main, en main, on était loin l’un de l’autre en classe.
Ah les mots ! Quelle belle époque ! Des SMS avant l’heure, écrit sur papier Clairefontaine au stylo plume à encre Waterman, bleue, verte, rouge, bleue turquoise, on avait le choix. Aujourd’hui je serais incapable de passer un mot sans lire ce qu’il y a dessus. Façon Stasi.
Les palpitations qui accompagnaient la découverte de ses mots…
Je me retournais après lecture, un coup d’œil malicieux, mais jamais je n’oserais aller la voir seul, et encore moins dans le but de l’embrasser.
Pourtant j’étais rôdé aux baisers, déjà. Caroline, et son nom de famille aussi doux que ses joues, mon amoureuse officielle de petite enfance, mais surtout Angélique en maternelle, m’avaient initié à ce plaisir. Je me vois embrasser Angélique, sans bouger, ni le corps ni les lèvres, pendant de longues secondes, et repousser courageusement les assauts des perturbateurs dans la cour de l’école Jean Zay, en faisant quelques fausses prises de kung-fu que j’avais du apprendre en regardant Bioman.
Mais Véronique, rien. Pas une tentative. Regrets éternels.
Il y avait aussi l’autre Véronique, moins belle, mais si gentille, à qui l’on fera vivre les pires moments de sa vie d’ado, Julie, et d’autres dont les noms m’échappent.
Mes bulletins et mon parcours cette année là, mes notes, mes professeurs, sont inaccessibles.
Seule la balle au mur est bien fixée, elle, et du coup m’apparaît le visage de mon meilleur pote de cette année là et des suivantes : Nicolas. La balle au mur, c’est, pour ceux qui n’auraient pas compris ou jamais joué à ce jeu génial, le tennis quoi. Ca aurait pu être la balle de 9mm tirée par le boss de la cour, logée dans le mur, qui avait effleuré mon pote et qui aurait du coup était une histoire trop gangsta mais non, j’étais à Marcq-en-Baroeuln en France, pas dans le South Bronx, et c’était juste le jeu de la récré.
Imagine : « tu vois la balle au mur là ? », « Ouais c’est celle de Smoky », « Ouais c’est celle de Smoky, alors demain ramène des pains au chocolat pour Smoky », « Ok François », « et m’appelle pas François moi c’est Destruct », « Ok Destruct ».
J’en ai fait des trucs avec Nico, des conneries, du basket, et je crois qu’il a redoublé sa cinquième. Je ne sais plus s’il est resté à l’Annexe, mais je sais qu’il n’a pas continué longtemps les études. Je continuais à le voir au club de basket, étant donné qu’on était dans la même équipe. Il avait un shoot fort peu conventionnel Nico, mais c’était un bon joueur.
Parce qu’à la rentrée de 6ème, je m’étais inscrit au club de l’ASJM, où officiait Momo. Et Dominique. Dominique c’était un dur. Le genre de mec que t’aimes pas trop quand t’es petit. Le mec qui fait peur, qui a une moustache, et qui t’engueule tout le temps.
Alors quand il m’a vu arriver avec mes Converse, il n’a pas été content. « Faudra t’acheter des vrais baskets ». Ok.
Aujourd’hui j’lui sortirais ma science, j’lui parlerais de Bob Cousy et de l’histoire de la Converse All Stars, de la NBA des années 50 et j’finirais pas un swich à trois points, mais bon on était en 1991, je ne savais pas encore tout ça. Puis cette moustache…elle faisait flipper mine de rien.
J’ai donc du aller en compagnie maternelle acheter des baskets plus adaptées, des GamStar sûrement, avec des scratchs, je kiffais les scratchs, pourtant je savais faire mes lacets, j’étais allé chez l’orthophoniste et on apprenait ça entre autres là-bas, je me vois encore dans l’escalier en repartant : « mettez tous vos lacets et vos chaussures » J’en ai eu un paquet à l’époque des Gam’Star, je les achetais à côté de la salle d’entraînement, dans un magasin qui existe toujours, incroyable d’ailleurs.
Ca me fait penser que l’orthophoniste j’y retournerai plus tard, rue Nationale à Lille, pour soigner des polypes, des inflammations ou je ne sais quoi des cordes vocales, pourtant j’étais pas bavard, à l’époque. Bizarre.
Tout savoir, vous allez tout savoir.
La 6ème passe, et la 5ème aussi. A une vitesse folle. Zéro indices sur ce qu’il s’est passé cette année là. Mais je crois que Monsieur De Cubber a voulu me la faire redoubler. Désolé si j’écorche votre nom Monsieur.
Monsieur De Cubber, Decubber, je ne sais plus, était le directeur. J’entretiendrais avec lui une relation intense. Lol, comme on dit en 2008. Sûr et certain qu’il se souvient de moi, il n’a pas du avoir 36 élèves aussi « attachants » dans sa carrière.
Car après la 5ème ce dont je me souviens, c’est que j’ai commencé à « foutre le bordel ». Il faut dire que l’effectif que j’avais à mes côtés en 4ème était garni de soldats de choix. Romain, qui était à mes côtés depuis le CP, et dont je n’avais pas encore évoqué le nom, et une bande de joyeux drilles dont les identités me fuient. Peut-être qu’il y avait Vincent, Anatole, et d’autres. Martin aussi.
Même si je n’avais déjà plus que le basket en tête depuis quelques temps, je trouvais toujours l’occasion de me faire remarquer.
Tant de souvenirs remontent d’un coup.
La tête de Thibault, une espèce de génie qui avait 20 de moyenne générale, et même des 21, chose qui me marquera longtemps, et dont les parents avaient l’âge de ma mère plus celui de ma grand-mère je crois. Donc tête, petite tête, frêle tête, qui claque sur bureau. Ou alors bureau qui claque sur tête de Thibault ? On avait des bureaux à casier intégré, avec la planche qui se levait. Une bonne arme ça. Et un bon moyen de tricher discretos en la soulevant pour lire dans le livre ouvert à la bonne page pendant l’interro.
Cette fois Thibault me parlait un peu trop, me taquinait, et commençait à atteindre les limites, il me touchait la cuisse aussi je crois c’est surtout ça qui m’a rendu nerveux. Mais je n’étais déjà « pas un pd ». Alors je me suis énervé et bim. Il n’a plus trop parlé, et j’ai certainement pris un billet rose, ou vert. Sinon Thibault je l’aimais bien, j’étais même allé chez lui, derrière le friteux à St Maur. Wesh le friteux, bien ?
Les billets rose étaient destinés à sanctionner une mauvaise note, et étaient si ma mémoire visuelle est bonne, remplis de quelques exercices à rendre. De la limonade. Claire, la fille du magasin de cycles où mon frère faisait réparer sa mob, en avait un paquet, le record je crois. Elle est partie aussi en cours de route. Pas partie. Partie. Ca aurait fait gangsta aussi sinon, damn. Partie d’une boulette de papier mâchée collée en pleine tempe.
Ah ouais les sarbacanes en effaceur, ça c’était du grand art.
Un effaceur coupé des deux côtés, une tête de Bic cassée juste avant le corps, un pinceau au manche assez fin et pointu, et après chacun sa recette pour les boulettes, bien humide pour moi, pour donner de la vitesse. Ca ca claquait fort. Sur le tableau ou dans une nuque, i’a eu des batailles mémorables.
Les billets verts eux, c’était pour les gangsta justement.
Les gangsters comme moi. Les fauteurs de trouble. Sanctionné d’une retenue le mercredi. 2h, 4h, cumulables. J’allais vite prendre un abonnement à ce rendez-vous. J’étais en régime de semi-liberté quand j’y pense en fait, avec toutes ces colles.
La 4ème se déroule, pleine de faits marquants mais disparus, et laisse place à une année exceptionnelle, type St Emilion 1985 : la 3ème.
La 3ème, là t’es le chef suprême, tu règnes, et tu as tracé tes plans depuis 3 ans. Tu diriges la cour, tel un maître d’orchestre, et tu imposes les flux migratoires et les zones d’achalandises de manière charismatique. Silencieuse. Regards et gestes secs.
Je siégeais depuis le panier de droite, celui qui avait un poteau, pas celui qui était accroché au mur près du préau. Non, le côté prestigieux, devant les classes, dans le coin le plus paisible de la cour.
Je n’étais pas une terreur, loin de là.
Le terrain de basket.
Dès la sixième j’avais gagné ma place sur le terrain, car les grands, Thomas, et cette grande saucisse dont je ne me rappelle plus le nom, un grand blond, aux cheveux ondulés, vraiment grand pour son âge, genre 1m90-2m peut-être, mais pas très à l’aise avec son corps, savaient que le p’tit « he got game ». Ils l’avaient vite compris, et j’avais une sorte de laisser-passer, un passeport sportif.
Et lorsque mon accession au trône arriva, j’étais fin prêt. Les rois étaient morts, vive le roi.
Inscription à :
Articles (Atom)