dimanche 30 novembre 2008

"And i'm dreamin of a place where i could see your face"

Il y a des dimanches comme ça, où la nuit qui s'est doucement imposé, le calme de la rue, la solitude et la musique un peu triste que l'on a soi-même choisi d'écouter se réunissent dans un ballet très cinématographique.

Le piano est un instrument auquel je pensais cette nuit, quelque part dans une insomnie. Pourquoi...Je ne sais pas, j'aime ce mot, ces lettres, l'objet, qui occupe si magnifiquement une pièce, une maison, et ce son.

Je suis à chaque fois surpris par l'émotion que peut véhiculer la musique.

Si l'on pouvait moins parler avec la bouche ou ces mots sur des écrans, et plus avec les yeux. On se comprendrait mieux, j'en suis certain.

"On"...

jeudi 27 novembre 2008

Ta page nocturne

Rituel de laisser l'humeur pré-sommeil ici, en quelques mots. Je lis beaucoup le mot insomnie, dans des conversations, sur des blogs, inversons le système et vivons la nuit mes amis.

L'homme français a perdu 40% de ses spermatozoïdes en 50 ans(pourtant les cum-shots que je vois n'ont jamais été aussi impressionnants, trucage? ou quantité ne veut pas dire qualité?), l'être humain va donc peut-être enfin s'éteindre et laisser la nature tranquille. A moins que les scientifiques aillent plus vite que la musique.

J'ai acheté un paquet de Pépito Chocolat Noir et un de Tartelettes Fraise, avec uniquement des pièces de 5, 2 et 1 cents. Et une pièce de 1 euro. Le tout pour 3euros85 si je ne me trompe pas.

DJ Premier n'arrête jamais de produire, tel un chinois du beat.

Mes paupières me pèsent, dois-je y croire? Vais-je dormir?

mercredi 26 novembre 2008

http://www.youtube.com/watch?v=YWtKUx5flJA&feature=related

Bim. Quelle sensation oubliée dès les premières basses de ce remix...
Simplicité, rugosité(ça existe ça comme mot? moi ça me va), Nas qui repose plus énervé pour coller à l'ambiance, ah la la j'adore. Le genre de morceau qui me fait aimer la vie, et qui me donne le sentiment que rien ne peut m'atteindre. Voilà, pas besoin d'en dire plus.

mardi 25 novembre 2008

Let's see what's next on the menu

BN goût chocolat, Gaufrettes enrobées de chocolat fin Monoprix, Kinder Maxi, Prince de Lu.
Une alimentation équilibrée est la clé d'une bonne santé, physique et morale.

Dernier fruit consommé: une clémentine il y a deux semaines trois même peut-être.
Dernier légume consommé: quelques bouts de salades, une dizaine de grain de mais, deux tranches de concombres, un peu de chou et deux tranches de tomates(ça va m'faire mes apports pour le mois de décembre ça!) dans mon assiette Kefta-crudités hier midi.

Pas de jus de fruit, pas de laitages, peu de pain, pas de vin.

Dernier poisson consommé impossible à dater. Probablement début-aout.

Derniers oeufs, non-consommés, jetés sur une voiture qui klaxonnait trop en bas de chez moi.

dimanche 23 novembre 2008

All that i got is you

Rien.

Love at first sight/when comes night/sleep, dreams, nightmares/who cares/tears, fears, too much on my mind/it's like...i'm looking after something i won't find/

samedi 22 novembre 2008

Smif n' Wessun

Dah Shinin' à fond les enceintes et tout va mieux, breaks de batterie qui roulent et frappent sec, voix, flows, samples façon Beatminerz, mélancoliques, bim bam boum.

Neige, grêle, pluie, vent, froid, noir, bain chaud.

Kinder Maxi, KitKat Chunky, BN, Côte d'Or au lait, Céréales fourrées tout chocolat Grand Jury, de quoi tenir un siège affectif de deux jours.

Nuée de papillons dans le ventre.

Nouveau Hoodie gris chîné. Qui réconforte plus qu'un câlin maternel.

Xylophone, trompette, basse.

Big Noyd, l'album de la semaine, "Watup' Cousin?".

La Peau Douce, le Chybre Magique, les coups de fil nocturnes, le dernier recours, le seul.

Cymbalta 60mg.
Californication.
14 Shots to the Dome, Crossroads yo Ish.

To the Death yo Premier "Aiiight i see you know".

Crème Nivéa, Terre d'Hermès, la Mèche, les yeux plissés "me fais pas ton regard".

Psycho Unit Shit. Cristalline Source Ste Sophie, Source Marc-Aurèle.

vendredi 21 novembre 2008

Alchemist - Insomnia

Quand t'as froid quand t'as chaud.
Quand tu vas pour regarder l'heure en te disant "j'éspère qu'il est au moins 5h30/6h", en croyant que t'as dormi un peu alors qu'en fait il est 3h43 et que tu cherches le sommeil depuis plus de 2h en tournant dans ton lit pire que dans la ville.
Quand le téléphone sonne pile au moment où tu t'endormais, et que t'en trembles de peur pendant 5 minutes.
Quand tes yeux s'ouvrent tout seuls alors que tout ton corps est épuisé. Comme si le ressort qui les tenait était cassé.
Quand tu sais plus si tu rêves ou si tu penses.
Quand tu te dis "putain nick sa mère demain j'me lève pas avant midi", comme si ça allait changer quelque chose, alors que jusqu'à midi tu ne dormiras pas, mais tu crois que ça va te reposer.
Quand tu penses à l'album d'Alchemist et que tu te dis qu'il tue.
Quand ton appartement fait des bruits, ton immeuble un concert de bruits, de trucs qui bougent et rendent dingue.
Quand t'entends pas de voitures dehors et que tu te dis "putain là j'pourrais lâcher des fats enervés, alors que tu sais que la seule bagnole qui tourne, là, quelque part, c'est la BAC, et qu'ils attendent que ça de te croiser pour passer trois fois devant toi, te coller la pression, te pousser à tourner de manière pas naturelle d'un coup, puis finir par s'arrêter et t'arrêter.
Quand tu manges des Pépito à 04h37, en croyant que ça va te rassurer, avec un peu d'eau, comme si ça allait te mettre mieux.
Quand, tant qu'à allumer son ordi pour écrire sur son blog la flippe de la nuit, autant aller sur 90BPM et Facebook avant voir si rien ne s'est passé. Il s'est rien passé, comme d'hab.
Quand je me dis qu'à cette heure-ci i'en a qui boivent de la Koenigsbier en regardant la télé.


Quand je me dis qu'à cette heure-ci avant je dormais, il y a quelques années...Combien maintenant?..Pffff.
J'vais compter le nombre de gens qu'j'ai aimé j'm'endormirais peut-être.

jeudi 20 novembre 2008

Ayrton Senna

A quand une vraie interview de Booba qui le pousse dans ses retranchements? Toutes celles que je lis sont d'une consensualité horripilante, alors que le mec est au fond du trou et qu'il faut lui dire qu'il n'est pas tout seul, que moi, et d'autres, on est plein, on le comprend, on le sent que derrière ses punch-lines i'va mal le B2O.

Moi aussi j'ai fait de la muscu en croyant que ça allait me permettre de m'accepter mieux, en matant mes trapèzes gonflés.

Mais nan. Enfin tu fais ce que tu veux.

J'suis comme hypnotisé par ce son vaguement 80's de "I don't wanna love again" de Big Noyd...

Staphylococcus saprophyticus

I'a une propreté dans cette nouvelle mise en page, on s'croirait dans un hôpital français.

mercredi 19 novembre 2008

Suite et fin de l'extrait...

Il ne faisait pas bon traîner trop prêt de mon panier, surtout quand on était une fille.
Assise sur la ligne extérieure gauche, contre le mur des salles de classe elles perturbaient mon espace vital. Quelques ballons ont du les « atteindre ».

Une autre elle a eu moins de chance.

Un jour que nous étions sortis en avance pour la récréation, je fais mes shoots, je crois même que je m’entraîne au lancer-franc, ça étonnerait plus d’un de mes coachs, Bruno ou le père de Jean-Phi , Pierre, donc le souligner n’est pas innocent.

Je suis seul dans la cour, je ne sais pas où sont les autres. Et là, quelques « petites » arrivent, elles devaient être trois, des 5ème ou 6ème. Se moquent de mes shoots ratés, piaillent, tournent autour de moi. Aimablement je leur demande d’arrêter. Une fois, deux fois. Devant leur insistance, je menace, une feinte d’envoi de ballon, une main levée.
Face à leur regain de force et de décibels, et leur inconscience de mon passé de violenteur de la femme, et de l’homme, bim.
Ca tu l’as pas vu arriver celle-là. Je vois encore ta surprise, et ta peur aussi. Il faut dire que je n’y étais pas allé à moitié. Je t’avais décoché une belle baffe, atteignant ton petit visage braillard avec le scaphoïde, cet os du bas de la paume, dur et saillant.
Forcément le sang coula. Forcément je me fis convoquer. Je ne sais pas si ma mère le fut aussi, je ne sais même pas si cela revint à ses oreilles. Toujours est-il que je me fis donc coller 4h, au moins, et qu’une dame, mais alors qui était-elle aucune idée, me demanda cette chose : faire une dissertation sur la violence. Grande pédagogie inculquée dans cet ordre, que je résolus en demandant à ma sœur si elle avait déjà abordé ce sujet, et miracle, elle venait de l’aborder en philosophie, puisqu’elle était au lycée. Je rendis une copie identique à la sienne, sans même lire ce que je recopiais, et obtenais les félicitations de cette dame. « Tu vois tu as compris c’est bien je suis très contente », ou un truc dans le genre. Blah blah blah.

Véronique, la deuxième, était assise avec une amie. Elle regardait « ma bouche en cœur ». Elle était amoureuse de moi, malgré ce que l’on allait lui faire. Aaah salop.

Qui eut l’idée à la base ? Qui fomenta cette vengeance sadique ? Il me semble que Jory, dit Jost, avait un contentieux avec elle qui traînait, par rapport à Jessica je crois.
Jory était grand. Il avait presque fini sa croissance en 4ème. Il avait une mob, des rangers, et était scout. Et, dans les détails tout est flou, un dessin m’apparaît cependant. Un dessin de Romain. Romain avait ce talent depuis qu’on était petits. Il avait une facilité à croquer, à dessiner des personnages.
Et là, il avait dessiné un mixeur, le truc pour les fruits, avec la tête de Véronique dedans, et du sang, bien rouge, il avait un bon feutre, qui éclaboussaient partout, avec des morceaux de cervelles et autres détails. Plus les bulles, de la bd, pas les bulles de sang, ah ouais du détail attention c’était pas la moitié d’un dessin, « bulles » qui devaient faire dire des horreurs à Véronique.
S’en suivit ce que l’on appelle un harcèlement, tout simplement. Par amitié, lâcheté, oisiveté, méchanceté, qui sais, je suis rentré dedans, je ne m’innocente de rien. Aller gueuler en bas de chez elle les pires insultes, cacher son cartable sous la neige, d’autres dessins, plus un amas de crasses en tous genres dont Jory et Romain se souviennent sûrement.
J’ai presque envie de les appeler pour leur rafraîchir la mémoire, parce que là elle fait pas gangsta du tout cette anecdote. Hum…Hésitation.
Elle aussi doit s’en souvenir, et s’en foutre si ça fait gangsta ou pas. Ca paraît pas grand-chose au 21ème siècle et à un mec qui brûle sa meuf parce qu’il est véner qu’elle sorte avec un mec de la téc’ d’à côté je sais, mais à l’époque ça nous paraissait hardcore.
Faudrait juste que les deux compères me rappellent deux-trois phases bien rudes.

Mais, toutes les bonnes choses ont une fin(j’rigole Véro)et Monsieur Decubber nous convoqua un jour un par un dans son bureau. Un midi, un mercredi. Mercredi puisque j’étais sorti après l’entretien, que dis-je le procès à huis-clos, et donc cela signifie que je n’étais pas collé.
Ces paroles résonnent encore :
« Vous êtes un prédateur Monsieur Harmignies, un prédateur ». Dit comme ça, en 1993-94 peut-être, à 13 ans, ça ne me parlait pas trop, mais avec son exemple des lions qui pourchassent une gazelle, là ça m’évoquait plus de trucs. Enfin ça me mettait surtout des images en tête, façon documentaire National Geographic, mais de leçons ça non.

Etonnant que je ne sois pas collé ce mercredi.

J’ai eu ma première exclusion en 4ème. Monsieur Decubber ne voulait pas de moi en 3ème, et j’ai du faire le forcing pour rester. Mal lui en as pris de m’accepter !

Ma 3ème. J’y songe avec nostalgie, vraiment.
Mais avant je voudrais dire que Véronique, la première, avait voulu sortir avec moi en 4ème. A nouveau. Les premiers jours. Il faisait beau, j’allais ranger mon vélo, un Rockrider bleu que je me ferais chourer dans ce garage à vélo, et c’est Stéphanie qui était venue me le dire. Ca m’avait surpris, mais toujours pas décidé à l’embrasser. Pourtant j’étais amoureux d’elle. J’te jure Véro, j’voulais sortir avec toi, j’te snobais pas.
Je vois le voyage de classe, de quelle classe je ne sais pas, où, je ne sais pas, et durant lequel elle avait été si gentille, elle aurait tellement voulu qu’on s’embrasse et qu’on officialise notre amourette.
Je vois la boom d’Agathe aussi d’un coup. Dans son garage. Avec du « Mr Vain » et tous les tubes dance de l’époque. Et Véronique qui m’engueule de ne pas l’inviter à danser, de ne pas faire le premier pas.

J’étais accepté en 3ème donc. Je m’étais ressaisi lors du dernier trimestre de 4ème, j’avais été averti de mon probable redoublement, et j’étais passé, sur ordre, du fond de la classe au premier rang, à côté de Claire, la jumelle de Laure. Claire m’a aidé à me concentrer, et m’a filé un sacré coup de main pour obtenir des notes plus correctes. Et puis j’étais devant, donc j’avais moins l’occasion de monter et de mener à bien toutes sortes de coups tordus.
Elle ressemblait pas du tout à Laure Claire. Mais alors pas du tout. Comme l’autre Claire qui ne ressemblait pas à sa jumelle, sans prénom, désolé. On avait deux paires de jumelles dans l’école. Merci Claire.




Voilà un petit exemple de ce dans quoi mon cerveau va piocher à chaque seconde, histoire de ne pas me laisser tranquille cinq minutes à regarder les vagues du Touquet, tranquillement assis sur la digue, ou à me concentrer sur une biographie de Francis Bacon.
Je pense tout le temps à l’un des épisodes, des personnages, qui ont été décrit ou qui vont l’être. Le lieu où je vis, Lille, y est pour beaucoup. Je connais ma ville par cœur, et chaque endroit m’évoque une rencontre, un rire, un paquet de gâteaux. Quand c’est pas un bâtiment ou une rue comme point de repère, c’est un panneau noir de fleuriste sur lequel est écrit « Aujourd’hui Ste Justine » qui me bloque le chemin, ou Stand by me qui passe au Casino le jour de ma rupture avec Gabrielle, puis One Love dans un autre Casino trois heures après. Vous m’direz qu’est-ce que j’fous dans deux Casino à trois heures d’intervalles.. !

mardi 18 novembre 2008

Je vois ma vie défiler

Suite...


En CE2, j’ai passé l’ensemble de ma scolarité avec une casquette vissée sur la tête, à l’envers, de laquelle je faisais ressortir ma mèche gélifiée et sculptée avec une méthode rôdée, dont je saurais reproduire le geste et la précision aujourd’hui, bien mieux qu’écrire le mot « cueillir ». C’est au cours de l’année de CE2 que j’ai eu ma première confrontation, perdue, avec ce mot. Il y en eut de nombreuses autres, innombrables même, jusqu’à Word et à sa correction automatique. J’ai toujours mis le « e » avant le « u ».
J’ai des photos de cette période « mèche-casquette ». L’époque de Pénélope, la copine de mon frère. Pénélope aussi avait une mèche gélifiée, c’était la mode ces années-là, 90-91.
Pénélope était la plus belle fille que j’avais jamais vue, brune, au sourire blanc parfait, gentille, et en plus, une fois au Touquet, j’avais vu ses totottes. Autant dire que j’étais conquit, moi qui me délectais du strip-tease du Bêbête-Show le dimanche soir, où l’on voyait à chaque fois des « totottes ». Prononcé aujourd’hui, ce mot est horrible. Mais à l’époque il évoquait l’une de mes visions préférées, ma vision préférée même, sans aucun doute.

C’est certainement aux alentours de ces semaines là que j’ai commencé à moins mettre mes lunettes, que je portais depuis l’âge de 18 mois, et qui étaient sensées me quitter rapidement d’après Monsieur Anselin, l’ophtalmologiste. Je les porte encore aujourd’hui, uniquement quand j’en ai un besoin précis, lire, écrire, voir précisément. Sinon je ne vois plus à 200 mètres, enfin si mais un beau Bleu de Klein si je regarde le ciel ou un Carré noir sur fond noir dans une idée Malevitchienne si je roule sur l’Autoroute de Valenciennes, magnifique A23, sur laquelle nous nous amusions avec Thomas à couper les phares de sa 205 en allant peindre.

Pendant tout ce temps d’enfance, quel était mon état psychologique ? Aucune idée.

Par contre je me souviens que j’avais la plus belle collection de billes. Les billes, comme les points sur les i. J’avais hérité de celles de mon frère, un sac Tann’s en jean bien lourd, même si les billes de plomb et de pierre de son époque étaient un peu tristounettes comparées au calots multicolores qui débordaient de ma trousse, victoire après victoire. Je me souviens notamment d’une famille bleu turquoise, superbe, et qui était un peu mon trésor, que je mettais rarement en jeu. Je ne me rappelle pas l’avoir perdue.

Sinon pas de foot, pas de bagarres, à part le petit frère de Thibault, que j’avais soulevé et dont j’avais appuyé la nuque sur la poignée du préfabriqué. Ca fait mal hein ça. Fallait pas me soûler. Je ne sais plus ce que t’avais fait mais tu m’avais bien mis les nerfs.

En CM1, on est parti au ski, à Valloire. Et Gatien s’est coincé la bite dans sa fermeture éclair. Alors ça ça nous a fait marrer pendant des heures, et si tu lis ça Gatien je suis sûr que tu vas bien rire. Enfin un souvenir qui ne me concerne pas directement, et où j’étais seulement spectateur.

En CM2, là j’ai commencé à grandir, à prendre conscience des choses qui m’entouraient. Le CM2 c’est surtout la classe durant laquelle j’ai découvert ce qui allait devenir ma passion pour les dix années à venir.

On avait des paniers de basket juste à côté de nos classes, nous les CM2. Et comme la cour de récré est un espace encore plus défini et plus bataillé que le Caucase, c’était chacun dans ses plates-bandes.
J’avais donc établi mes quartiers autour du panier de gauche, en sortant de la classe. Je ne sais pas pourquoi j’ai tenté un shoot la première fois, peut-être parce que le football, même si j’y jouais, ne m’excitait pas beaucoup. Trop brut, trop brouillon, et puis jouer avec les pieds, ça abîme les chaussures, même les Paraboots.

Mon prof de sport s’appelait Momo. J’espère qu’il s’appelle toujours d’ailleurs, ça fait un paquet d’années que je ne l’ai pas croisé. Contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom, Momo était noir. Et dans une école catholique privée, à cette époque, il n’y avait que des blancs. Même si à l’époque je n’avais pas la corruption mentale de me dire il était « noir ». Par différenciation à « blanc » ou « arabe ». Pour moi c’était Momo, point, et Momo il était cool. Comme il voyait que je commençais à ne plus lâcher le ballon, il me prêta une K7 vidéo. C’était la finale de la NBA. La NBA, « ènebillets », je ne savais pas ce que c’était, mais quand j’ai regardé, ma vie a changé.

Michael Jordan.

Même mon professeur, Mr Houset, avait eu le temps de voir le changement le dernier trimestre, celui des beaux jours, et en avait parlé à ma mère, voyant que je me désintéressais du travail. Pourtant je me souviens très bien avoir eu un 20/20 en géométrie en CM2. Ca ne m’est pas arrivé deux fois dans ma vie d’avoir une note parfaite en Maths, alors ce 20/20 il est gravé, il y avait des exercices à l’équerre, des calculs d’angles et d’autres exos assez faciles, je crois qu’on a tous eu une bonne note en fait.

Et les filles dans tout ça ? Géraldine, Julie, puis rien. Après ces deux là en fait, je n’ai que des épisodes violents qui flashent.

Sous le préau de St Joseph, en CE2 ou CM1, moi et Anaïs.

Anaïs était un peu moche, carrément même. Si tu lis ça Anaïs, le prends pas mal, si ça tombe t’es canon aujourd’hui. Mais à l’époque tes lunettes et ton regard de taupe, ton teint blanchâtre, ton style vestimentaire, c’était dur.
En écrivant ça j’imagine que t’es peut-être devenue aussi belle et bonne que Gisèle Bundchen. Avec tout ce qu’on voit dans les magazines people, leurs dossiers « Les Stars Avant/Après », on sait jamais. Bon même si t’es pas une star apparement, je vais taper ton nom dans Facebook tiens.
Je ne te trouve pas.

Bref. Anaïs. Je ne sais pas trop ce que tu m’as fait ce jour là, si tant est que tu m’ais fait quelque chose, mais je t’ai poussé, fort, très fort. Et au lieu de tomber par terre, simplement, il a fallu que tu t’éclates l’arrière de la tête dans le mur. Si je me rappelle t’as eu 7 points de suture. Rien que de la décrire cette poussette, ça me fait mal. Le bruit creux de ta tête qui cogne…Hum, j’aurais pas aimé être à ta place, pourtant j’en ai eu des gamelles, j’en ferais un chapitre, appelé « cicactrices et blessures de guerre »
En plus il y avait une espèce d’arête qui sortait du mur, un peu en angle droit. J’étais énervé qui sait. Je crois que Ludivine s’en souviendrait, elle était à tes côtés.
Je ne me rappelle pas avoir été puni ensuite. On s’est jamais reparlé je crois. On se parlait déjà pas tu me diras.

Anaïs donc. Puis Sophie. Sophie Pagard. Avec un « d » ou un « t » ? Je vérifie sur Facebook ? Un « t » ! Facebook…Et les gens se plaignent du fichier Edvige !

Attention souvenir raconté. Par Sophie Pagart justement, six-sept ans plus tard. Dix ans après même. Douze. Bref.
« Tu tapais les filles ». Au détour d’une conversation. « Tu nous filais des coups de pied alors qu’on était assises par terre » Assise par terre n’est pas un pléonasme. Elles auraient pu être par terre, pour je ne sais quelle raison, mais pas assise, et assise, mais pas par terre. Ca ma fait penser à ce jeu que j’ai vu l’autre soir en attendant ma séance de ciné. Des enfants jouaient à « Chat ». Mais pas perché ou glacé, nan « Chat affalé ». Le but étant de s’étaler sur la moquette dès que le chat approchait ses griffes. Bizarre. Jeu déconseillé à Belfort par le Ministère de la Santé.

Donc je ne me souvenais pas, mais ça avait l’air de l’avoir marqué la Sophie.

Si elles étaient assises sur le terrain de basket aussi…

En racontant ça je me rappelle d’un autre truc tiens. Qui me fait revenir à Géraldine. La fête de fin d’année approchant, il fallait répéter le spectacle. Et cette année là, les filles étaient en collants. On l’a découvert les répétitions en espionnant derrière le préfabriqué. On s’est vite fait griller, je ne sais plus avec qui j’étais, mais j’ai bien eu le temps de voir Géraldine, qui était toujours aussi belle depuis le CP.

Voilà pour mon CV d’école primaire. J’allais maintenant entrer au collège.. !

Le collège. Tu redeviens le plus petit d’un coup. Ca c’est nul. Et puis t’as pleins d’amis qui sont partis dans un autre collège. Nul aussi. Moi j’étais juste passé derrière le fameux mur, le mur du fond de la cour de récré de CP. Là où j’avais fait mon doigt d’honneur avec l’annulaire. Une bonne partie de mes copains étaient partis au Collège de Marcq, le vrai. Moi j’étais à l’Annexe. L’Annexe du Collège de Marcq.
L’Annexe du Collège de Marcq était donc une annexe.

Annexe :
-En droit féodal, domaine attaché à une seigneurie sans en dépendre.

Elle est bien cette définition là, rétrospectivement. Les gens du Collège de Marcq ont toujours eu ce côté seigneur, et nous cette indépendance. Les gens qui redoublaient au Collège de Marcq atterrissaient à l’Annexe.
Le Collège de Marcq est l’une des 5-6 écoles où se débattent les enfants des familles bourgeoises et nouveaux riches du Nord. L’Annexe c’était un peu plus cosmopolite. C’était l’école de la classe moyenne, et aussi d’une classe pauvre, il faut dire ce qui est. Qui devait se saigner aux quatre veines pour payer la scolarité, et pour offrir une chance à leurs enfants.

Je me souviens d’un Mickaël en 6ème. Sympa, pauvre. Il ne savait pas lire, ou très mal, alors il n’a pas pu passer en 5ème et je crois même qu’il n’a pas fini l’année. Je l’aimais bien moi Mickaël.

J’étais en 6ème 12, un chiffre dont je me souviens, ça sonnait bien, mieux que 6ème 11. La 6ème 12, ils avaient du le faire exprès, c’était la classe des cools, de ceux qui allaient devenir les stars du collège.
Et là, immédiatement, premier coup de foudre : Véronique. Véronique était un peu ma Pénélope, brune, le teint mat, un sourire blanc immaculé et un bandeau dans les cheveux. « Ouah ». Je suis vite tombé sous son emprise. Elle sera mon amoureuse officielle tout au long de l’année de 6ème, même s’il ne se passera rien d’autre que des mots de main en main, en main en main, en main, on était loin l’un de l’autre en classe.
Ah les mots ! Quelle belle époque ! Des SMS avant l’heure, écrit sur papier Clairefontaine au stylo plume à encre Waterman, bleue, verte, rouge, bleue turquoise, on avait le choix. Aujourd’hui je serais incapable de passer un mot sans lire ce qu’il y a dessus. Façon Stasi.

Les palpitations qui accompagnaient la découverte de ses mots…
Je me retournais après lecture, un coup d’œil malicieux, mais jamais je n’oserais aller la voir seul, et encore moins dans le but de l’embrasser.

Pourtant j’étais rôdé aux baisers, déjà. Caroline, et son nom de famille aussi doux que ses joues, mon amoureuse officielle de petite enfance, mais surtout Angélique en maternelle, m’avaient initié à ce plaisir. Je me vois embrasser Angélique, sans bouger, ni le corps ni les lèvres, pendant de longues secondes, et repousser courageusement les assauts des perturbateurs dans la cour de l’école Jean Zay, en faisant quelques fausses prises de kung-fu que j’avais du apprendre en regardant Bioman.

Mais Véronique, rien. Pas une tentative. Regrets éternels.
Il y avait aussi l’autre Véronique, moins belle, mais si gentille, à qui l’on fera vivre les pires moments de sa vie d’ado, Julie, et d’autres dont les noms m’échappent.
Mes bulletins et mon parcours cette année là, mes notes, mes professeurs, sont inaccessibles.
Seule la balle au mur est bien fixée, elle, et du coup m’apparaît le visage de mon meilleur pote de cette année là et des suivantes : Nicolas. La balle au mur, c’est, pour ceux qui n’auraient pas compris ou jamais joué à ce jeu génial, le tennis quoi. Ca aurait pu être la balle de 9mm tirée par le boss de la cour, logée dans le mur, qui avait effleuré mon pote et qui aurait du coup était une histoire trop gangsta mais non, j’étais à Marcq-en-Baroeuln en France, pas dans le South Bronx, et c’était juste le jeu de la récré.
Imagine : « tu vois la balle au mur là ? », « Ouais c’est celle de Smoky », « Ouais c’est celle de Smoky, alors demain ramène des pains au chocolat pour Smoky », « Ok François », « et m’appelle pas François moi c’est Destruct », « Ok Destruct ».

J’en ai fait des trucs avec Nico, des conneries, du basket, et je crois qu’il a redoublé sa cinquième. Je ne sais plus s’il est resté à l’Annexe, mais je sais qu’il n’a pas continué longtemps les études. Je continuais à le voir au club de basket, étant donné qu’on était dans la même équipe. Il avait un shoot fort peu conventionnel Nico, mais c’était un bon joueur.

Parce qu’à la rentrée de 6ème, je m’étais inscrit au club de l’ASJM, où officiait Momo. Et Dominique. Dominique c’était un dur. Le genre de mec que t’aimes pas trop quand t’es petit. Le mec qui fait peur, qui a une moustache, et qui t’engueule tout le temps.
Alors quand il m’a vu arriver avec mes Converse, il n’a pas été content. « Faudra t’acheter des vrais baskets ». Ok.
Aujourd’hui j’lui sortirais ma science, j’lui parlerais de Bob Cousy et de l’histoire de la Converse All Stars, de la NBA des années 50 et j’finirais pas un swich à trois points, mais bon on était en 1991, je ne savais pas encore tout ça. Puis cette moustache…elle faisait flipper mine de rien.

J’ai donc du aller en compagnie maternelle acheter des baskets plus adaptées, des GamStar sûrement, avec des scratchs, je kiffais les scratchs, pourtant je savais faire mes lacets, j’étais allé chez l’orthophoniste et on apprenait ça entre autres là-bas, je me vois encore dans l’escalier en repartant : « mettez tous vos lacets et vos chaussures » J’en ai eu un paquet à l’époque des Gam’Star, je les achetais à côté de la salle d’entraînement, dans un magasin qui existe toujours, incroyable d’ailleurs.

Ca me fait penser que l’orthophoniste j’y retournerai plus tard, rue Nationale à Lille, pour soigner des polypes, des inflammations ou je ne sais quoi des cordes vocales, pourtant j’étais pas bavard, à l’époque. Bizarre.
Tout savoir, vous allez tout savoir.

La 6ème passe, et la 5ème aussi. A une vitesse folle. Zéro indices sur ce qu’il s’est passé cette année là. Mais je crois que Monsieur De Cubber a voulu me la faire redoubler. Désolé si j’écorche votre nom Monsieur.
Monsieur De Cubber, Decubber, je ne sais plus, était le directeur. J’entretiendrais avec lui une relation intense. Lol, comme on dit en 2008. Sûr et certain qu’il se souvient de moi, il n’a pas du avoir 36 élèves aussi « attachants » dans sa carrière.

Car après la 5ème ce dont je me souviens, c’est que j’ai commencé à « foutre le bordel ». Il faut dire que l’effectif que j’avais à mes côtés en 4ème était garni de soldats de choix. Romain, qui était à mes côtés depuis le CP, et dont je n’avais pas encore évoqué le nom, et une bande de joyeux drilles dont les identités me fuient. Peut-être qu’il y avait Vincent, Anatole, et d’autres. Martin aussi.

Même si je n’avais déjà plus que le basket en tête depuis quelques temps, je trouvais toujours l’occasion de me faire remarquer.
Tant de souvenirs remontent d’un coup.
La tête de Thibault, une espèce de génie qui avait 20 de moyenne générale, et même des 21, chose qui me marquera longtemps, et dont les parents avaient l’âge de ma mère plus celui de ma grand-mère je crois. Donc tête, petite tête, frêle tête, qui claque sur bureau. Ou alors bureau qui claque sur tête de Thibault ? On avait des bureaux à casier intégré, avec la planche qui se levait. Une bonne arme ça. Et un bon moyen de tricher discretos en la soulevant pour lire dans le livre ouvert à la bonne page pendant l’interro.
Cette fois Thibault me parlait un peu trop, me taquinait, et commençait à atteindre les limites, il me touchait la cuisse aussi je crois c’est surtout ça qui m’a rendu nerveux. Mais je n’étais déjà « pas un pd ». Alors je me suis énervé et bim. Il n’a plus trop parlé, et j’ai certainement pris un billet rose, ou vert. Sinon Thibault je l’aimais bien, j’étais même allé chez lui, derrière le friteux à St Maur. Wesh le friteux, bien ?

Les billets rose étaient destinés à sanctionner une mauvaise note, et étaient si ma mémoire visuelle est bonne, remplis de quelques exercices à rendre. De la limonade. Claire, la fille du magasin de cycles où mon frère faisait réparer sa mob, en avait un paquet, le record je crois. Elle est partie aussi en cours de route. Pas partie. Partie. Ca aurait fait gangsta aussi sinon, damn. Partie d’une boulette de papier mâchée collée en pleine tempe.

Ah ouais les sarbacanes en effaceur, ça c’était du grand art.
Un effaceur coupé des deux côtés, une tête de Bic cassée juste avant le corps, un pinceau au manche assez fin et pointu, et après chacun sa recette pour les boulettes, bien humide pour moi, pour donner de la vitesse. Ca ca claquait fort. Sur le tableau ou dans une nuque, i’a eu des batailles mémorables.

Les billets verts eux, c’était pour les gangsta justement.
Les gangsters comme moi. Les fauteurs de trouble. Sanctionné d’une retenue le mercredi. 2h, 4h, cumulables. J’allais vite prendre un abonnement à ce rendez-vous. J’étais en régime de semi-liberté quand j’y pense en fait, avec toutes ces colles.

La 4ème se déroule, pleine de faits marquants mais disparus, et laisse place à une année exceptionnelle, type St Emilion 1985 : la 3ème.

La 3ème, là t’es le chef suprême, tu règnes, et tu as tracé tes plans depuis 3 ans. Tu diriges la cour, tel un maître d’orchestre, et tu imposes les flux migratoires et les zones d’achalandises de manière charismatique. Silencieuse. Regards et gestes secs.

Je siégeais depuis le panier de droite, celui qui avait un poteau, pas celui qui était accroché au mur près du préau. Non, le côté prestigieux, devant les classes, dans le coin le plus paisible de la cour.
Je n’étais pas une terreur, loin de là.
Le terrain de basket.
Dès la sixième j’avais gagné ma place sur le terrain, car les grands, Thomas, et cette grande saucisse dont je ne me rappelle plus le nom, un grand blond, aux cheveux ondulés, vraiment grand pour son âge, genre 1m90-2m peut-être, mais pas très à l’aise avec son corps, savaient que le p’tit « he got game ». Ils l’avaient vite compris, et j’avais une sorte de laisser-passer, un passeport sportif.
Et lorsque mon accession au trône arriva, j’étais fin prêt. Les rois étaient morts, vive le roi.

Between Laugh and Tears

Extrait d'une itw de Benoît Poelvoorde, hospitalisé pour dépréssion après avoir embouti trois voitures à l'arrêt.


Astérix flippex.
C'est au moment d'Astérix que la dépression est montée. Je ne pouvais même plus entendre les mots «moteur», «action». J'étais pris de panique, de crises de tétanie. Souvent la nuit. C'est à cause de ces insomnies que je me suis retrouvé noctambule, et donc à boire - comme ça on dort jusqu'à midi, et les angoisses attendent jusque-là. Vient le moment où ni l'alcool ni les anxiolytiques n'y font rien.
Maniaco-dépression.
Tellement de journaux m'ont poursuivi à l'hôpital, que maintenant j'en parle. Il faut toucher le fond pour trouver l'estime de soi, via la connaissance de ses échecs - comme dans Cowboy. Je déteste le cliché du clown triste, mais je préfère raconter moi-même. Cette sensation de se regarder et que votre tête est déconnectée. Comme si l'on était au-dessus de soi, se regardant manger, marcher, bouger. C'est dans Entre ses mains que je me suis vu pour la première fois jouer de dos.
A l'hôpital.
Un ami producteur m'a fait hospitaliser quand j'en ai été à boire matin, midi et soir. Les angoisses devenaient trop fortes. A l'hôpital, on fait peinture, macramé, atelier de dessin, on flotte toute la journée à cause des médicaments, on voit des psys qui ne servent pas à grand-chose. La dépression, c'est la perte de l'estime de soi.
L'angoisse s'accroît avec les pitreries ?
Si je joue, l'angoisse s'arrête net. Faire rire donne un sentiment de toute-puissance. On s'accapare un personnage, on lui donne tous les excès. Je n'aurais aucun problème à traverser l'hôtel Meurice une plume dans le cul. Alors que dans la réalité, à poil comme ça, j'aurais peur d'avoir l'air d'un con fini. Je n'ai jamais eu le syndrome du «vouloir arrêter la comédie». Jamais de la vie. J'adore faire le pitre.
Enfance.
Je suis anxieux depuis l'enfance. Je ne dormais jamais dans mon lit, mais pelotonné sur une paillasse, devant la porte de ma mère. Très tôt, on a été brinquebalés, à l'abandon. Les symptômes, physiques, sont progressivement devenus graves. J'ai toujours eu une nature très angoissée. Je n'ai aucune confiance. Je suis par exemple incapable d'assumer la paternité, de peur de transmettre à un enfant mes effrois.

lundi 17 novembre 2008

Extrait

Je vois ma vie défiler. Pourtant je ne suis pas en train de mourir, mais bien de vivre.
Je vois ma vie défiler, comme si j’étais bloqué devant la chaîne d’Etat nord-coréenne, et que le même film de propagande passait, encore et encore. J’écris seul le scénario de ce film depuis dix ans, depuis les derniers jours d’avril 1999 pour être précis. Depuis que mon frère est mort, et que j’ai commencé à en savoir plus sur le suicide de mon père 12 ans plus tôt.

Silence, silence, silence, moteur, silence, action.



En 1987, j’avais 6 ans et demi lorsque mon père a été retrouvé pendu, très tôt un matin des premiers jours de septembre. Je n’avais aucune conscience des choses à cet âge, et, même si les événements sont flous dans ma mémoire, je me rappelle parfaitement être allé réveiller mon frère d’un « Papa est mort ». Je n’avais aucune idée de la portée que pouvait réellement avoir ma phrase, je lui ai juste répété ce que l’on venait de me dire. Cela me semblait bien étrange que ma grand-mère soit là avant l’école, mais j’ai du m’envoler pour la Lune ce matin-là.

Je n’ai aucun souvenir des jours qui suivirent, ni de l’enterrement, ni de ma rentrée scolaire.

Je n’en ai qu’un de mon père. Un seul précis en fait. Deux.
Un matin que je descendais d’une nuit écourtée, il était là, levé, prêt à aller à son cabinet. J’y ai repensé il y a quelques jours à une table ronde pour les céréales Quaker Cruesli. Je n’avais que cette image en tête, pendant les quatre heures que cela a duré, toutes ces questions, « mais alors qui les consomme ? », « les couleurs ? trop foncées ? », cette image simple de mon père dans la cuisine et de ce tôt matin.
L’autre souvenir c’est d’être chez je ne sais qui, au Touquet, à la fenêtre, et d’attendre de voir mon père qui courait le marathon avec mon frère, passer. « Là là ! » Je me demande vraiment qui étaient ces gens chez qui j’étais…

Voilà certainement pour le point de départ. La mort de mon père, Dominique Harmignies, 1952-1987. Médecin, époux de Isabelle Harmignies Milbled, 1952 aussi et en vie.




C’est ma classe de CP qui commence à me fournir quelques souvenirs, à part celui, indélogeable que nous étions tous amoureux de Géraldine. Mon cahier d’écriture en est un exemple fort. Avec la punition que Madame Voye m’infligea ce jour, excédée.
Elle m’ordonna de faire le tour de toutes les classes de CP, et de montrer à chaque maîtresse mon cahier, pour que chacune le tende bien haut et fasse passer ce cahier du diable à tous ses élèves en tant qu’exemple à ne pas suivre.

Les points que je mettais sur les « i » étaient certes énormes(oui Lulu comme ma tête), disproportionnés, mais le traumatisme résultant de cette humiliation devant l’ensemble de l’école l’était tout autant.
Avant ou après cet épisode, un autre m’apparaît tout aussi clairement.
Ma mère devait être appelée à venir me chercher, d’urgence, car je ne voulais pas rester à la cantine. Je devais jouir d’une certaine immunité grâce au décès de mon père. J’ai un souvenir si précis, si clair de ce moment où ma mère est venue me prendre pour me ramener à la maison, que j’ai l’impression de revivre la scène et d’endosser mon corps d’enfant. Enfin corps d’enfant…si ce livre est accompagné de la photo de classe de CP, vous n’aurez pas de mal à me trouver, je n’en dirais pas plus.
La délivrance qui suivit ce secours était rassurante, et en plus je savais que j’allais pouvoir regarder Supercopter à la télé. Quel plaisir ! Le générique de cette série était si trépidant, j’imagine mon regard absorbé derrière mes lunettes rondes de couleurs, rondes comme des points de i. J’ai du avoir une vingtaine de paires de lunettes, toutes plus funky les unes que les autres, ma mère doit en avoir une partie chez elle, ça fera une bonne mise en page.

Un autre jour, intimidé à l’idée de demander pour quitter la classe en pleine leçon, je me suis fait « dessus » en pleine classe. Arrimé à ma chaise, gesticulant et essayant en même temps d’éviter tout bruit intempestif, j’agissais en fait comme une sourdine de trompette avec mon siège, et manque de pot, un paquet d’oreilles et de nez gênés m’avait bien fait comprendre que quelques notes leurs parvenaient. Arrivé aux toilettes évidemment il était trop tard, la partition était finie. J’ai une scénographie précise de la suite de ce passage, car il est à l’origine de mon aversion pour les slips. La douche habillé, pleurant de gêne et de honte, je disais adieu à mon slip Zorro, et aux slips en géneral.

Géraldine était une fille superbe, brune, souriante, malicieuse(j’aurais pu mettre « aucune transition » entre les deux paragraphes mais à ce niveau-là de passage de coq à l’âne, inutile)
Laurent, l’autre Aurélien, et tous les garçons de la classe se battaient pour s’asseoir à sa plus immédiate proximité. Malheureusement pour moi, ce sentiment resterait au stade de contemplation, et jamais je n’arracherais un baiser à sa bouche.
Julie elle, m’en arracha un. Au sens propre. Aujourd’hui les parents d’élèves porteraient plainte à la vue de l’acharnement avec lequel elle me courut après, me plaqua contre le mur de briques du fond de la cour, et m’embrassa avec un appui forcené, le tout contre ma volonté. Julie était jolie, mais moins que Géraldine.

Le mur du fond, c’était là qu’on parlait avec les grands du collège. Notamment moi avec ma sœur. Je m’en souviens car une fois où elle et ses amis m’embêtaient, et que je tentais de me défendre et de leur répondre par les insultes que je connaissais, dans un geste de défiance ultime, pensant leur clouer le bec et avoir le dernier mot, je leur adressais un magistral doigt d’honneur…du mauvais doigt ! Je m’étais mis seul hors de cette bataille, tel un kamikaze qui fait plouf.

C’est tout ce qu’il me reste de vivace de mon CP. Mon CE1 n’est pas plus fertile en souvenirs, mis à part le nom de ma maîtresse, Mme Dassonville, et encore le doute est amplement permis.
Un jour que nous devions lire chacun un livre, je me remémore m’être à nouveau fait gronder car j’avais fini de lire avant les autres, mais genre bien avant, et un peu trop rapidement au goût de Mme Dassonville. J’avais pourtant lu chaque mot, chaque page. J’ai certainement du le clamer haut et fort. « Tu as fini Aurélien ?!? ». « Oui ». « Ce n’est pas possible ». J’entends d’ici cette voix de pie mettre en doute mes capacités d’enfant de 7 ans.
Puis les classes, les récréations, les années, les personnes, se mélangent un peu. Et forment un gros dossier que j’aurais plus de mal à effeuiller...
Lundi 17 novembre...
Ca sonne bizarre comme date, surtout le 17, autant 16 novembre ça ne me choque pas, autant à partir de 17 j'aime pas.
Cry Baby de Janis Joplin, puis Every Kinda People de Robert Palmer en lecture aléatoire de Deezer.
Rien à écrire, aucune inspiration.

Le spleen me bouffe et m'anéantit, le blues me marque le pourtour des yeux, tout s'emmêle, les visages, les souvenirs, où est l'avenir? Je n'attends plus rien. J'suis plus qu'une ombre, une silhouette, une carcasse vide de chair, exsangue.

vendredi 14 novembre 2008

Aie. Aie. Aie. Aie. Aie. Aie. Aie...

90ème message.

J'ai parcouru le dernier livre de Philippe Labro hier après-midi, qui m'est apparu sous les yeux alors que j'attendais que le temps passe en parcourant les allées de la FNAC.
"Tomber sept fois, se relever huit". Le genre de titre qui m'accroche. J'ai donc saisi ce livre et lu quelques pages, au hasard. Il y raconte la dépression qu'il a traversé, les symptomes, les psychiatres, psychothérapeutes, médicaments, le regard des gens, et sa "sortie", son retour à la vie.

Il y énumère également ses sept chutes.

Sept chutes...

Vous pouvez énumerer sept de vos chutes?

Les mots qu'il emploie pour parler de sa dépression résonnent. L'incapacité à en dater l'origine, sa lente progression, le manque d'appétit, d'envie...

Rien ne m'excite. C'est triste. Je suis spectateur de ma léthargie.
Moi qui aime tant la musique, le graffiti, les gens, rire, manger, apprendre, découvrir, courir, je ne fais plus rien.
Rien. La réponse aux "Quoi de neuf?" des gens. Rien. Rien. Rien. Je devrais peut-être inventer des trucs, je n'en ai même pas les capacités en ce moment. J'écoute les gens et je n'ai rien à dire.

J'ai envie de dormir six mois et de me réveiller.
Et de m'émerveiller à nouveau, de rire de bon coeur.

Je ne suis pas ce que je devrais être.

jeudi 13 novembre 2008

"Cheap Hospital Clothes"

La Pure Premium Volume 2, encore et encore, et cette sensation bizarre que rien ne change vraiment. Que les gens passent dans ma vie, s'en retirent éreintés, y reviennent en y mettant qu'un pied, s'apercoivent que je suis toujours ce mec bizarre, drôle en conversation et flippant dans ses pseudos et textes.

Je suis là, sans raisons. Sans projets. Sans envies. Sans forces. Sans appétit.

Demain n'est qu'une répetition de la veille, aujourd'hui est une douleur, une blessure que je ne soigne pas, ça pique, mais j'attends que ça cicatrise tout seul.

lundi 10 novembre 2008

La mécanique enrayée : allo l'Horloger

Tes aiguilles n'égrénent plus le temps?
Pire elles le font mais avec du retard? L'Horloger est là.

Le bracelet de ta Swatch pue la sueur? Ca j'y peux rien.

Tu te lasses de ta Rolex?

Tu ne fais qu'attendre? Ta vie profesionnelle n'est qu'un enchaînement de rendez-vous? Et quand tu rentres chez toi tu regardes ta montre pour chronométrer tes pâtes?

Tu es esclave du temps. Tu as tes raisons, travail, vie sociale, nutrition saine.

Echangerais-tu tout ceci contre le vide? Le vide temporel? Ou ni la faim ni personne ne te dicterait ton emploi du temps? Seul le soleil, la lumière te donnerait un vague indice de l'avancée de la "journée". Ferais-tu ce troc?

Journée, nuit, journée, nuit, journée, nuit, journée, nuit, journée, nuit, journée, nuit week-end, journée longue, nuit.

Avant l'invention du feu, de la lampe à pétrole, de l'électricité, des portables qui sonnent à 3h36 du matin, le noir, le bruit, le silence.

L'Horloger n'a pas l'heure, l'Horloger vit non-stop depuis qu'il est.
Heures, jours, mois, années.
Amour, joie, fidélité, sagesse.

mercredi 5 novembre 2008

Thibault Delcourt

"Si tu t'appelles mélancolie"...

Aussi loin qu'j'm'en souvienne, j'ai toujours été un peu triste, toujours en train de penser à un truc, sans savoir forcément à quoi.
J'ai toujours été super-marrant aussi, c'est pour ça que j'ai mis "Testeur de montagnes russes" dans mon profil Facebook. J'fais qu'ça depuis si longtemps, faire le clown pendant une heure, amuser la galerie, montrer mon cul, user de bons mots, et l'heure d'après m'enfuir dans mon p'tit coeur, jouer avec mes souvenirs. Mon p'tit coeur est pas en chocolat, mon colon est en chocolat. J'avais envie d'le préciser pour Olivia. Olivia je t'ai déjà croisé devant chez toi, à Montmartre. La première fois qu'j't'ai entendu j'ai trouvé ta voix si belle, c'est la première fois qu'la France t'entendait. Tu chantais un titre de Vanessa Paradis si je me souviens bien, c'est la seule fois où j'ai regardé la Star'Academy de ma vie. J'écris toute la journée, en tapant sur mon clavier ou en écrivant dans ma tête, comme Biggie ou Jay-Z. Les mots sortent, sans arrêt, les mêmes, des nouveaux, dans un ordre, dans un autre, et puis par moment une dizaine s'accordent vraiment bien, comme un homme et une femme. Alors je les répète, ils sonnent, je rêve de les chuchoter dans une oreille, de les écrire, de t'imaginer les lire. J'ai écrit les 5 mêmes lettres et les 4 mêmes lettres pendant 10 ans, elles arrivaient à contenir tout ce que j'éprouvais, elles servaient de barrage. Aujourd'hui, ce dernier a lâché, j'suis comme une rivière en crue, un volcan. J'suis la Nature qui reprend ses droits, qui coule là où elle a toujours coulé, qui nourrit et détruit. Naughty by Nature, j'ai acheté le sweat que je porte en 1994, la même écorce, la même peau, la même sève, on me plante, déplante et replante au gré du vent. J'suis plein d'graines, tu crois qu'j'ai jamais voulu avoir d'arbustes? Même si ce monde est pourri jusqu'à la moelle, c'est bon la moelle, ça se sert dans les restaurants, alors? "Be my baby", "Tainted Love", "Knock on wood", les trois chansons que mon père passait le plus chez ma grand-mère entre 1982 et 1987, trois chansons indémodables, trois chansons qui m'évoquent mon enfance. Putain d'enfance, pourquoi t'es parti Papa? Tu pouvais pas prendre sur toi bordel, regarde nous, on est magnifiques, t'as fait trois chefs d'oeuvre, dont un qui est parti te rejoindre. T'avais une femme magnifique, t'avais tout, l'argent, le travail, des gens qui t'aiment. Vous croyez que je reproduis un schéma au hasard? Evidemment qu'j'marche sur les pas de mon père, c'est génétique. J'aime les gens, trop, j'aime trop tout, je ne sais pas dire non, on m'a jamais dit non, j'ai toujours tout eu, j'ai toujours tout pris. "Ain't no half steppin'". Faire les choses à moitié? 'Connais pas. T'arrives sur un mur tu prends toute la place, de gauche à droite de haut en bas, personne doit pouvoir se mettre à tes côtés, c'est ça l'game. J'veux être dans la tête des gens, être les lèvres que les filles n'oublient pas, l'épaule la plus confortable dans laquelle elles aient niché leur tête, les mains les plus rassurantes. Pourquoi? Parce qu'un dimanche j'étais cool, "chilling", et on m'a dit qu'mon frère était mort. J'ai pas besoin de faire 50 psychanalyses pour savoir de quoi j'souffre. J'souffre du manque d'amour, et en même temps quand j'en ai je le perds parce que je pense à ceux que j'ai perdu une heure sur deux. J'suis aussi triste pour mes morts que pour mes vivants, Papy, Papa, Vianney, Thierry, Axe, Soar, Justine, et tous les gens que j'ai jamais eu l'occasion de connaître, tous les gens que je ne vois plus, wesh Jeedma t'es où? qu'est-ce que tu deviens? ça t'avais plu Cap Nord? Putain j'ai vécu dix mille trucs géniaux, j'vais pas m'plaindre des gens en vivent pas un centième dans leur vie. J'éclate de la couleur sur des photos grisâtres, du rose, du bleu, du jaune, du vert, du noir, du blanc. Je sais que tout le monde m'aime, mais pourquoi tout le monde se tait? Criez-le, à moi, à tout le monde.
Wesh Thibault tu te demandes pourquoi j'ai écrit ton nom? Rappelle-toi comment tu me surnommais au lycée, rien n'a changé, je louche toujours, et j'écoute toujours Joe Dassin. V'là pourquoi t'es dans Google.

Booba/Rockin' Squatt

Pour une fois que j'écoute du rap français contemporain autant le signaler à tout le monde.

Booba: Money
Rockin' Squatt: Aimer sans posséder

Une rime chacun pour résumer le morceau.

Booba: "on m'a pas dit ce que j'allais devenir/que mes démons fuiraient mais qu'ils allaient revenir"'

Rockin' Squatt: "Je rejoins les poètes qui ont perdu leur coeur/et qui l'ont retrouvé dans un coin de douleur"

Voilà. Yo Ge-an, ça va nous faire la fin de l'année ça tu vas voir.
On va s'en sortir t'inquiète "c'est nous qu'on a raison".

lundi 3 novembre 2008

"Last days"

http://www.youtube.com/watch?v=W6oF04D7z6c&feature=related

Onyx Onyx!!!

"Listen to...the meeeeee-lody"

Ca c'est du titre bordel de pâtes au sel.

"Happy days"

Mon frère c'était Fonzie/ tombeur de filles/
c'est d'famille/ j'baigne dedans d'puis qu'j'suis p'tit/
que des brunes un peu trop mignonne/
pas d'blonde un peu trop conne/
pleins d'cheveux, une belle bouche et pleins d'yeux/
j'veux ç'qu'i'a d'mieux, les culs r'bondis pas les vieux/
r'garde moi en face, laisse moi un espace/
trois-quatre phrases et hop t'y passe/
ah ah plus d'egotrip qu'un titre de Big Daddy Kane/
pour toutes ces meufs qui veulent juste se faire ken///


Ambiance 1988 ce soir dans les studios.

"Better days"

J'adore.
En cherchant la prestation d'Ayo que j'ai vue hier soir sur France 2, je la trouve, et dans vidéos similaires je vois: Onyx - Live Niguz(uncensored), entres autres, i'a aussi Infamous Mobb.

Ayo a chanté un extrait de son nouvel album, jouant au piano.

"Better days"

People are tellin me to stay away from you/
i can't help myself just don't know what to do/
even they say, you won't change anyway/
but i can't help myself, i just can't help myself/
people are tellin me to keep away from you/
but they will never understand how much i feel for you/
[...]
still believe in...
better days,
better days,
better days, better days, better days...


http://www.youtube.com/watch?v=lu9xGNx-aI0

dimanche 2 novembre 2008

Hijo de la Luna

"Andy Kaufman a été l'un des artistes comiques les plus excentriques, les plus novateurs et les plus énigmatiques de notre temps. Il était persuadé que la vie ne vaut d'être vécue que si elle ressemble à une immense farce. Man on the Moon retrace la carrière de ce comique américain devenu célèbre par son humour provocant, magiquement interprété par Jim Carrey dont l'interprétation de ce personnage vire à la réincarnation. Une critique extrêmement percutante de la société du spectacle, menée tambour battant par Milos Forman plus inspiré que jamais. Une grande réussite!!"


Effectivement ce film est une grande réussite comme le dit la jaquette que je me suis cassé les cou!lles à retranscrire.

Au-delà de l'histoire en elle-même, le film vibre d'une étrange atmoshère, vit sur une lenteur absorbante, et plonge le spectateur dans toutes sortes de réflexions.
Jim Carrey est comme Cocaine dans Menace 2 Society "Young, black and who don't give a fuck", sauf qu'il est blanc. Mais il don't give a fuck grave, à un point horripilant pour son manager, sa femme et ses amis, les producteurs et les spectateurs de ses shows.

Il est seul.

"Man on the Moon", "My Moon, My Man", "The Moon Man", coincidences est un mot que j'ai oublié depuis bien longtemps.

Il n'a y a pas de coincidences, trop de choses se télescopent et la promiscuité de ma ville n'y est pour rien.

Je me rappelle que mon frère avait fait une "retraite" quelques mois avant son mariage. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour sa meuf punaise. Le prêtre qui avait assuré cette retraite, avec qui j'avais eu l'occasion de discuter suite à son décés, m'avait dit qu'il y avait trouvé "quelque chose". Qu'il ne croyait pas en Dieu, en une personne, mais qu'il sentait quelque chose. C'était déjà étonnant que mon frère accepte de partir trois jours en isolement spirituel, alors qu'il revienne "croyant".

J'ai toujours eu du mal avec la religion, Dieu et tout ce qui était de l'ordre du spirituel.
Puis mon frère est mort, ça n'a pas changé grand chose à tout ça, et j'ai continué à vivre de manière immédiate et sans trop penser à St Pierre et ses copains.

Puis j'ai connu une fille qui elle était très "croyante". A sa manière. Pas de Dieu ni de Livres, mais une relation forte avec son papy, qui était la seule personne qui l'avait quitté. Elle lui "parlait" et il "l'aidait". Comme je l'aimais sans limites, et qu'elle avait vraiment l'air sincère, je l'ai crue.

Puis un soir j'ai regardé sa grand-mère "tirer les cartes". J'ai été subitement subjugué par l'accointance entre la réalité et les prévisions, ce que disait ces "cartes". Il a fallu bien sûr que je sois moi-même "carté" pour y "croire" définitivement.

J'ai ensuite été converti aux églises, et j'ai compris au bout de quelques visites que je devais accomplir ce chemin tout seul, sans mimer ce que je voyais, sans me laisser polluer par mes préjugés sur ces lieux de culte, sur leurs icônes, leurs symboles.
L'église n'est pour moi qu'un lieu, un batîment, mais la libération mentale que j'éprouvais en son sein était forte.

J'ai eu un peu plus de mal avec une autre "expérience spirituelle". Elle me proposa d'envoyer une photo à "une dame". Qui lisait, voyait, prédisait, bref, qui avait un "pouvoir". Là j'étais vraiment sceptique, car je restais sur les prévisions de cet homme qui lui avait fait son profil astrologique, et qui l'avait décue un peu. Mais elle me dit qu'elle l'avait fait à plusieurs reprises, et que les "visions" de cette femme était stupéfiantes.
Je reçu ma lettre quelque semaines plus tard, et effectivement certaines parties était extrêmement troublantes, d'autres venant "malheureusement" casser la magie par leur fausseté.


De "It was written" de Nas, à une magicienne qui lit dans une photo(de pied s'il-vous plaît), le chemin est donc long dans la construction de ma réflexion et de ma croyance.

samedi 1 novembre 2008

The Chronic - 1992

1992...
Les Bulls gagnaient leur second titre face aux Portland Trailblazers de Clyde Drexler, Terry Porter et les autres(Rick Adelman en coach?). Avec ce fameux match où Jordan plante six trois points devant les yeux ébahis de Magic Johnson, commentateur un an après avoir perdu en finale contre le même Jordan, et néo-sidéen.

Damn, qu'est-ce que c'était excitant cette époque, je tremblais à chaque match, à chaque action, chaque shoot.

Je n'ai pas écouté The Chronic l'année de sa sortie, j'étais en sixième, j'avais pas la chance de connaître quelqu'un qui écoutait du rap, et je ne regardais pas encore MTV.

J'ai dû l'écouter en 1995 peut-être...Ca fait donc 13 ans que je l'écoute, régulièrement. C'est Los Angeles, la West Coast, c'est pas New York, mais les prods sont tellement parfaites, les samples qui se superposent mieux que des couches de Dupli-Color Platinum, des synthés qui braillent, des vocoders en pagaille, Snoop et son flow nonchalant, sa voix si particulière, et que des rimes de G sur plus de quinze morceaux.

Que du "bitchez", "mack10", "nigga", du "nuts", du "motherfucker", en veux-tu en-voilà.

Avec ma copine G du pays d'la moutarde on avait une discussion sur le thème: "La vie à 2".

La vie à deux. Deux, un homme, une femme. Le reste j'm'en fous j'parle pour ma paroisse.

Deux façons de penser, de parler, qui sont proches ou éloignées.
Deux façons de rêver, deux façons d'appréhender le futur.

On est jamais mieux qu'à deux. Ca on est d'accord.
Mais on est jamais deux en vrai.
Les amis, le travail, les passions, les défauts, les exs, les parents, les tentations, les démons, un couple c'est plein de monde en fait. C'est une dizaine de personnes minimum. Voir une centaine.

Et autant d'attentes de leur part. Autant d'intrusions, autant de curiosité, de conseils, de vices, de jalousie, de déstabilisation.

Je n'ai jamais été aussi heureux que "sous une couette devant un film" avec ma chérie, comme dirait ma G Mustard friend, c'est pour ça que le lit, ce havre de paix et de bonheur, est l'endroit où la majorité des gens font l'amour. C'est un peu la Suisse, c'est neutre un lit, c'est propre, c'est doux.

Quoique arrivé un moment, du monde s'est bousculé au portillon de ce lit. Le mien commence à avoir vu du monde, un peu trop à mon goût par moment.

Quand allongés, les visages se fondent, se remplacent, et forment une éspèce de portrait-robot de l'amour idéal, une sensation désagréable m'envahit.

"My mind's playin' tricks on me".

Mon cerveau abreuve mes yeux en images, en photos, en instantanés, et le moment de plénitude qui devrait prendre place devient un énormé bordel, un rassemblement façon hall de téc', un All-Star Game de mes exs.

Mais au final comme jdisais ensuite "tout ça c'est d'l'Amour c'est pas grave merde".

"Nan mais vrai ah ouais nan?"

J'aime les gens, j'aime "Ain't nuthin' but a G thang" parce que c'est une "chanson du bonheur", mélancolique, sirupeuse, belle, chaude, et qu'elle me rappelle que je l'écoutais avant de connaître 95% des gens que je connais aujourd'hui.

Et ça ça me fait relativiser.

La vie est belle.

Même si je pleure trois fois par jour, que trop de gens me manquent, que j'ai peur de demain.

Demain...comme disait Snoop "So just chill...til' the next episode".