mardi 18 novembre 2008

Between Laugh and Tears

Extrait d'une itw de Benoît Poelvoorde, hospitalisé pour dépréssion après avoir embouti trois voitures à l'arrêt.


Astérix flippex.
C'est au moment d'Astérix que la dépression est montée. Je ne pouvais même plus entendre les mots «moteur», «action». J'étais pris de panique, de crises de tétanie. Souvent la nuit. C'est à cause de ces insomnies que je me suis retrouvé noctambule, et donc à boire - comme ça on dort jusqu'à midi, et les angoisses attendent jusque-là. Vient le moment où ni l'alcool ni les anxiolytiques n'y font rien.
Maniaco-dépression.
Tellement de journaux m'ont poursuivi à l'hôpital, que maintenant j'en parle. Il faut toucher le fond pour trouver l'estime de soi, via la connaissance de ses échecs - comme dans Cowboy. Je déteste le cliché du clown triste, mais je préfère raconter moi-même. Cette sensation de se regarder et que votre tête est déconnectée. Comme si l'on était au-dessus de soi, se regardant manger, marcher, bouger. C'est dans Entre ses mains que je me suis vu pour la première fois jouer de dos.
A l'hôpital.
Un ami producteur m'a fait hospitaliser quand j'en ai été à boire matin, midi et soir. Les angoisses devenaient trop fortes. A l'hôpital, on fait peinture, macramé, atelier de dessin, on flotte toute la journée à cause des médicaments, on voit des psys qui ne servent pas à grand-chose. La dépression, c'est la perte de l'estime de soi.
L'angoisse s'accroît avec les pitreries ?
Si je joue, l'angoisse s'arrête net. Faire rire donne un sentiment de toute-puissance. On s'accapare un personnage, on lui donne tous les excès. Je n'aurais aucun problème à traverser l'hôtel Meurice une plume dans le cul. Alors que dans la réalité, à poil comme ça, j'aurais peur d'avoir l'air d'un con fini. Je n'ai jamais eu le syndrome du «vouloir arrêter la comédie». Jamais de la vie. J'adore faire le pitre.
Enfance.
Je suis anxieux depuis l'enfance. Je ne dormais jamais dans mon lit, mais pelotonné sur une paillasse, devant la porte de ma mère. Très tôt, on a été brinquebalés, à l'abandon. Les symptômes, physiques, sont progressivement devenus graves. J'ai toujours eu une nature très angoissée. Je n'ai aucune confiance. Je suis par exemple incapable d'assumer la paternité, de peur de transmettre à un enfant mes effrois.

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