jeudi 4 septembre 2008

Réedition d'un texte d'il y a quelques années...

Marre.
Marre d’être intègre, intégriste, jusqu’au-boutiste. « d’un purisme excessif » oui. « qui refuse toute évolution » non. Si les définitions et la vindicte populaire dessine les passionnés sous des traits passéiste et fermé à la moindre critique, la réalité est toute autre.
« Enzo »...
Autant que ma mémoire me le permet, je ne me rappelle pas m’être posé de questions à chaque fois que je voyais ces quatre lettres un peu partout. Disséminé sur les trajets que j’effectuais assis sur la banquette arrière de la Volvo 245 Turbo familiale, ce tag, « Enzo », fut parmi les premiers d’une époque où les voitures, et toutes les choses de la vie commune, étaient d’une taille inférieure à celle d’aujourd’hui ; pas de pot géant de Pastador, pas de Savane par pack de 3, seul le Banga était à mon souvenir en avance. Mes copains, et les autres, plus téméraires, appelaient notre voiture « le bus » à la sortie de l’école. Aujourd’hui elle passerait pour une brouette à côté des tanks de BMW ou Mercedes.
Bref, ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard que j’apprendrais qui, et surtout pourquoi et comment, faisait ça : écrire sur les murs. En attendant tout avait donc une proportion moindre, et la mort de mon père n’échappait pas à la règle. Je passais les dix années qui l’ont suivi dans l’ignorance des causes et effets, une contrée que j’appelle maintenant adulte d’un terme d’enfant : la lune. Ce qui donne une adolescence complètement déconnectée, un garçon à mille lieues des choses du quotidien. Vivotant, laissant passer les heures. Acquiesçant ou réfutant sans vraiment en avoir quelque chose à faire, préférant jouer au basket sous la pluie torse nu en décembre qu’apprendre ses leçons.
J’ai mille épisode qui ont besoin de vivre sur papier une deuxième vie, peut-être serait-ce une première. Peut-être aussi en ai-je besoin pour me dire que j’ai bien vécu les 25 années passées, que j’étais là, malgré tout. Je n’ai cependant pas perdu ce tic d’échapper à moi-même, d’être avec les autres sans les autres, d’être présent et absent à la fois.
Encore aujourd’hui mon corps est quelque part et mon esprit ailleurs, loin, bien loin, trop loin. Je vis dans, et par les souvenirs. Tout ce que je fais, crée, est automatiquement recyclé en souvenir. Cela en devient d’ailleurs un vice, un réflexe pervers : vivre l’instant en pensant à la trace qu’il va me laisser psychologiquement. Un exemple parmi les plus « expliquants » est l’une de mes activités « parallèles » : parcourir les quincailleries, drogueries, magasins de bricolage, de peinture, garages…à la recherche de bombes de peinture.
Depuis huit ou neuf années que je m’en sers pour écrire sur les murs, j’ai établi une relation particulière avec cet objet. J’aime l’unité de l’ensemble, à l’image des cassettes audios. Son toucher, ses odeurs, les designs de ce que l’on appelle les « labels », en anglais, « Leille-beulze » en phonétique.
Malheureusement, j’ai laissé tombé une jambe dans le piège de la collectionnite. Que je n’ai pas vu venir, revenir même, puisque j’en avais déjà raclé le fond avec les cartes de basket entre 1992 et 1995 et les disques vinyles entre 2000 et 2005. Je ne suis ressorti du dernier qu’il y a quelques semaines, sevré par des mois de finances au plus bas et une consommation de pâtes proche de l’od. Le piège dans le piège est que je vole ces bombes, délestant ma conscience par l’idée que je participe au système, et que les assurances me rendent ainsi un peu des sommes énormes que ma mère, puis aujourd’hui moi, leur donnons chaque mois, alors que le destin nous épargne de ses incendies et évènements assimilés, tempête, grêle, neige, attentats, dégâts des eaux, bris de glace, catastrophes naturelles, dommages électriques, responsabilité civile, signer lu et approuvé joindre un rib.

Le tag et ses différents niveaux d’action eux perdurent. Spectateur, activiste, meneur, suiveur, meneur, innovateur, spectateur...Je change de rôle au gré des semaines, des mois et des années. Les cycles se suivent et ne se ressemblent que peu. Je t’aime, je te hais, je t’aime, à l’instar d’une relation amoureuse, écrire sur les murs m’excite puis m’indiffère. Des relations amoureuses, des amitiés, ma passion en a détruit plus d’une. « Isolantes », les passions poussent sans cesse leurs victimes dans leurs retranchements. Pourtant dans la balance elles pèsent bien plus que la perte d’amis ou d’amours. Vous pouvez tous et toutes partir un par un, une par une, rien ne compte plus qu’écrire.
Ecrire. Pour être lu. Pour être vu. Derrière cette vérité se cache aussi l’aspect principal de l’écriture, la catharsis. J’écris comme je jouis, je crache, j’expire, je tousse, je vomit, je saigne, je crie, je frappe. Si l’écriture sur papier me permet de réaliser quelques-uns de ces bienfaits pour mon corps, l’écriture sur les murs réalise le grand chelem. Le perfect, le carton, le 3/0, le k.o. Ecrire sur les murs c’est de l’écriture mais c’est aussi de la danse, de la musique, du cinéma. C’est l’art à son apogée, vivant comme aucun autre, cumulant les influences et les émotions quotidiennes, gratuit et sauvage. Primaire et illégal. Les ronces, les orties, la communion et la vie avec la nature. Les trains qui passent à 300 km/h, les gaz d’échappement, les produits toxiques, la mort lente et moderne. Ecrire sur un mur c’est une maladie, une pathologie, une addiction, une bénédiction, une thérapie. C’est la démocratie, la liberté, l’histoire, les histoires, un vase clos, un cercle vicieux et vertueux. C’est le jour et la nuit. C’est noir et blanc, en couleurs, c’est propre, c’est sale. C’est flexible, sans limites, sans contraintes. C’est un livre ouvert, qui ne finit jamais, toujours une lettre après la dernière. C’est la surenchère. C’est de la poésie, du punk, du rap, du vrai pop-art, pas du pop-art d’homosexuels en boîte, c’est l’outdoor-shitting, le vol, la publicité à but non lucratif, les bagarres. C’est un métier. C’est une fille dont on ne veut plus entendre parler un soir et avec qui on rentre un matin. C’est à la portée de tout le monde, c’est la folie garantie, la déviance, l’exclusion à vie, l’obsession. C’est pas de ratures, pas de brouillons, pas de deuxième chance, pas de gomme. C’est tout. C’est rien.
Rien c’est ce qui ressortait à force d’écrire des articles aux intitulés étranges et aux sujets pires, parmi lesquels : Façades et gâteaux : une histoire de typos , I need : le triptyque LL Cool J-ien ou l’addiction en chanson, ou encore The revolution won’t be, qui prenaient forme puis mouraient lentement, victimes de mon oubli et de mon désintérêt. Je me disais régulièrement que tant qu’à écrire des textes bizarres, autant en tartiner une bonne couche sur ma vie. Je commençais, cherchais un titre accrocheur ; vestige méthodique de ma formation publicitaire avortée, puis pondais un paragraphe avec facilité, que j’envoyais se perdre dans Mes documents/Rédactions. Je le lisais, le fermais, me disais que j’allais le reprendre et le finir, pour l’envoyer à un rédacteur en chef. Mais au final ce fameux rien.
Ces textes finissaient comme bon nombre d’entreprises de ma vie, inachevés mais aimés. La solitude et l’ennui qui composaient les plages séparant mes « séances de thérapie en milieu hostile », me faisaient écrire ce livre depuis bien longtemps. Silencieusement et dans ma tête. Rarement couchée sur papier, cette vie, les réflexions que j’en tirais, mon spleen et mes pleurs, ne trouvaient alors que moi comme lecteur ou auditeur.
Les rares fois où j’avais raconté ma vie, passant plus de temps à écouter celle des autres, je ne trouvais comme écho que des « hum » et des « ah », creux et inutiles. Les psychologues, psychiatres, kinésiologues et autres soi-disant travailleurs du cerveau n’avaient pas réussi à percer à jour mon for intérieur.
Puis d’émissions littéraires en lectures, je commençais à me dire que ma vie devait obligatoirement pouvoir être une source d’enseignements, et constituer également un divertissement, du moins pour certaines personnes. Ces personnes que l’on ne rencontre que rarement lorsque l’on traîne là où je traîne. Qui parlent d’autres choses que de meufs, de boîtes, de beuh et du seul gros titre qu’ils ont entre-aperçu au cours du mois dernier.
Car les discussions intéressantes que j’ai eu au cours de ma vie, ces moments d’échange et de construction intellectuelle, sont tellement rares qu’à vrai dire je ne m’en souviens même pas. Ma mémoire y est pour beaucoup, elle qui sélectionne sévèrement, et assez aléatoirement aussi il est vrai, les épisodes à archiver.

Ma génération est une génération de nageurs, de barboteurs même, qui n’ose pas plonger, qui refuse l’apnée. Elle coule ses jours à rester en surface. A coup de petites brasses dignes d’un cours d’aquagym de béguinage.
N’en déplaise aux utopistes, alter-mondialistes, et autres rebelles de toutes étiquettes, la révolution ne sera ni populaire, ni de velours, ni télévisée. Elle ne sera pas. Point. Ce n’est pas faute de la vouloir, mais plutôt de la faire, tout simplement. Pourquoi en parler, en rêver ? Une révolution naît du malheur et de la haine. Or il faut croire que la racaille se satisfait de son Rmi tant qu’elle peut s’acheter ses Tn’s, et les bobos de l’aide de leurs parents cadres pour manger bio. Personne n’est vraiment au bout du rouleau, personne ne veut vraiment unir les uns contre les autres, quels qu’ils soient.
Alors quels est ce vaccin anti-révolution qui a été injecté en toute discrétion à la France d’en bas et du milieu ? Les crédits à la consommation ? Les bouquets satellites ? La mort des quotidiens et de la lecture intellectuelle ? Le vaccin a pris tellement de formes que l’on ne le voit plus, son omniprésence cache son existence.
La fragmentation sociale, culturelle, idéologique, met en avant ce qui pourrait être une forme de dépression à l’échelle nationale. Tantôt exaltée, tantôt au fond du trou, la France navigue dans le spleen. Personne ne sait vraiment ce qu’il ou elle fait, les passions, les vocations n’existent plus. « C’est un métier comme un autre ». On cherche à tout justifier pour camoufler le rien ambiant.
Les leaders syndicaux croient s’opposer avec un non systématique, les têtes de gondoles politiques cherchent une crédibilité dans le refus du costard et la mise en avant de la figure maternelle, voyageant hors de la France en quête d’idées. Elles y découvre la vraie misère. La drogue, les milices, les famines. Ce qui lui fait peut-être dire que la situation n’est pas encore si critique. C’est à se demander qui singe qui dans ce grand cirque de guignols.
Comment plaindre les agriculteurs français ? Comment plaindre les ouvriers français ? Tant de questions qui leur restent sans réponses. Pourquoi la France est-elle l’un des premiers eldorados des émigrés mondiaux ? Une question qui leste cent réponses.
Le jour où les gens comprendront que nous sommes encore des animaux, n’en déplaise à leurs ego, la loi de la jungle s’affichera au grand jour aux yeux des endormis. Et le réveil sera difficile, encore plus que ce matin.
Je mange pour ma part beaucoup de Prince, boit quantité d’eau et ne parle que peu. Je vis pourtant pleinement chaque jour, même si de prime abord cela ne paraît pas crédible. Et je n’imagine que rarement Beigbeder ou Poivre d’Arvor m’introduisant au « grand monde », même si celui-ci doit être bien pire que le petit dans lequel j’évolue. « Nous recevons ce soir Aurélien Harmignies, pour un livre d’une originalité rare, Ma vie, ma verge, aux éditions… », et là je lâcherai un bon gros freestyle en guise de réponse :
quand tu lâches tes trente euros pour dix bombes, moi j'lâche trente euros pour deux cent/la différence? vingt litres d'essence et un surplus de sens/ sent/cette odeur, c'est l'plomb et l'fréon/ des solvants qu'même le vent/ne bougent pas, des bombes j'en ai trop si tu veux j'ten vends/vu qu't'as pas les tripes pour les mettre dans ton slip/ vas y appelle la Mairie, All City, et taille leur une pipe/sac de sport plein, sacoche plus dans les manches/cache en encore i'a grosse descente de rails ce dimanche/esquive le vigile en civil, les vendeurs, vide le rayon/chrome contour noir haute température ou rouge vermillon/corne les Pages Jaunes, visite les bleds, joue la scred/quand j'rentre de mon raid en général j'suis dead/car j'ai toujours mon vélo en back-up quand j'ai pas d'caisse/j'suis comme un bas d'caisse, les ravages du temps j'les encaisse/j'suis d'province et j'envoie pas mes photos, j'ai pas d'potos/dans les mags, nan, moi j'suis fier, droit comme un poteau/alors bouge toi l'cul, viens par chez moi tu verras/on squatte la rue pire que pigeons, chats et rats///
« Ma me-c c’est la me-ch ». Le genre de phrase sortie, hasard des termes, en équilibre le long d’un rail. Comprenez ces jours-ci plus que jamais, et globalement depuis cinq ans, ma came c’est la me-chro, le chrome. Cette couleur étrange, qui passerait pour blanche, est un miroir de l’âme, comme la surface d’un lac, et égaie mes jours. Dégoûté de la couleur, des couleurs, fades, toujours trop gentilles, j’ai abandonné ces dernières il y a longtemps. C’est une guerre de clochers sans merci, à l’image du noir et blanc contre couleur en photo. J’envois balader chaque instant au rang de souvenir instantanément, comme si je les vivais uniquement dans ce but. Seules les teintes franches, percutantes, rouge sang, bleu marine, vert irlandais, trouvent grâce à mes yeux, correspondant à ce que je ressens. Le chrome n’existe quasiment nulle part ailleurs dans la société, ni dans les 4*3 ni dans les habits des badauds(quoique apparemment les ballerines chromes sont un élément indispensable de toute bonne garde-robe féminine de l’hiver 2004-2005), personne ne peint sa façade ou sa cuisine en chrome(étonnant d’ailleurs qu’aucune des stars du mouv’ n’ait encore lancé la hype sur son blog)(enfin sur son My space pardon certains changent de crémerie comme de leur-dea). Il faut croire qu’une ville, une vie remplie de miroirs effraieraient certainement les personnes en porte-à-faux avec leur conscience, leur passé ou leur nature. Le graffiti s’est accaparé le chrome. Un block-letters chrome-contour noir est un classique absolu, renié, décrié, tantôt has-been, tantôt fashion : il n’y a qu’à voir le nombre de fonds chromes qui ont germés en 2005 dans les fresques. La bombe chrome reste la reine des ventes. Montana a largement contribué a l’élever au rang de déesse officielle des sprays de peinture. Auto-K proposait le même produit, avec la même pression, plus de brillance, et avec une ténacité et une durée dans le temps un poil plus affirmées depuis longtemps. Avec sa « Aspect chrome » bleue aux rayures chromes ou sa ligne régulière. Mais les gens ont oublié qu’avant de se vendre les bombes se volaient.
Merci donc à mes « dealers-malgré eux » de me-c qui me permettent de m’injecter ma dose dans les nasaux. J’en suis arrivé à aimer me détruire la santé, à m’arracher les mains avec du Cif et le côté vert des éponges Spontex(ça me rappelle ce jour où la tête plongée dans mon évier(enfin un truc de la vie quotidienne en chrome tiens), lors d’une simili-retraite, que j’ai pu apercevoir que j’avais des poils sur les mains), à aimer avoir les yeux défoncés et cernés de coquards de toxicos, à être parcouru par ce besoin de sentir l’odeur de tous ces solvants qui ont remplacé le fréon et le plomb. J’en ai acquis « un nez » comme on dit, et la capacité à reconnaître une marque rien qu’à ses émanations. Sur les étiquettes, une phrase revient quasi-systématiquement : « l’inhalation répétée peut provoquer somnolences et vertiges ». Moi qui me demandais pourquoi j’étais fatigué dés le réveil…
Et si le chrome donne la couleur, DJ Premier donne le la. Le plus actif des rescapés des 90’s boom-bap, texan adopté par le New York crade et soul. Mon fournisseur régulier de boulettes, dosées au cutter, compactes et intenses. Un son jugé plat et constant par certains, en perfusion dans les oreilles depuis dix ans pour d’autres. Une recette toujours efficace : une basse, une caisse claire, des scratchs au cut comme il reste le dernier à le faire, avec des constructions de refrains où le bonhomme peut se permettre de piocher dans ses centaines de prods pour aligner les punch-lines.
Découvreur ou relais des talents undergrounds, ses mix-tapes enchaînent hits labellisés et pépites du gouffre ; il n’y a que sur ses tapes, et celle de JR Ewing à un moindre niveau, que 50 Cent ou les Diplomats sont audibles. Mais les pépites, les fameux « sons de la cave » qu’il descend nous chercher dans les méandres des 5 Boroughs ont usé plus d’un walkman du temps des Crooklyn Cuts. Ces morceaux peu en connaissent l’origine et encore moins arrivent à mettre la main sur un exemplaire vinyl.
Face aux compiles hebdomadaires, au mega-medleys rai’n’b, et à leur cinquantaine de titres charcutés en une heure en qualité d’abats qu’ils sont, Primo fait lui durer chaque titre. Passe-passe énorme sur chaque intro, et remise à zéro après le premier couplet. Laissant le temps d’apprécier les boucles, comme s’il était en train de la construire avec deux 45 tours. Quand Premier mixe, on peut le sentir à côté de soi, on repense au clip Nas is like, et on se retrouve dans un appart à l’écouter pousser les murs avec ses MK2. Ces bêtes de métal, carrées, encombrantes, chrome(bis repetita), immortelles, dixit DJ Clark Kent sur l’une des dernières livraisons en date du Primo : « turntables and a mixer, none of that cd shit ».
Encore une guerre de clochers, entre vinyle et mp3, l’éternel débat sur le progrès, plume contre machine à écrire, charnel contre mécanique.
Cette proximité qu’il y a entre DJ Premier et moi, et les mecs comme moi(j’aimerais en rencontrer d’autres soit-dit en passant(ça sonne un peu annonce gay ça merde c’est l’effet Brokeback Mountain)), je la lui ai fait comprendre(même remarque que parenthèse précédente)lors de son passage en décembre à Lille. Accompagnant Big Shug sur sa tournée, il avait donné un show de qualité derrière les platines. Mais le vrai moment, le truc qui fait que Premier est Premier, était une sélection de break-beats. Les vrais, de batteries, pas le roulement electro immonde et sans âme qui s’est accaparé un nom qui est l’essence même du hip-hop. Une sélection « back in the days »(days que j’ai pas connu mais j’en ai tellement rêvé c’est pareil)à faire frémir plus d’un b-boy. Pas les b-boys au sens danseurs, qui vendent leurs fesses aux mairies et aux élites artistiques, tous ces asiatiques qui croient avoir la danse dans le sang parce que les Coréens ont remporté deux BOTY et qui font de la grs sur de la house(appelez vite Sos racisme). Non les vrais b-boys, les break-boys, qui vivent avec des solos de batterie dans la tête, qui beat-boxent tout seul dans la rue.
Ce frémissement, cette électricité avait pris place dans un cercle, mon cercle, au milieu duquel j’ai jeté mon cœur et mes tripes, et arraché ceux et celles de mes potes. Une poignée d’irréductibles, venus pour quelque chose entre amour et passion, haine et dégoût, esseulés parmi mille amorphes. Une demi-heure d’apnée, à suer et à phaser, à montrer qu’en 2005 le hip-hop n’était pas mort. Et qu’il ne mourra pas de sitôt.
Si cela devait arriver, je serais le dernier à mettre mon nom sur les murs, le dernier à perdre ma casquette dans la fosse, le dernier à passer Illegal en soirée. Fier, le genre première ligne, mort à la guerre. « Pay your dues », « You must learn », « Code of the streets », « Ain’t no half stepin’ »… J’ai consommé, j’ai assimilé. Maintenant je transforme, je coupe, j’ajoute. Parce que je suis un dealer aussi et que je me dois de vendre de la bonne came à mes iens-iens. Ouvert à toutes les expés je dig, je boucle des intros mainstream, de Queen, des Stones, de Depeche Mode dans mes sets, et les accrocs accrochent.
J’aime ma vie de drogué, qui m’a écarté de la société, de l’école, et de mes femmes. Je ne l’échangerais contre rien, ni 2000 euros par mois à vie, ni le retour de tous mes morts, et surtout pas contre un appart Ikea avec une pute à frange dans mon lit. Je ne changerai pas, n’en déplaise à celles et ceux qui ont tenté, tentent et tenteront l’aventure.

« I live for the funk, i’ll die for the funk ».

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merde, la Volvo, je m'en souviens tellement bien. Je me souviens surtout de son odeur (celle du cuir, pas celle du Diesel...)

Keep it up.