jeudi 25 décembre 2008

Les Petit Ecoliers de Noël

Grosse panique hier soir: plus de gâteaux.
Rien de chocolaté. Rien de sucré.
Pas un rond. Pas un magasin ouvert où péta.

Dans ces cas-là un dernier recours: la pochette à piécettes.
Le seul objet qui reste du passage de J.D. dans mon appartement, avec les plaques chauffantes.

Une petite pochette Lady Soul noire, dans laquelle je mets depuis je ne sais plus quand mes centimes. Je déteste les centimes, les pièces en cuivre.

Alors de temps en temps je prends les pièces de 5 et je vais acheter une baguette ou un paquet de gâteaux au Casino rue Esquermoise, parce qu'ils avaient mis un bout de feuille "amenez vos centimes nous les prenons!" ou un truc dans le genre.

Je ne prends jamais les 2 et les 1 j'ai trop la honte de les donner, et de faire galérer la vendeuse à compter pendant 3 minutes.

Et puis un jour je me suis rendu compte que Plan B à Massena prenait les centimes.
Bingo, touchette, pactole.
Je le remplis comme une machine à sous. Il en recrache certaines, je ne sais pas pourquoi.

Le problème c'est que j'avais déjà syphonné ma pochette il y a quelques jours, un soir de disette, encore. C'est dur en ce moment. Mes poches sont vides comme les rues hier soir.

Hier soir, 24 décembre, Noël.
Pas un chat dans les rues, juste quelques équipes de lascars en voiture qui tournaient.
Très peu de voitures en stationnement, pas d'effusions de joie aux fenêtres, même pas de flics, un comble non?

Dans un élan d'optimisme, je suis allé au distributeur de billets de ma banque. Des fois qu'un virement aurait été effectué par je ne sais quel miracle.

Et là, amnésie. Par deux fois je tape un code faux. Impossible de me rappeller mon code, tellement je n'utilise plus ma carte.

J'avais évalué le poids de ma pochette. Léger. A peine de quoi acheter une gauffre. Une gauffre, le souci c'est qu'il ne faut pas la manger ni directement, ni sur la route. La garder jusqu'à chez moi c'était un challenge que je ne me sentais pas capable de relever hier soir, j'étais triste à mourir, il me fallait ma dose. "Ma dose et vite"

Résigné je commence à insérer les pièces, et là je vois affiché "1euro quelque chose" au bout de 3 glings.

Sahat Papa Noël!!!

Exhalté par ce crédit tombé du ciel, je me mets à imaginer des jours meilleurs. Un soir meilleur. Une nuit meilleure.

Gling, gling, gling...
Entre temps je check le choix de gâteaux du moment, parce qu'à Plan B ça change souvent, et pas dans le meilleur sens. Là je vois, pour la première fois, des Petit Ecolier.
Le must, quelques Petit Ecolier suffisent avant de dormir. Pas comme des BN. Le paquet de Petit Ecolier est sûrement celui que j'arrive à conserver le plus longtemps.

Content je rentre, dans cette ambiance fantômatique, jamais vue.
De loin je vois un rebeu en vélo, trentenaire. Qui s'arrête en me voyant alors qu'aucune voiture ne roulait sur le Boulevard de la Liberté. Sur le coup j'me dis "tiens il a du se prendre une amende une fois il s'arrête au feu rouge.
Puis en m'approchant je le vois bifurquer vers moi. "Comment tu vas me casser les couilles toi" me dis-je dans ma tête. Là je le vois zigzager et perdre à moitié le contrôle de sa monture. Je lui serre la main, lui demande si ça va, parce que je voyais à sa tête qu'il était mal.
Il me demande la route de la Gare, je lui indique, puis il me demande le Vieux-Lille, je lui indique et me dis qu'il va me souler rapide si il continue. Là il manque de tomber, je le tiens un peu, et lui conseille de s'asseoir. Et là, hop, déballage de life.

"Ca fait deux heures que je roule(moi qui suis cycliste je sais qu'en deux heures tu vas à Dunkerque, et j'pense pas qu'il venait de Dunkerque), j'suis diabétique nin nin nin"
Je lui propose alors des Petit Ecolier, geste rarrissime de ma part.
"Tu veux des gâteaux j'ai des gâteaux?"
"Ah t'as du sucre?"

"Ouais tiens"
"Ah merci parce que j'suis diabétique, et j'ai bu"
Je lui ai donné 2 Petit Ecolier, je ne sais pas si ça m'est déjà arrivé. Mais comme c'était le paquet de Papa Noël, j'ai fait mon geste de Noël.

Je me suis remis en route, et puis comme j'sentais les larmes monter depuis quelques dizaines de minutes, j'ai mis mon MP3 en route. Et là, chutes du Niagara. Sanglotage de fou, bruits de filles qui s'est fait téj' et qui pleure bruyamment pour qu'on l'entende.

De retour chez moi le besoin de gâteaux ne se faisait du coup plus sentir.
Je me suis calmé, "Thanks to you", morceau de Funk que je n'ai pas écouté depuis longtemps tiens.

J'ai fini mon paquet ce matin, midi pardon, en guise de petit déjeuner. Il faudra peut-être que je mange normalement un jour, à nouveau.

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